Débranché à 22 :17 heure française lundi soir, le petit Alfie Evans a déjà survécu plus de 18 heures sans être ventilé. Son père a dû parlementer 40 minutes avec les médecins de l’hôpital pédiatrique Alder Hey de Liverpool pour obtenir qu’on lui administre de l’eau et de l’oxygène au bout de six heures d’efforts de son fils pour vivre sans aucune assistance. A l’heure d’écrire, la famille Evans était de nouveau devant la justice, devant le même juge Hayden qui a déjà pris des décisions de mort pour Alfie. Mais pendant ce temps, un groupe de médecins britanniques a vivement condamné la manière dont on traite le petit garçon et dont on empêche ses parents de l’emmener en Italie.
Entre-temps, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a fait une déclaration publique réclamant qu’on donne une nouvelle chance à Alfie et qu’on le laisse aller en Italie où on tentera de le sauver.
Le communiqué de presse des médecins britanniques de la Medical Ethics Alliance est visible ici.
En voici la traduction :
Tyrannie médicale et de l’Etat
Nous sommes profondément préoccupés et outrés par le traitement et les soins offerts à Alfie Evans. Voulant retirer le traitement afin qu’il meure, les autorités médicales ont mené Alfie Evans à la Haute Cour. Dès cet instant, et du fait de l’action judiciaire de l’hôpital, les parents ont été spoliés de leur droit de prendre des décisions pour leur enfant bien-aimé. Ils ne pouvaient que faire part de leur avis à la cour et rester spectateurs pendant que la Haute Cour prenait des décisions pour Alfie.
La Haute Cour a décidé que c’était dans « les intérêts bien compris » d’Alfie de mourir, et a dûment autorisé le retrait du traitement. De ce fait, les parents subissent actuellement une torture alors qu’ils voient l’hôpital entreprendre des actions dont on attend qu’elles conduisent à sa mort.
Alors même qu’une alternative viable existe (à savoir le transfert par ambulance aérienne pour des évaluations supplémentaires dans un hôpital spécialisé de Rome) l’hôpital et les médecins responsables des soins d’Alfie insistent pour qu’ils demeurent sous leur garde et sur un chemin qui conduit à la mort. Alors qu’il dispose désormais d’un peu d’oxygène et de fluide, il a fallu d’énormes efforts pour les lui obtenir. On lui offre une sédation alors ( pour autant que nous sachions) celle-ci n’a pas été donnée pour l’instant. La sédation (si elle était donnée) impliquerait le développement d’une défaillance respiratoire et il mourrait encore plus vite.
Les actions de ce type ont mis l’hôpital Alder Hey sous le feu des projecteurs mondiaux et par ricochet, discrédite l’ensemble de notre profession.
La tyrannie médicale doit prendre fin. Le pauvre Alfie ne doit pas être tué de cette manière. Nous demandons que les autorités permettent à Alfie de rejoindre Rome en toute sécurité.
Avec respect, nous insistons qu’avec effet immédiat, le General Medical Council ouvre une enquête à propos des médecins qui le soignent. Certainement, les médecins doivent refuser de mettre en œuvre une décision aussi tyrannique et permettre à Alfie d’aller à Rome.
Dr Anthony Cole. Medical Ethics Alliance
Dr Thomas Ward
Dr Adrian Treloar
Dr Robert Hardie
Dr Josephne Venn-Treloar
Dr Carlos Augusto Casanova Guerra
Les médecins invitent leurs confrères à cosigner la pétition en faveur d’Alfie Evans
Il n’est pas inutile de rappeler que c’est à Liverpool qu’a été fixée la procédure dite Liverpool Care Pathway consistant à soumettre à une sédation terminale des personnes en fin de vie avec arrêt de la nourriture et de l’hydratation. Les abus avaient été tels que le Parlement britannique avait déclenché une enquête et que le « LCP » avait été interdit en 2013.
Reproduit avec l’aimable autorisation de Jeanne Smits