Afflux d’immigrés en Nouvelle-Zélande : 600 nouveaux-venus à Auckland chaque semaine

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Alors que les chiffres de l’immigration nette – la différence entre ceux qui partent et les nouveau-venus – dépassent les 31.000 de juillet 2016 à juin 2017, la capitale de la Nouvelle-Zélande s’attend à affronter des problèmes liés à une croissance trop rapide alors que 600 habitants s’ajoutent à sa population chaque semaine. Problèmes d’autant plus graves que la ville d’Auckland a certes besoin de nouveaux talents, mais que les nouveaux immigrés n’ont pas précisément des profils attendus.
 
Une conférence doit avoir lieu vendredi pour déterminer le nombre d’immigrés qu’il est encore possible d’accueillir alors que l’immigration nette annuelle dans l’ensemble du pays atteint désormais un record de 68.000 âmes.
 
Loin de discours lénifiants sur l’accueil, les autorités néo-zélandaises participeront à cet événement organisé par la New Zealand Association for Migration and Investment (NZAMI), une association à but non lucratif qui réunit aussi bien des acteurs de la vie professionnelle, des responsables du circuit administratif de l’immigration, des investisseurs, des experts indépendants, des juristes, que des représentants de l’autorité locale qui seront notamment invités à s’exprimer sur les « tensions » diverses qui peuvent naître de l’afflux de migrants.
 

La Nouvelle-Zélande aux prises avec une immigration qui ne répond pas à ses besoins

 
« Il y a une tension entre les qualifications que recherchent les employeurs et les places prises par les immigrés sur le marché du travail, et la pression exercée par ses « j’ai migré » sur les infrastructures d’Auckland, a déclaré un sociologue de Massey University, Paul Spoonley, à la veille de la conférence. La croissance actuelle de la population de la capitale néo-zélandaise représente un poids par rapport aux infrastructures de transport et au logement qui affichent déjà des déficits historiques, a-t-il souligné. La scolarisation des jeunes s’annonce également riche de défis ; des à présent, le ministère de l’éducation néo-zélandais évalue à plus de 100.000 le nombre de nouvelles places à créer.
 
En tant qu’intervenant à la conférence, il présentera ces interrogations ; il sera également question du « bon équilibre » de l’immigration et même du fait de savoir s’il est bon pour la Nouvelle-Zélande de changer sans cesse à cause de ce phénomène.
 
C’est précisément la NZAMI qui est chargée d’attirer les compétences et les investissements dont la Nouvelle-Zélande a besoin, en coopérant avec les employeurs des secteurs clés pour faire venir des migrants qualifiés. Voilà pour la théorie. Selon les responsables de l’industrie et des affaires, les politiques appliquées présentent des défaillances et il n’y a pas un lien adéquat entre l’agence et les employeurs potentiels. La bureaucratie se ressemble partout, d’ici aux antipodes…
 

L’afflux d’immigrés à Auckland, facteur de tensions

 
Le président de la chambre du commerce d’Auckland, Michael Barnett, va plus loin. S’il se dit incapable de dire si d’ores et déjà, l’afflux de migrants à créer une tension sur le marché du logement de la ville, il tient à faire remarquer que le programme d’immigration ne vise pas les besoins réels, ni à court terme, ni à long terme. Et spécialement dans le bâtiment… Il faudrait, en somme, des immigrés qualifiés capables d’aider à construire de nouvelles maisons.
 
Une part importante des immigrés de courte durée sont les touristes qui paient leur séjour en faisant des petits boulots : 25 %, pas moins. Le deuxième quart est représenté par des Néo-Zélandais de retour de séjour de plus de 12 mois à l’étranger, et des Australiens. Le troisième quart est constitué par des étudiants, comptabilisés comme migrants nets dès lors qu’ils passent plus d’un an en Nouvelle-Zélande. Aucun d’entre eux ne répond aux besoins importants que rencontre la Nouvelle-Zélande dans le domaine de l’ingénierie, de la santé et des services sociaux, ainsi que l’informatique, électronique et le commerce.
 
June Ranson, responsable de NZAMI, n’hésite pas à fustiger le « défaut de compréhension » des services nationaux de l’immigration qui ignorent le « manque chronique » de personnes qualifiées : « Les services d’immigration cherchent conseil à l’intérieur de leur propre organisation sans écouter les réels besoins du monde des affaires », critique-t-elle.
 

Anne Dolhein