Allergies : et si on en faisait trop ? Plaidoyer prudent pour les cacahuètes et les œufs

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On n’a jamais connu autant d’allergiques aux cacahuètes et aux œufs au Royaume-Uni – mais bizarrement, l’explosion des cas que l’on a constatée entre 2008 et 2018 n’a pas suivi une augmentation régulière : on a au contraire atteint un « plateau » en 2014, et depuis lors les chiffres restent à peu près stables. Selon une analyse de l’Imperial College de Londres il se pourrait que cette stabilisation de l’incidence de nouveaux cas soit liée à de nouvelles recommandations en matière d’alimentation infantile : outre-Manche, on ne dit plus aux parents d’introduire tardivement œufs et cacahuètes.

On estime la proportion de nouveaux cas d’allergies alimentaires de 76 pour 100.000 personnes en 2008, contre 160 cas pour 100.000 en 2018, les enfants de moins de 5 ans étant quatre fois plus susceptibles d’être affectés que les adultes. Le gros de l’augmentation s’est concentré sur les six premières années de la période, comme le révèle l’étude des grands ensembles de données qui permettent d’avoir une vue plus générale.

 

Les allergies aux cacahuètes et aux œufs plafonnent

En 1998 la Commission sur la toxicité (mais oui, ça existe) avait décidé qu’il ne fallait pas donner de cacahuètes avant trois ans – et pas seulement à cause des risques de fausse route. Les pauvres bambins devaient également être privés de jaunes d’œuf coulants. Alarmés, les parents britanniques ont été nombreux à cesser de donner ces aliments à leur progéniture. Est-ce faute d’exercice du système immunitaire des enfants qu’on a enregistré à partir de là une augmentation des cas mortels d’anaphylaxie, et une prévalence inédite d’allergies alimentaires ?

Au cours de ces dernières 15 années, de nombreuses études ont montré que l’introduction précoce de la cacahuète et de l’œuf pourraient bien prévenir le développement d’allergies. En 2015, des allergologues de réputation mondiale ont recommandé l’introduction précoce des aliments « à problèmes », tandis qu’en 2018, le comité consultatif scientifique sur la nutrition du gouvernement britannique a carrément mis en garde contre l’exclusion délibérée des arachides et des œufs de poule, affirmant que celle-ci pourrait accroître les allergies.

Mais comme toujours, le poison d’hier est la solution miracle d’aujourd’hui, et vice versa. Du moins la contemplation de telles opinions en yoyo peuvent-elle vacciner contre la confiance aveugle à l’égard des commissions scientifiques… ou pas !

 

Anne Dolhein