On attendait Poutine, peut-être même Al-Bagdadi, « calife » de l’Etat islamique. C’est finalement Angela Merkel qui a été élue personnalité de l’année par Time Magazine, une décision qui couronne selon ce dernier l’« acte audacieux » du chancelier allemand d’ouvrir en grand les portes de son pays aux immigrants venus de Syrie et d’ailleurs. Voilà un choix qui risque de déchaîner la controverse, puisque Merkel est accusée d’avoir ainsi exacerbé la crise migratoire en Europe. L’Allemagne est le pays européen qui en a accueilli le plus : 1 million au mois de décembre. Angela Merkel elle-même considère cet accueil comme un devoir de son pays envers ceux qui demandent asile. Il lui vaut en tout cas de trôner à la une du principal magazine hebdomadaire américain.
“Time Magazine”, hebdomadaire immigrationniste et qui le prouve
Time Magazine se justifie en écrivant que, grâce à la décision d’Angela Merkel, « le geste le plus généreux et le plus sincère de l’histoire récente est venu de l’Allemagne, le pays qui, de mémoire d’homme (…) a fait éclater le continent européen, puis le monde, en portant à ses extrêmes les plus horribles les forces que son chancelier s’efforce de battre en brèche : le nationalisme, l’hostilité aux immigrants, la satisfaction de soi et le retour aux armes ».
Et d’ajouter que cette décision d’accueillir des immigrants en masse « était un acte audacieux qui, d’un seul mouvement, pouvait à la fois racheter l’Europe et la mettre en danger, mettant à l’épreuve la solidité d’une alliance constituée pour éviter que ne se répète le type de violence qui déchire aujourd’hui le Proche-Orient, en travaillant de concert ». Time commente : « Cet arrangement a suffisamment bien fonctionné pour soulever une question d’ordre existentiel tout à fait nouvelle, que le plus riche pays d’Europe pose dorénavant : que signifie vivre bien ? ».
Angela Merkel élue personnalité de l’année 2015 pour avoir ouvert l’Allemagne aux migrants
Angela Merkel y est allée de son laïus également : « Dans beaucoup de régions, la guerre et la terreur règnent. Les Etats se désintègrent. Nous avons lu tout cela depuis des années. Nous l’avons entendu. Mais nous n’avions pas encore suffisamment compris que ce qui se passait à Alep et à Mossoul pouvait affecter Essen ou Stuttgart. Nous devons y faire face maintenant. ».
Ce choix éditorial ne sera sans doute pas du goût de certains, tel le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, qui a toujours critiqué la gestion allemande de la crise migratoire. Il n’hésitait pas à accuser Angela Merkel, en octobre dernier, d’avoir précipité l’Europe dans un processus incontrôlé. Un processus qui menace directement la démocratie parce que les gouvernements n’ont pas « obtenu l’autorisation de leurs citoyens en vue de laisser des millions de gens entrer sur notre continent ».