33 ans, un corps sculptural, une discographie longue comme le bras ponctuée d’une avalanche de récompenses du monde de la pop music, une fiche Wikipédia interminable et un compte en banque parmi les mieux fournis de sa profession puisque sa fortune est un estimée à un milliard de dollars ou davantage : la chanteuse Taylor Swift est un emblème du succès dans le monde de la chanson. Cette Américaine qui a démarré dans la musique country est aujourd’hui saluée comme une lyriste hors pair douée de tous les talents artistiques musicaux, et les jeunes en sont fous, surtout les jeunes filles. Mais pour le P. Dan Reehill, exorciste du diocèse de Nashville, l’imagerie à laquelle elle fait appel pendant les concerts de sa tournée « Eras », et plus précisément sa chanson Willow, renvoient vers la sorcellerie, et qu’elle en soit consciente ou non, est de nature à attirer les forces démoniaques.
Le feu, la forêt, les boules de cristal manipulées par des femmes habillées en cape à capuchon noir et robe orange, rappelant Halloween et l’attirail des sorcières forment l’arrière-plan de sa chanson lancinante, où Taylor Swift entraîne derrière elle un public qui l’adore, chantant qu’elle veut suivre n’importe où l’amour de sa vie, quitte à « tricher » pour l’avoir. L’impression générale est celle d’un sabbat. Et toute la salle reprend à l’unisson…
Le spectacle « Eras » de Taylor Swift attire les démons, selon un exorciste
« On se met dans une situation très dangereuse en allant à un concert ou des personnes imitent, voir pratiquent l’art de la sorcellerie », a déclaré l’exorciste dans une vidéo publiée par ChurchPOP, en indiquant que les démons s’intéressent forcément à ceux qui ont de la popularité et de l’influence auprès des jeunes, même si tout participant à un tel concert ne sera pas nécessairement touché.
En cette ère de déification de la matière à travers le culte de « la planète » qu’il faut sauver de l’humanité, la mise en scène de la chanson sur fond de hauts sapins et de saule pleureur rappelle la représentation de la nature liée à la symbolique de la sorcellerie. Pour le P. Dan Reehill, il ne faut pas oublier que la pratique de la sorcellerie inclut cette tentation pour les individus « de tenter de maîtriser l’énergie : ils regardent la terre à travers les éléments de l’eau, du feu, de la Terre et du ciel ; ils pensent pouvoir maîtriser cette énergie de certaines façons afin de faire le bien mais aussi d’autres façons pour faire le mal ».
Willlow décrit le désir profond d’une relation romantique ; Taylor Swift elle-même a raconté que la partie instrumentale de la chanson l’avait fait penser à un « sort jeté afin qu’une personne tombe amoureuse de vous ».
Le P. Reehill ajoute : « Le problème de ce concert, c’est que les démons se moquent en quelque sorte de savoir si Taylor savait qu’elle essayait d’imiter des sorcières pendant le spectacle ou si elle se livrait réellement à une sorte de rituel magique. Même si elle n’avait pas l’intention de faire de la sorcellerie ou de lancer des incantations, elle attire probablement de nombreux démons à ses concerts. »
Taylor Swift, une « influenceuse » hors pair
Tout cela n’aurait pas beaucoup d’importance sans l’incroyable prestige dont jouit la chanteuse auprès d’un public jeune et même très jeune. Si au début, ses chansons d’inspiration traditionnelle étaient innocentes, rassurant les parents des petites filles éblouies par la féminité et le lyrisme des interprétations de Taylor Swift, tout a changé en 2014 avec l’apparition de titres glorifiant par exemple l’utilisation par la femme de l’autre pour son propre plaisir passager, et le ressentiment envers ceux qui vous font mal.
Des accusations se sont multipliées ces dernières années à l’encontre de Taylor Swift, soupçonnée d’avoir pratiqué le Wicca (selon le P. Deehill, 134.000 personnes se présentaient comme sorcières aux Etats-Unis en 2001 contre plus de 2 millions aujourd’hui). La chanteuse n’a jamais confirmé ces soupçons mais elle parle en effet volontiers de « jeter des sorts » et plaisante sur sa supposée qualité de sorcière sur les réseaux sociaux.
Lors de son dernier voyage au Brésil cet été, des images de la chanteuse tirées de son clip vidéo You Belong with Me ont été projetées sur la statue monumentale du Christ Rédempteur qui veille sur la ville de Rio de Janeiro.
Homophobie, climat : Taylor Swift coche toutes les cases
Sans surprise, Taylor Swift fait activement campagne contre l’homophobie et a entamé en 2019 une collaboration avec Greta Thunberg sur les réseaux sociaux pour conscientiser les jeunes au sujet du « changement climatique ».
Autrement dit, même si sa boulimie de vols en jet privé devraient un peu refroidir ses « fidèles » qui traquent les émission de carbone, même si on la crédite d’avoir provoqué un authentique séisme à Seattle, Taylor Swift coche toutes les cases. C’est si vrai que la popstar internationale a suscité l’intérêt académique : la prestigieuse université de Harvard proposera en 2024 un cours dédié à sa musique et à son impact global. D’autres universités, à New York, au Texas, en Arizona, ont déjà fait de la chanteuse un objet d’étude ; à l’heure qu’il est 300 étudiants travaillent déjà sur le phénomène, et l’Université de Stanford et d’autres devrait rejoindre le mouvement à la rentrée de la prochaine année universitaire.
Le professeur qui enseigne ce cours, Stéphanie Burt, 52 ans, affirme avoir été interpellé par la construction parfaite de You Belong With Me, classique mise en scène d’une adolescente mal dans sa peau qui finit par se faire remarquer de son héros joueur de football américain, dont la petite amie est une tête à claques aux traits parfaits, en jupe et talons hauts. Sur le plan musical, lyrique et visuel, cela ne dépasse pas le niveau zéro du roman photo. Notre époque mène les études savantes qu’elle mérite.