L’Amérique entraîne « l’opposition syrienne modérée »

L’Amérique entraîne « l’opposition syrienne modérée »
Le Pentagone a annoncé hier vouloir envoyer plusieurs centaines de militaires américains pour entraîner des membres de « l’opposition syrienne modérée », auxquels reviendra ensuite, nous affirme-t-on, de combattre les djihadistes de l’Etat islamique en Syrie. Ce sont quelque 1.000 militaires que l’Amérique pourrait ainsi envoyer sur le terrain pour cette nouvelle opération.
 
C’est du moins l’ordre de grandeur qui a été donné par le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby, à l’occasion d’une rencontre avec la presse. Selon ces mêmes renseignements, l’Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar, et deux autres pays dont les noms n’ont pas été précisés, auraient donné leur accord, après plusieurs mois de négociations (dont les termes n’ont apparemment pas été rendus publics), pour accueillir des sites d’entraînement à cette fin, et même pour fournir, de leur côté, des formateurs militaires.
 
Toujours selon l’amiral Kirby, l’entrainement des premiers Syriens concernés devrait commencer fin mars, de manière à ce que les premiers formés soient opérationnels à la fin de l’année. Mais cela demandera encore beaucoup de travail, a-t-il précisé.
 

Une opposition syrienne modérée

 
La mission des Syriens qui seront ainsi formés sera d’abord de protéger leurs communautés, et de mener des offensives contre l’Etat islamique. Dans le même temps, précise-t-on, cette force devra soutenir l’opposition au président Assad, pour parvenir à un règlement du conflit syrien.
 
Autrement dit, les Syriens qui accepteront cette opération vont se trouver pris entre deux feux. Trois partis syriens dont chacun fait la guerre aux deux autres, cela risque rapidement de devenir très compliqué. Avec la possibilité, certes inenvisageable à courte vue mais qui ne saurait être exclue à terme, que deux d’entre eux s’entendent, au moins temporairement, sur le dos du troisième…
 
Peu importe ! Les Etats-Unis, aidés de leurs partenaires de circonstance, entendent former plus de 5.000 volontaires dès la première année – c’est-à-dire cette année. Et le Congrès a approuvé, en décembre dernier, le financement de ce programme de formation et d’équipement des forces irakiennes.
 
Ce faisant, Barack Obama répond aux accusations portées contre lui de n’avoir pas assez soutenu l’opposition au président syrien Assad. Mais peut-être, dans le même temps, renforce-t-il les opérations islamiques…
 

L’Amérique entraîne, ou plutôt entraînera…

 
Car l’administration américaine est bien consciente, apparemment, qu’il sera difficile de vérifier si les volontaires qui se présenteront n’ont pas de liens avec l’Etat islamique.
 
Il est vrai que, pour l’instant, tout cela demeure théorique. Car, comme le reconnaît le contre-amiral Kirby, à ce jour, aucun Syrien n’a encore été formellement recruté pour cette opération. Et il en faudra au moins 15.000 pour que l’opération présente quelque chance de succès. En outre, par peur d’une infiltration islamique, il a été décidé que les procédures de vérification seraient très poussées.
 
Beaucoup de théorie et peu de pratique au final…