L’Allemagne verrait bien le Royaume-Uni revoter sur le Brexit

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Le Royaume-Uni a beau avoir déjà déclenché l’article 50 du Traité de l’UE pour faire sécession légale, l’Allemagne – ou en tout cas l’un de ses politiques de premier plan – propose qu’on refasse un référendum. Pour Katarina Barley, secrétaire générale des sociaux-démocrates, le principal parti d’opposition au CDU d’Angela Merkel, c’est le moment de remettre le Brexit dans la balance. Aujourd’hui, avance-t-elle, les Britanniques savent ce que ce dernier « signifie ».
 
Les Britanniques, voyez-vous, sont un peuple d’inconscients et d’ignares… Mme Barley n’a pas dit autre chose en affirmant : « Au moment du référendum, personne ne savait vraiment de quoi il retournait – ni le peuple britannique, ni même la classe politique ».
 

Le Royaume-Uni devrait revoter sur le Brexit, histoire de dire « non » !

 
Elle-même fille d’un père britannique et d’une mère allemande, Katarina Barley tire en réalité les conséquences des réticences européennes face aux demandes britanniques, sur l’air du chantage : « Beaucoup de gens ont pensé à tort que la Grande-Bretagne obtiendrait un accord comme la Suisse ou la Norvège, sans les inconvénients, en n’acceptant plus les décisions de la Cour européenne de justice, et sans le libre mouvement des travailleurs ». On ne sache pas que la Suisse soit obligée d’accepter des immigrés, fussent-ils de l’UE… Mais pour Barley, « maintenant que les Britanniques savent qu’il n’en est rien, ils devraient être invités à revoter ».
 
Suffirait-il donc d’un mauvais accord, imposé par une Europe récalcitrante, pour punir les Britanniques ? Et surtout pour les pousser à exiger un retour sur le Brexit avant qu’il ne soit trop tard ? Ce peuple a mal voté, il faut le mater !
 
Il faut dire que la socialiste allemande s’appuie sur de grosses pointures de l’européisme : Tony Blair, ancien Premier ministre britannique, le leader libéral-démocrate Tim Farron et aussi l’ancien commissaire européen, aujourd’hui figure travailliste Peter Mandelson qui ont tous répété en boucle que le vote sur le Brexit a eu lieu « à un moment où personne n’avait la moindre idée de ce dont on parlait : le soutien à l’idée d’un second référendum ne fait que croître », assure-t-elle.
 

L’Allemagne interpelle le Royaume-Uni – mais le soutien au Brexit est massif

 
La réalité ? Un très récent sondage de YouGov indique qu’une petite minorité de Britanniques seulement est favorable à un nouveau scrutin : ils ne sont que 21 % à penser que « Le gouvernement devrait ne pas tenir compte du résultat du référendum ou chercher à le renverser lors d’un second référendum ». Inversement, 69 % des sondés sont favorables à ce que le Brexit ait lieu : la tendance est nettement à une popularité croissante du Brexit.
 
Autrement dit, au fur et à mesure que les Britanniques découvrent plus en détail ce que le Brexit signifie réellement, comme dirait Katarina Barley, ils en acceptent davantage l’idée et les conséquences. Sans doute parce que celles-ci leurs paraissent favorables.
 
Mais la réalité n’a jamais empêché les idéologues de poursuivre dans leur voie, tel Tony Blair qui se sent investi d’une « mission » pour faire changer d’avis ses compatriotes.
 

Anne Dolhein