Mis sur le trône d’Espagne par Franco, le monarque avait accompagné, sous le nom de démocratie, une révolution morale du pays. L’abdication de Juan Carlos après une fin de règne controversée ne change pas cette ambiguïté institutionnelle.
Le noir et blanc nous le rappelle, ces choses-là se sont passées dans un autre siècle, un autre monde.
Un monde où l’on respectait les carabiniers, la famille et les curés.
Fruit d’une dictature conservatrice, le Bourbon fut l’homme d’un processus révolutionnaire, sans égard ni pitié pour les forces qui l’avaient mené au pouvoir. Son abdication reste marquée par cette ambiguïté institutionnelle et fonctionnelle.
Plus proche de Hollande que de Louis XIV
Ses dernières années de règne furent celles d’un vieux marcheur répandu dans Closer : rien à voir avec son illustre ancêtre Louis XIV.
Si l’on y ajoute les scandales financiers qui ont touché son gendre et sa fille, voilà de quoi discréditer la monarchie.
A l’heure où des organisations comme le Bilderberg s’interrogent ouvertement sur l’avenir de la démocratie, il faut bien préciser les choses. L’ennemi des puissants est le peuple, ils se préoccupent d’en limiter la souveraineté. Une institution comme la royauté ne leur est nuisible que si elle incarne la nation et si elle prétend défendre des valeurs hostiles au nouvel ordre.
On a vu comme la marge de manœuvre du roi des Belges et du Grand Duc de Luxembourg a été rognée par la maçonnerie, sur les affaires de société et de biotéthique. Si on parvient à convertir le monarque au politiquement correct et à le discréditer suffisamment pour qu’il serve de simple courroie de transmission, tout va bien.
De ce point de vue Juan Carlos était idéal. Maçon de haut grade, membre honoraire du club de Rome, il courait au devant de la décadence qu’on lui demandait d’accompagner. Il commit un seul vrai faux pas, celui de chasser l’éléphant lors d’un Safari à 37.000 euros.
Pour cela il devait passer la main : l’abdication de Juan Carlos rappelle que le roi d’Espagne ne tient plus son pouvoir de Dieu mais de la religion de la terre avec sa morale mondiale.