Lundi et mardi, de nombreux leaders et responsables religieux se sont réunis à Abou Dhabi à l’initiative du Conseil des Anciens de l’islam (Muslim Council of Elders, MCE), une organisation internationale indépendante fondée en 2014 afin de promouvoir la paix dans les communautés musulmanes. Si l’objectif du MCE est de rassembler la « nation islamique » afin « d’éteindre le feu qui menace les valeurs humanitaires et les principes de tolérance de l’islam pour mettre fin au sectarisme et à la violence qui ont infesté le monde musulman depuis des décennies », la réunion de ce début novembre, qui s’est tenue avec le concours du PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement) et de la COP28 et du Saint-Siège, visait à la signature d’une Déclaration commune sur le changement climatique.
En l’occurrence, les musulmans étaient loin d’être les seuls convoqués puisqu’il s’agissait d’une réunion interconfessionnelle où s’est notamment rendu le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat du Saint-Siège représentant le pape François (qui a promis de se rendre à Dubaï début décembre pour la COP28). Sous le signe d’un message vidéo adressé par Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU et ancien dirigeant de l’international socialiste, musulmans, chrétiens, bouddhistes et autres juifs ont pris l’engagement d’impliquer leurs communautés de foi dans l’action pour ramener et le CO2 dans l’atmosphère au niveau préindustriel.
La Déclaration interconfessionnelle a été signée par le patriarche de Moscou
Le patriarche Kirill de Moscou était représenté à l’événement par le P. Grigoriy Matrousov, preuve que la Russie fait partie intégrante des grandes manœuvres globalistes et de la folie climatique au nom de laquelle on justifie ce rapprochement des religions. Bartholomée Ier, jamais en reste, a signé en tant que Patriarche de Constantinople. A leurs côtés, de nombreux musulmans, des bouddhistes, des sikhs, des hindous, des représentants des religions autochtones, des anglicans, des rabbins, des évangéliques…
La signature de la Déclaration fait suite à des « mois de travail » destinés à entraîner les 84 % de croyants que compte le monde à faire « progresser la justice climatique » : « la déclaration confessionnelle sur l’action climatique mobilisera l’influence collective des représentants religieux, des communautés et des institutions pour inspirer l’humanité » en ce sens, précise le site du MCE.
La « Déclaration interconfessionnelle d’Abou Dhabi sur le changement climatique » a été signée par 28 dirigeants et personnalités représentant 18 religions différentes ; elle exhorté les responsables gouvernementaux et les dirigeants à réagir de toute urgence en passant rapidement à une énergie durable afin de garantir la « justice climatique ». L’appel encourage également les chefs d’entreprise et les décideurs politiques à adopter une transition rapide et équitable vers des sources d’énergie « propres », à renforcer les services visant à lutter contre les effets du changement climatique sur la santé humaine, en particulier dans les communautés vulnérables.
Les leaders religieux présents ont également exprimé leur soutien au « pavillon de la foi » qui sera érigé dans le cadre de la COP28, coorganisé par le Conseil musulman des anciens, la présidence de la COP28, le Programme des Nations unies pour l’environnement et le Saint-Siège : ce sera une première fois dans l’histoire de la Conférence des Parties. Les dirigeants ont également encouragé la poursuite des réunions lors des futures conférences des parties afin d’envoyer un message d’espoir et un appel à l’action, en soutenant le développement d’un discours environnemental fondé sur la foi. Ainsi une pression est-elle exercée sur toutes les religions pour parler d’une seule voix au service de la planète. Ceux qui doutaient de l’existence d’une marche vers une spiritualité globale vont avoir du mal à justifier leur scepticisme…
Changement climatique et « maison commune »
« Les participants au sommet ont également appelé les décideurs politiques et les dirigeants mondiaux qui assisteront à la COP28 à saisir ce moment critique et à agir de toute urgence, afin de former un tissu serré d’action collective et de responsabilité profonde. Ils ont aussi souligné que la nature urgente de ce moment exige des mesures rapides, coopératives et décisives pour sauver le monde et préserver la beauté de notre habitat commun, tout en insufflant de l’espoir aux générations futures, et pour renforcer les efforts conjoints afin d’entreprendre ce voyage vers un avenir caractérisé par la résilience, l’harmonie et la prospérité pour toutes les formes de vie sur la planète Terre », lit-on sur le site du CME.
La Déclaration interconfessionnelle a été remise au Dr Sultan Al Jaber, président désigné de la COP28 et ministre de l’industrie et des technologies avancées des Emirats arabes unis, chargé à son tour de la remettre aux dirigeants mondiaux participant à la COP28, qui sera accueillie par les Emirats arabes unis du 30 novembre au 12 décembre 2023.
Sultan Al Jaber a affirmé à cette occasion le soutien de la présidence de la COP28 à l’appel lancé par les chefs religieux pour unir les efforts, activer la participation à l’action climatique et construire un avenir meilleur pour l’humanité dans le monde entier. Il a également salué les chefs religieux et les croyances représentées qui ont su « unir les différentes confessions autour d’un même message pour l’ensemble de l’humanité, assumant la responsabilité de nourrir les croyances et de soutenir les aspirations de la grande majorité des gens, tout en amplifiant les voix de nombreuses communautés vulnérables », pour reprendre encore le communiqué du CME.
Antonio Guterres a quant à lui déclaré dans un message vidéo enregistré : « Le sommet, qui se tient dans la perspective de la COP28, arrive à un moment critique pour l’humanité et la planète que nous appelons notre foyer. Les personnes les moins responsables de cette crise, les peuples et la planète, doivent agir pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré, pour mettre fin aux combustibles fossiles qui tuent la planète, pour accélérer la révolution des énergies renouvelables, pour soutenir les pays en développement et pour assurer la justice climatique en finançant l’adaptation aux énergies renouvelables et les pertes et dommages. Nous avons besoin de votre voix morale et de votre autorité spirituelle pour éveiller la conscience des dirigeants, réveiller leur ambition et les inciter à faire ce qu’il faut à la COP28 pour sauver notre seule et unique maison. »
Cardinal Pietro Parolin : « La crise climatique a de profondes racines éthiques »
Le cardinal Pietro Parolin, s’exprimant au nom du pape François, était sur la même longueur d’onde : « La crise climatique, qui a de profondes racines éthiques, est un exemple alarmant et clair d’un manquement à la conscience et à la responsabilité, et nous ne pouvons plus l’accepter. Ses effets puissants se font sentir aujourd’hui même – en particulier sur les populations les plus vulnérables – et ces effets seront ressentis davantage encore par les générations futures. Pour faire face efficacement à la crise climatique, il faut que tout le monde s’implique. Les actions individuelles ne sont pas suffisantes en elles-mêmes ; ce qu’il faut, c’est développer une réponse responsable et collective visant réellement à travailler ensemble pour construire notre maison commune. »
Rappelons que la « maison commune » est une expression forgée par Gorbatchev après la chute de l’URSS, et que la notion sert de justificatif à ce qui constitue en réalité une nouvelle religion dont « la planète » est la divinité qu’il faut apaiser par des sacrifices de toutes sortes. En embarquant les religions, et en particulier les représentants de la foi véritable, catholique, dans la « lutte pour le climat » le monde des « réchauffistes » savait ce qu’il faisait !
Le patriarche œcuménique Bartholomée de Constantinople a pour sa part ajouté : « Le monde est toujours en crise, mais la transformation est possible grâce à une coopération incessante. Le partenariat est la nouvelle norme. Comme jamais dans l’histoire, divers groupes s’alignent pour sauvegarder la civilisation et la santé de la planète. En marchant main dans la main, avec l’espoir comme boussole, nous nous embarquons dans un voyage sans précédent mais essentiel où la foi, la conscience et l’action convergent. Pour maintenir la collaboration entre les diverses confessions et les partenaires de la science et de la société, nous devons établir un mécanisme permanent de réflexion, de défense et d’action communes sur les défis liés à la justice, à la durabilité et au développement humain, en traduisant des intentions puissantes en impacts significatifs. Ensemble, nous sommes plus grands que la somme de nos parties. Guidés par une sagesse intemporelle mais ouverts à de nouvelles solutions, nous rétablirons l’équilibre de la nature, afin de construire une société qui s’épanouit en harmonie avec la Terre qui nous nourrit tous. »
Au nombre des sept sessions qui ont émaillé les deux journées du Sommet, celle intitulée « Foi pour la résurgence planétaire » mérite une mention spéciale. On y parle beaucoup de la « confluence de la conscience » et très peu de Dieu – et encore moins du vrai Dieu.