Discours d’Ursula von der Leyen : un nouveau pas vers le fédéralisme Arc-en-ciel

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Le dernier discours d’Ursula von der Leyen est caractéristique de la méthode d’usurpation permanente que met en œuvre l’Union européenne pour installer le fédéralisme au détriment des nations et se soumettre à la révolution post-moderne arc-en-ciel, tant dans sa forme que dans son programme. Il faut dire que la présidente de la Commission européenne est l’incarnation même du système qu’elle représente.

 

Ursula fille du sérail

Issue de la bourgeoisie hanséatique (sa notice Wikipédia y insiste avec une naïveté touchante), Ursula von der Leyen est née Albrecht, d’un père qui a dû son ascension politique aux institutions européennes, et qui, très à l’aise dans les fonctions de parti (il fut longtemps président de la CDU démocrate chrétienne), et au Conseil fédéral allemand (la diète des Länder), donc dans la gestion des élites politiques, a toujours échoué à aller plus loin, à se faire élire chancelier. Elle a le même profil. Ancienne de l’école européenne d’Uccle, à Bruxelles, trilingue français anglais allemand, elle a laissé au ministère allemand de la Défense le souvenir d’une mauvaise gestionnaire, la majorité de ses compatriotes souhaitant qu’elle ne devienne pas présidente de la Commission. Mais, une fois sur place, malgré le flou de ses propositions initiales, elle s’est débrouillée, elle est dans son bain naturel.

 

Un discours triplement usurpatoire dans la veine bruxelloise

Le discours qu’elle vient de prononcer est usurpatoire à tous les égards, comme le veut la pratique raisonnée de la Commission de Bruxelles. Simple collège de haut-fonctionnaires appointés et non élus, elle a tendu depuis 1965 à s’ériger en monstre fédéraliste, à la fois gouvernement et organe législatif. Ursula von der Leyen, à trois cent jours de l’élection européenne, a tenu un discours pour justifier son mandat et en briguer un second : première usurpation, elle prend la posture d’un homme politique élu, ce qu’elle n’est qu’indirectement. Deuxième posture : elle a prononcé ce qu’on appelle là-bas un « discours sur l’état de l’Union » européenne, ce qui est un démarquage évident de l’usage présidentiel américain : elle se fait donc un cinéma de président européen, sans beaucoup de respect pour le machin européen lui-même. Troisième posture, à ce discours le personnel local accroche l’acronyme SOTEU, ce qui signifie State of the European Union : elle utilise donc l’anglais alors que seuls quelques Irlandais mal décolonisés l’ont pour langue maternelle. Rien d’étonnant chez une dame qui surprit désagréablement même à Bruxelles par son discours d’investiture entièrement en anglais, alors que l’habitude était d’user des trois langues de travail de l’Union, l’allemand, le français et l’anglais. Ursula fait donc tout pour envoyer l’image d’un fédéralisme soumis aux Etats-Unis.

 

Ecologisme, genre, migrations : les poncifs arc-en-ciel

Quant au contenu, quelques points obligatoires surnagent dans un long brouet technocratique. Le passage obligé sur le féminisme et le genre, l’égalité homme femme (quoique théoriquement conservatrice, Ursula a toujours milité pour le mariage gay). Un autre sur « la transition verte juste et efficace ». Un troisième sur les migrations : « Chaque jour, nous constatons que les conflits, le changement climatique et l’instabilité poussent les gens à chercher refuge ailleurs. » Elle veut étendre l’Espace Schengen à la Bulgarie et la Roumanie. Quatrième sujet l’élargissement : « Je crois que nous pouvons y arriver avec une Union de 30 pays ou plus » : c’est la fuite en avant fondatrice, cela ne marche pas à 27, cela marchera encore mieux si on est plus nombreux. Immigration, antiracisme, climat, genre : toutes les cases de l’arc-en-ciel sont cochées. En prime, elle a évoqué un groupe inter-gouvernemental d’experts sur l’IA, l’équivalent du GIEC, pour « établir des normes mondiales minimales pour une utilisation sûre et éthique de l’IA ». Cause toujours, tu m’intéresses : l’intention affichée est bonne, mais c’est tout.

 

Quand Ursula rencontre la réalité

Sur deux points cependant le discours d’Ursula von der Leyen a touché la réalité. Le premier est l’automobile électrique : « Les marchés mondiaux sont aujourd’hui inondés de voitures électriques chinoises moins chères. » Elle a donc fait ce qu’elle sait faire : « La Commission lance aujourd’hui une enquête antisubventions sur les véhicules électriques en provenance de Chine. L’Europe est ouverte à la concurrence. Pas pour un nivellement par le bas. » Mais si elle avait eu un peu de jugeote et d’honnêteté, elle aurait noté que cette invasion chinoise et ces mécanismes qui faussent la concurrence sont le fait… d’elle-même ! De l’Europe de Bruxelles ! C’est bien elle en effet qui, cédant au lobby vert avec son Green Deal et ses directives aussi dictatoriales qu’intempestives, a proscrit les voitures thermiques à terme, donnant ainsi à la Chine un avantage concurrentiel décisif : très mauvais dans le moteur traditionnel, les Chinois ont tout misé sur l’électrique, où ils ont maintenant, grâce aux idéologues écolo et aux technocrates européens, plusieurs longueurs d’avance. Maintenant que Bruxelles a provoqué la catastrophe, elle va « enquêter » !

 

La guerre en Ukraine au service du fédéralisme

Le dernier point montre autant de cynisme, mais avec hélas des milliers de morts à la clef. Ursula von der Leyen, dans l’espoir de défendre son bilan, a eu cette phrase : « Regardez où en est l’Europe aujourd’hui. Nous avons assisté à la naissance d’une Union géopolitique – en soutenant l’Ukraine, en nous opposant à l’agression de la Russie. » Incroyable ! Elle aurait pu déplorer que la France et l’Allemagne, garants des accords de Minsk, aient échoué à maintenir Vladimir Poutine dans les limites de la diplomatie et à l’empêcher d’envahir l’Ukraine, pour se mettre ensuite, sans nuance et de manière dangereuse, à la remorque d’un catastrophique Joe Biden. Mais non. Elle se réjouit de l’avancée du fédéralisme européen. Elle salue presque la naissance d’une nation. On sait maintenant à quoi sert la guerre d’Ukraine : à promouvoir l’Union géopolitique européenne ! L’école européenne d’Uccle est proche d’un quartier que les locaux nomment « le Vivier d’Oie » : ce fut vraiment, avec Ursula von der Leyen, le vivier d’une oie, mais d’une oie du sérail apte à pousser un continent à la dérive vers le fédéralisme. Pas besoin d’un QI extraordinaire pour ça.

 

Pauline Mille