Rétablissement des contrôles aux frontières, érection d’un mur « métallique »… Telles sont les principales mesures que Vienne entend désormais mettre en place, notamment face à l’Italie. En effet, face à l’afflux de migrants en provenance de ce pays voisin, et connu comme une des principales porte d’entrée en Europe, l’Autriche estime qu’il n’est plus possible de laisser faire…
Le projet autrichien est destiné à contrôler et bien sûr à freiner le flux des migrants qui pourraient monter de la botte italienne vers le nord de l’Europe. Il prévoit comme principale mesure l’érection d’une barrière de quelque quatre mètres de haut au niveau du col du Brenner, nœud commercial et routier majeur entre le nord et le sud des Alpes qui voit passer un flot continue et quotidien de 40.000 véhicules. Une opération estimée à plus d’un million d’euros, mais qui, pour Vienne, est devenue malheureusement nécessaire.
L’Autriche face à l’Italie
L’Autriche compte également sur des mesures plus classiques, comme le déploiement de 250 agents, dont des militaires « prêts à intervenir si nécessaire », et la surveillance de toutes les voies – qu’elles soient ferroviaires, nationales et autoroutières.
Côté italien, on juge ce projet totalement inacceptable. L’argument avancé est celui d’une violation des règles européennes. Mais c’est surtout que Rome aurait alors encore plus de mal à se débarrasser du flot quotidien de migrants que la mer lui apporte. Les dirigeants italiens comptent donc débattre du sujet le 5 mai prochain, à Rome, à l’occasion d’une rencontre avec le président de la Commission européenne.
Il n’est pas dit que les Autrichiens voient d’un bon œil l’idée d’un règlement européen d’une question nationale. D’autant que, et la récente élection présidentielle le prouve, ils n’ont de la construction européenne qu’une bien piètre idée…
Rétablir là aussi les frontières
Aussi, Rome tente-t-elle par ailleurs de temporiser et de rassurer ses voisins en promettant le renforcement du contrôle des flux de migrants vers le col du Brenner. Lors d’un entretien avec son homologue autrichien, le ministre italien de l’Intérieur, Angelino Alfano, a notamment promis que l’accord de police entre l’Italie et l’Autriche, signé en 2014, serait bientôt ratifié par le Parlement. Il serait effectivement temps ! Combien de migrants ont-ils pris cette route depuis deux ans ? Une considération que le ministre italien balaie, statistiques à l’appui, d’un revers de la main. Selon lui, le col du Brenner est « un lieu de passage plus emprunté par les migrants en direction de l’Italie qu’en direction de l’Autriche ».
Il n’est pas sûr que cet argument suffise à rassurer Vienne qui estime que le flux, dans sa direction, est, de tout façon, trop important à ses yeux.
Le fait que la presse italienne dénonce l’attitude « xénophobe et populiste de l’Autriche » n’est pas fait, non plus, pour améliorer les discussions sur le sujet entre les deux voisins.