Ainsi soient-ils, feuilleton anticatholique d’Arte

Ainsi-soient-ils
 
Arte diffuse en ce mois d’octobre la deuxième saison de son feuilleton consacré à la vie d’un séminaire aujourd’hui, Ainsi soient-ils. Cette œuvre de fiction serait-elle respectueuse de l’Eglise, ou au contraire constitue-t-elle une énième attaque anticatholique, menée par des multirécidivistes ? Nous avons vu les épisodes centraux-charnières, de la fin de la saison 1 et du début de la saison 2.
 
La chaîne franco-allemande ARTE se caractérise par son militantisme intellectualiste et très orienté à gauche. Et ceci au sein d’un paysage audiovisuel français déjà fort orienté, non dans le sens de la défense du christianisme, des valeurs traditionnelles et de la patrie. La réconciliation franco-allemande, noble objet, est rabaissée à un antipatriotisme dirigé contre la France et l’Allemagne. Le projet européiste s’inscrit dans la droite ligne des militants les plus à gauche du Parlement européen, qui aspirent à une Union Européenne d’extrême-gauche, en une synthèse marxiste-écologiste d’ailleurs un peu contradictoire dans les termes, foncièrement anticapitaliste et ouverte à toutes les migrations internationales. Ils sont animés d’une haine profonde des traditions européennes authentiques, à commencer par le christianisme.
 

L’anticatholicisme obsessionnel d’Arte

 
Dans une approche un peu plus intellectuelle, pas moins nocive, au contraire peut-être, ARTE concurrence Canal+ dans la haine des bonnes mœurs et de la religion chrétienne. Canal+ diffuse actuellement le feuilleton les Borgia, reprenant en les aggravant encore les pires calomnies romaines de 1500, sur une famille certes historiquement peu exemplaire mais en-deçà de tous les vices et meurtres attribués. Ces deux feuilletons participent d’une même ambiance antichrétienne.
 
En 1996-97, ARTE avait produit la série voulue documentaire Corpus Christi, consacrée aux origines du christianisme. Elle reprenait les croyances libérales et matérialistes les plus outrancières des années 1850-60, à faire passer Renan pour un esprit presque chrétien. Le christianisme était défini comme une croyance faite d’emprunts à de multiples croyances orientales, « inventé », comme ses livres sacrés, très tardivement au IVème siècle…Extravagances historiques qui n’ont plus court chez les historiens honnêtes, même non-chrétiens. Tous les miracles étaient niés…Le cadavre de Jésus, jamais ressuscité évidemment, aurait été perdu lors de la Guerre des Juifs vers 70 ; d’où la fabrication postérieure de la légende de la résurrection, venue de celle d’Osiris en Egypte. Il s’agit d’un simple exemple parmi des milliers de blasphème reposant sur une fausse érudition. Ce fut un des grands succès de la chaîne, à l’audience généralement confidentielle, avec 4 millions de téléspectateurs.
 
D’Arte, le téléspectateur ne pouvait attendre rien de bon. Dans le schéma marxiste de l’esprit de la chaîne, la Religion ne serait qu’une imposture, des mensonges destinés à tromper le peuple, l’étourdir par son opium, le détourner du sens véritable de sa vie, la lutte des classes.
 

Feuilleton efficace ou relation réaliste ?

 
Un feuilleton doit intéresser son public, ce qui implique la fabrication de caractères forts, antagonistes, pour créer de l’animation. Les passions vives doivent motiver les caractères, en particulier l’amour humain, ou l’argent, ou le pouvoir. Or dans un séminaire, il y a lieu d’espérer au contraire des caractères calmes posés, pieux. De l’amour humain dans un milieu composé que d’hommes, il ne saurait en principe en être question. De même l’Eglise catholique est aujourd’hui si pauvre et méprisée en France que les ambitieux, qui rêvent de pouvoir ou de richesse, ne risquent guère de s’y trouver.
Or, les lois du feuilleton priment le réalisme. Il y aura du sexe, de l’argent, des scandales…De même un rythme relativement intense, nécessaire pour conserver l’attention du téléspectateur et qui impose une multiplication d’événements…Ceci nuit encore au réalisme. Les séminaristes d’Ainsi soient-ils ne risquent pas de s’abimer des heures durant dans la prière et la méditation, ce qui semblerait pourtant a priori normal. De même les cours de théologie, de morale, de philosophie, d’ecclésiologie, etc., supposés ennuyants pour le profane, sont très peu montrés, de manière fugitive, et surtout à travers les incidents, les chahuts. Oui, les chahuts au séminaire, comme des lycéens en crise d’adolescence…Ce qui renvoie à l’atmosphère très particulière du début des années 1970.
 
Sur le plan strictement narratif, on ne niera pas une certaine efficacité. Le spectateur ne s’ennuie pas certes. Mais à quel prix ? Le catholique est évidemment outré.
 

La hiérarchie catholique au service du capital ?

 
Les séminaristes sont présentés comme une forme de prolétariat de l’Eglise, soumis à une hiérarchie oppressive, au service des pouvoirs en place et au fond du Grand capital. Les séminaristes seraient les alliés naturels d’autres prolétaires, les clandestins, nommés en leur vulgate « sans-papiers », dans un marxisme sommaire réactualisé via le discours du Nouveau Parti Anticapitaliste de M. Besancenot. La hiérarchie catholique ne serait qu’hypocrisie, ne manœuvrant que dans le sens du pouvoir supposé. Sans nier la pénibilité de la vie des clandestins, il s’agit pour le moins d’un problème complexe, qui n’est pas à aborder à travers le prisme d’un humanisme simpliste basé sur la fausse-évidence des bons sentiments. En outre, le patronat est souvent le premier favorable à la présence d’une main d’œuvre clandestine, qui échappe par définition aux impôts et charges sociales. De même est-il bien invraisemblable que le gouvernement socialiste actuel, et déjà en place lors du tournage, veuille organiser de grandes rafles de clandestins. Qui plus est avec le soutien de l’épiscopat, comme le montre le feuilleton.
 
Le grand moment de la fin de la saison est l’occupation du séminaire par les « sans-papiers », plus d’une centaine, organisée par les séminaristes eux-mêmes. Leur hiérarchie leur objecte à juste titre qu’ils sont là pour étudier, dans le calme, méditer, et non se livrer à des agitations politiques bruyantes et sommaires. Ces vérités sont énoncées sur le ton le plus désagréable dans des circonstances parfois peu réalistes : ainsi, téléphoner au préfet devant le meneur des séminaristes insurgés paraît quand même outré. Ce dernier boxe le responsable. C’est le maffieux croate entré au séminaire, meurtrier, conservant de mauvaises habitudes…
 

Mélange de guimauve d’Arcadie et de caricature stalinienne

 
La saison 2 débute par les difficiles tentatives de remise en ordre du séminaire, par son nouveau supérieur, le père Bosco. Ce dernier énonce des vérités catholiques et de prudence humaine, rappelle des règles. Le problème est qu’il est interprété de manière hautement antipathique. Une caricature de prêtre vue par le cinéma stalinien, une tête de traître ou de vilain bonhomme. Avec sa tête de « méchant », il discrédite la discipline qu’il entreprend de rétablir, interdisant aux séminaristes d’entrer ou sortir selon leur fantaisie, de manquer des cours ou des offices…Et d’errer ivre en hurlant à 3 heures du matin dans les couloirs du séminaire, ce qui arrive à un des protagonistes. Curieusement, il ne se fait pas renvoyer pour inconduite manifeste. Le séminaire idéal implicitement sous-entendu serait l’abbaye de Thélème de Rabelais et sa règle « Fais ce que voudras ».
 
L’Eglise devrait se mettre au service de l’extrême-gauche militante, selon le « soviet » des séminaristes. Ils se prononcent aussi en majorité pour le mariage homosexuel, contre leur hiérarchie et la foi catholique, au nom d’une Eglise d’amour qui se contenterait d’aimer et ne condamnerait plus jamais, sophisme simpliste répété ad nauseam. Point tout à fait exact si l’on considère la réalité, la hiérarchie de l’Eglise dans son ensemble n’accordant pas un franc soutien à la « Manif Pour Tous », ce que les séminaristes révoltés interprètent comme un manque de conviction, au-delà du légalisme strict professé.
 

Des séminaristes fornicateurs, ainsi soient-ils ?

 
Tous ces séminaristes se livrent à des débordements sensuels, entre eux, ou avec des femmes extérieures.
 
Dans la saison 1, deux séminaristes tombent amoureux l’un de l’autre, passent parfois des nuits dans la même chambre, et les mêmes draps. Evidemment, leurs condisciples finissent par le remarquer, car les amoureux homosexuels ne sont parfois pas vifs au réveil du matin, ou ne résistent pas aux envies de se caresser ou de s’embrasser dans les couloirs du séminaire. Les supérieurs, grands distraits, ne verraient rien, sur un an, ce qui semble tout de même peu crédible. L’un des deux gitons abandonne le séminaire, se sentant tout de même en contradiction avec les règles de l’Eglise, ou souhaitant vivre sa débauche de manière ouverte, les deux motifs ne s’excluant pas forcément. L’autre reste, estimant que l’on peut être homosexuel et « bon prêtre », quitte à mentir au besoin, en toute bonne conscience, aux interrogatoires de discernement de maturité sexuelle.
 
Ces derniers, bonne initiative de Benoît XVI confirmée par pape François, qui ne font du reste que rappeler des évidences aujourd’hui souvent estompées, sont proprement ridiculisés. Un père-formateur mutin encourage ses disciples à ignorer ce processus pourtant obligatoire. Il ne voit pas donc de difficulté à toutes les pratiques sexuelles entre adultes, suivant un manichéisme simpliste et totalement faux qui voudrait que la chair soit indépendante de l’esprit. Or, évidence tacitement niée, les pires perversions sexuelles, heureusement rares, se rencontrent beaucoup plus chez des individus sexuellement très actifs, à la morale très souple, que chez d’autres chastes et pieux qui suivent la règle de l’Eglise.
 

Du fantasme anticatholique au mauvais feuilleton

 
Les autres séminaristes sortent beaucoup, première imprudence, et rencontrent en plus des femmes, au mieux célibataires, souvent fiancées ou mariées. Ils sont parfois atteints de légers remords, qui ne durent pas. Le spectateur peut supposer qu’un personnage de séminariste tend à multiplier, par inconscience ou cynisme, les conquêtes féminines, dont sa belle-sœur, veuve de son frère suicidé. Pour un cas, le plus honnête de la bande, l’entrée au séminaire semble tenir du dépit amoureux, suite à la rupture avec une fiancée très aimée. A l’évidence, ce romantisme daté ne correspond nullement à un sain discernement des esprits.
 
La tenue vestimentaire qui extérieurement ne marque en rien leur caractère de séminaristes, n’aide pas les femmes à deviner leur nature. Sur ce chapitre, certes moins grave que le péché lui-même (mais pour sauver les âmes chaque détail compte), déplorons cette tenue négligée. Cette dernière s’étend à beaucoup de prêtres, dont les plus militants, les plus à gauche, ou à la sœur assistante du séminaire, qui combine curieusement voile de religieuse et quasi-minijupe.
 
On n’ose imaginer les prêtres effroyables que deviendraient ces séminaristes après leur ordination. L’Eglise manque de prêtres certes, mais ces candidats fornicateurs, très endurcis, ne devraient certainement pas accéder au sacerdoce, ne serait-ce que pour ce motif.
 

Le souhait d’Arte : ainsi soient-ils. La réalité : ainsi ne sont-ils pas.

 
A ces séminaristes anarchistes, encouragés par des prêtres gauchistes à la mode des années 1970, époque visiblement regrettée par les scénaristes, s’opposerait l’Eglise dans son ensemble, institution très hiérarchisée. Le feuilleton en rajoute beaucoup sur ce plan. Un président de la conférence des évêques de France serait une forme de patriarche des Gaules très puissant, autoritaire et obéi. Ce dernier poste, rêvé par le cardinal de Richelieu pour lui-même, n’a d’ailleurs jamais existé. Les réformes de collégialité de Vatican II sont ainsi totalement ignorées.
 
Les hommes d’Eglise seraient ou des détraqués sexuels, ou des avares malhabiles, perdant des fortunes en des spéculations boursières malheureuses, écho de la crise des subprimes de 2008. Le téléspectateur attend aussi le dévoilement probable de meurtres, suspens créé pour fin du feuilleton. Comme beaucoup de scandaleux a été déjà montré, il ne manque plus que ça à ce stade.
 
L’Eglise se limiterait à des réalités humaines détestables. Nulle spiritualité ne se dégage ici, à aucun niveau. Les extraits de Messes célébrées selon le rituel de Paul VI, tout comme les ornements sacerdotaux, sont certes justes mais n’élèvent jamais l’âme. Elle serait au service du Grand capital : ainsi le supérieur du séminaire désigne comme délégué des séminaristes son homme de confiance, issu du monde de la finance spéculatrice et grand fornicateur avec des femmes mariées par ailleurs.
 
A un autre niveau de la hiérarchie de l’Eglise, il est aussi explicitement conseillé au Pape de céder à toutes les exigences, voulues à dessein inacceptables, des autorités communistes chinoises afin de bien les « surprendre » ! Le schisme chinois est une matière bien délicate, et cette vision primaire et hostile de l’Eglise s’avère totalement incapable de l’aborder lorsqu’elle prétend sortir de la boue quotidienne supposée des séminaires.
 
A notre époque d’analphabétisme religieux, il faut craindre que cette satire outrancière de l’Eglise catholique paraisse relativement crédible…Elle est à opposer à la promotion systématique de l’Islam, redoublée au moment où l’actualité ferait particulièrement douter de son caractère pacifique et spirituel. Certains jugements positifs d’autorités de l’Eglise de France sur ce feuilleton militant anticatholique étonnent donc particulièrement.
 
Octave Thibault