Depuis le 1er septembre dernier, le parti communiste chinois a renforcé les restrictions en matière de la liberté religieuse, en adoptant des mesures administratives qui s’imposent désormais aux lieux d’activités religieuses. Il sera obligatoire d’y « soutenir le leadership du Parti, approuver le système socialiste et mettre en œuvre de manière approfondie la nouvelle ère du socialisme à caractéristiques chinoises de Xi Jinping ». Le plan quinquennal visant à contrôler la religion en Chine, « Cultiver et pratiquer les valeurs socialistes fondamentales, instaurer la sinisation du christianisme », entre ainsi dans une nouvelle phase.
L’Administration nationale des affaires religieuses de Chine a le culot d’ajouter que cette mesure vise à « protéger les droits et les intérêts légitimes des sites d’activités religieuses et des croyants ». Le Global Times, quotidien contrôlé par le Parti communiste, a même affirmé que ce sont les croyants qui avaient demandé l’adoption de la nouvelle loi, au motif qu’elle « protégerait » leurs droits.
En Chine, la liberté de religion est un simulacre
Les nouvelles règles interdiront l’utilisation de sites religieux pour « nuire à la sécurité nationale », expression qui peut s’appliquer à toute activité désapprouvée par le PCC. La mesure frappe particulièrement les libertés dans les provinces à forte identité culturelle : le Xinjiang, le Tibet et la Mongolie intérieure, où la nouvelle loi exige que les lieux de culte n’utilisent que la langue et l’écriture chinoises han (mandarin). Elle impose également « une distinction correcte entre les coutumes ethniques et les croyances religieuses ».
Elle fait suite à une récente répression de l’utilisation de la langue mongole dans les écoles de Mongolie intérieure. En outre, la nouvelle loi rendrait illégaux les sutras bouddhistes mongols. Il en va de même pour le Tibet, où une forme similaire de bouddhisme est pratiquée. En privant par la contrainte ces ethnies de leur langue et de leur religion, le pouvoir chinois peut se voir reprocher un « génocide culturel ».
A ce jour, les enfants tibétains sont déja assimilés de force, résidant à l’écart de leurs parents dans des établissements-dortoirs gérés par le gouvernement. Dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, les musulmans sont également soumis à une assimilation forcée, Pékin cherchant à s’assurer que « la population ait des opinions correctes sur l’ethnicité, l’histoire et la religion », en vue de « favoriser la conscience d’une nation chinoise unie ».
Le Coran et la Bible réduits à des instruments de propagande communiste
Le Coran et la Bible ont déjà été réécrits pour mieux les aligner sur le programme du PCC, en promouvant les « valeurs fondamentales du socialisme » et en adhérant à l’orientation de la « sinisation de la religion ».
La dernière loi est une prolongation du « Plan quinquennal pour faire progresser la sinisation du christianisme (2018-2022) », qui concerne le protestantisme, du « Plan quinquennal pour la progression de l’adhésion à la direction de la sinisation du catholicisme dans notre nation (2018-2022) », et du « Plan de travail quinquennal pour faire progresser l’adhésion à la direction de la sinisation de l’islam dans notre nation (2018-2022) ».
En réalité, d’un plan à l’autre, seul le nom de la religion a été modifié. Pour les catholiques, cela donne : « L’Eglise catholique en Chine devrait étudier en profondeur et mettre en œuvre l’esprit de la série de discours importants du secrétaire général Xi Jinping et de la Conférence nationale sur le travail religieux, en conduisant continuellement l’ensemble du clergé et des congrégations de la nation à adhérer à la direction de la sinisation du catholicisme. »
La Chine contrôle toujours plus la religion
Les nouvelles règles disposent que les lieux religieux « ne doivent pas utiliser la religion pour interférer avec la vie administrative, judiciaire, éducative et sociale ». Ce type d’expression a été utilisé par le passé pour obliger les musulmans à consommer du porc et de l’alcool ou pour contraindre les adeptes à travailler le jour de repos de leur religion.
Aujourd’hui, non seulement les textes religieux ont été modifiés, mais la nouvelle loi dispose qu’un lieu de culte ne peut continuer à fonctionner que s’il « applique en profondeur la pensée de Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises dans la nouvelle ère ». En clair : promouvoir la propagande du PCC.