Beaucoup de magistrats sont atteints par la limite d’âge en Grande-Bretagne. Dans sa recherche de nouveaux recrutements, le président de l’association des magistrats encourage les candidatures de personnes ayant un casier judiciaire. « Pour augmenter la diversité ». Une idée un rien raciste ?
 
Il s’appelle Bach. John Bach. Il connaît la musique et l’art de la fugue, il sait qu’à tout péché miséricorde et en infère que les délinquants pourvus d’un casier judiciaire peuvent faire de bons magistrats. C’est pourquoi il « encourage » toutes les candidatures, et fait passer le message qu’aucune candidature ne sera découragée. Vidocq fut bien ministre de la police : pourquoi l’équivalent britannique du premier président de l’équivalent de la cour de cassation ne serait-il pas demain ancien escroc ou voleur à la tire ? En tant que président de l’association des magistrats de Grande Bretagne, Bach dit avec indulgence : « Nous avons tous fait dans notre vie des choses que nous n’aurions pas dû faire ». Ça rassure.
 

Grande-Bretagne : à la recherche des magistrats perdus

 
Son premier souci est statistique. La question tient en quelques chiffres : quinze mille magistrats s’occupent de l’immense majorité des affaires judiciaires en Grande-Bretagne, soit 40 % de moins qu’il y a six ans. 55 % de ceux qui restent ont plus de soixante ans, et l’âge limite de la profession est de soixante-dix ans. Pour John Bach, c’est clair : on doit trouver 9.000 nouveaux magistrats dans les dix prochaines années.
 
Où ? Bach constate que seuls 12 % des magistrats actuels se disent noirs ou colorés. Or la proportion des non-Blancs dans la population totale de la Grande-Bretagne est nettement supérieure à 12 %. Son idée est donc d’augmenter la proportion des magistrats colorés jusqu’à ce qu’elle représente la réalité, ou, comme on dit en langage politiquement correct, d’encourager la diversité.
 

Encourager la « diversité », malgré ou à cause de son casier judiciaire

 
Pour y parvenir, plutôt que de se lancer dans une campagne de publicité ou de discrimination positive (affirmative action), le représentant des magistrats de Grande-Bretagne veut pousser à la candidature les détenteurs de casier judiciaire. Ils sont issus en majorité de la diversité, les statistiques des crimes et délits en Grande-Bretagne le montrent et Bach n’a pas peur de passer pour raciste. 
 
Pour lui, recruter d’anciens délinquants issus de la diversité présenterait aussi l’avantage de rétablir la confiance dans les magistrats. Il s’agit d’une affaire de « perception », de ressenti. « Si vous voyez trois Blancs juger, et que vous êtes d’une minorité ethnique, votre ressenti peut être qu’ils ne sont pas de votre côté. Ce sera faux, mais on peut comprendre que cela soit votre ressenti ». Cash, le Bach.
 
Les Britanniques aiment présenter une réalité grave en mots d’apparence anodine : pour faire face à l’invasion venue du tiers monde de la Grande Bretagne, et à l’effondrement démographique des anciens cadres judiciaires, le représentant des magistrats préconise une justice communautaire rendue par d’anciens (?) délinquants.
 

Pauline Mille