A son retour de Cannes, le réalisateur Martin Scorsese, qui affirme préparer un film sur le Christ, a fait un crochet par Rome pour participer avec d’autres artistes à une conférence organisée par la revue jésuite La Civiltà Cattolica et l’université Georgetown de Washington sur « l’esthétique globale de l’imagination catholique ». Le pape François les a reçus en audience publique pour leur demander de « ne pas domestiquer » Jésus-Christ. Qu’a-t-il voulu dire par là ? Comme souvent, l’interprétation du discours de François est malaisée. Après avoir cité Dante et Dostoïevski parmi les poètes qui l’ont aidé à comprendre le monde et lui-même, « (sa) vie, (sa) foi personnelle et (son) travail pastoral, même dans (son) ministère présent », il a encouragé les artistes à ne pas expliquer le mystère du Christ, mais à nous « rendre capables de le toucher, de sentir sa proximité (…) parce que ses promesses parlent à notre imagination ». Et de conclure : « Continuez à rêver, à être inquiets, à évoquer des mondes et des visions qui peuvent nous aider à interpréter le mystère de la vie humaine et guider notre société vers la beauté et la fraternité universelle ». Un discours assez mondain : attention à ce que l’image du Christ qui en sortira ne soit pas entièrement « domestiquée » par des préoccupations purement humaines.