Le Parlement européen vote de nouvelles règles fiscales communes : le fédéralisme à petit pas

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Les nouvelles règles fiscales européennes votées par le Parlement de Strasbourg définissent en fait les nouvelles normes de la dépense publique en Europe et remplacent le pacte de stabilité et de croissance codifié par les critères de Maastricht, mis en veilleuse de 2020 à 2023 à cause du Covid.

Elles sont un chef d’œuvre du « en même temps » : critiquées par tous, elles poussent tout le monde en douceur vers le fédéralisme. Elles prétendent « simplifier » et « laisser plus de souplesse aux Etats membres », par exemple, et voilà ce que cela donne : « Les pays ayant une dette excessive devront la réduire en moyenne de 1 % par an si leur dette est supérieure à 90 % du PIB ; et de 0,5 % par an en moyenne si elle se situe entre 60 % et 90 % du PIB. Si le déficit d’un pays est supérieur à 3 % du PIB, il faudra le réduire pendant les périodes de croissance pour atteindre 1,5 % du PIB et constituer une réserve permettant de faire face à des conditions économiques difficiles. »

Selon les rapporteurs, « les nouvelles dispositions favoriseront les investissements, les facteurs de convergence sociale et renforceront l’appropriation nationale des plans ». En fait les Etats seront soumis à une surveillance plus stricte, sauf s’ils déclarent investir dans… la transition énergétique ou la Défense. On oriente donc la politique des Etats en leur permettant de s’endetter un peu plus pour être encore plus soumis au projet fédéral.

Les deux figures du bien sont des figures de la peur, peur que le ciel nous tombe sur la tête, peur de la guerre, et l’on a le droit d’investir soit chez les marchands de canon, soit chez les marchands d’orviétan vert. Politiquement, dans la réalité, cela ne satisfait personne : les syndicats du sud trouvent que cela grève l’avenir, les banquiers du nord aussi, d’un autre point de vue, c’est trop frugal pour les uns et pas assez pour les autres, et même les Verts se plaignent qu’on ne mette pas assez d’argent dans leur lubie.