Chaque année, le cabinet Boston Consulting Group (BCG) publie son rapport « Global Wealth », une enquête sur la répartition mondiale de la richesse en matière de fortunes privées. Celle de l’année 2014, publiée ce lundi, confirme des tendances lourdes comme le creusement de l’écart entre très très riches et riches – on ne parle même pas de celui d’avec les pauvres. Mais met surtout en exergue la progression remarquable de la région Asie-Pacifique – en particulier de la Chine – qui devient la deuxième plus riche au monde, juste derrière l’Amérique du Nord dont les États-Unis possèdent toujours en revanche, et de loin, le plus grand nombre de ménages millionnaires. Quant à la France, elle est désormais un petit point à l’horizon des onze premiers pays du classement : par rapport à l’année 2013, elle a perdu une place et 44.000 ménages…
Le cabinet a effectué ces mesures à partir de 62 pays, ce qui représente moins du tiers de l’ensemble des nations, mais près de 95% de l’économie mondiale. Sa dénomination de « millionnaires » implique les ménages qui peuvent facilement mobiliser un million de dollars : on oubliera donc l’immobilier, la propriété des entreprises etc…
Classement BCG : « les plus riches sont de plus en plus riches »
Comme l’année précédente, les fortunes privées mondiales ont affiché une belle croissance en augmentant de près de 12% en 2014, s’établissant à 164.000 milliards de dollars – dont 41% sont détenus par des millionnaires contre 40% en 2013. La progression est inexorable : le nombre de ces millionnaires est passé de 15 millions en 2013 à 17 millions en 2014.
Selon les prévisions du rapport, en 2019, ils seront censés contrôler 46% de la richesse personnelle mondiale. A quand la moitié ?
Cet accroissement est dû en grande partie à la hausse des marchés boursiers dans lesquels les millionnaires investissent davantage leur richesse, et à la hausse des prix des actifs dans le monde entier – selon le BCG, 73% de leurs gains en proviendraient. Il s’agit donc, pour l’essentiel, d’un accroissement en trompe-l’œil, dû à la création de monnaie par les principales banques centrales de la planète.
Le fossé se creuse donc fatalement aussi entre les « simplement » riches et les très très riches comptabilisant plus de 100 millions de dollars en fortune personnelle. Les États-Unis restent les grands gagnants en la matière avec 5.201 ménages ; la Chine suit avec 1.037 ménages, le Royaume-Uni et enfin l’Inde avec 928 ménages. D’ici 2019, ces super ménages aux super fortunes devraient prendre + 19% à l’échelle mondiale et + 12 % en Amérique du Nord…
Les nouveaux millionnaires sont en Chine : « l’endroit important, c’est désormais l’Asie »
Certes, les États-Unis détiennent toujours le plus grand nombre de millionnaires – et ce pourcentage a encore augmenté l’année dernière de 4,7%, totalisant 6,9 millions de ces ménages. La Chine paraît loin derrière avec ses 3,6 millions de ménages millionnaires, mais son augmentation par rapport à l’année 2013 a été, elle, de 50%… A l’échelle mondiale, plus de la moitié des nouveaux millionnaires viennent de la Chine.
Et lorsqu’on se place sur l’échelle régionale et le chiffre de richesse globale, l’évolution est encore plus visible : pour la première fois depuis quinze ans que BCG publie son enquête, la région Asie-Pacifique – en excluant le Japon – a dépassé l’Europe et a pris la deuxième place du podium avec 47.000 milliards de dollars de richesse privée, en hausse de 29% pour 2014. Tout juste derrière l’Amérique du Nord, où cette richesse totalise 50.800 milliards de dollars. Selon BCG, la région asiatique la dépassera en 2015 avec un chiffre de 57 milliards de dollars.
« Quand on parle de fortunes, je crois vraiment que l’endroit important, c’est désormais l’Asie », a résumé le responsable de l’étude BCG. Même si la performance du marché se voit modérée dans les années à venir, ce qui fera la différence, c’est la richesse nouvelle créée en Asie, toute cette récente génération d’entrepreneurs qui s’est levée. D’ici dix ans, selon eux, le total des fortunes sera probablement plus élevé en Chine qu’aux États-Unis.
La France à la peine
Que dire de la France ? Selon le rapport, la richesse financière privée en Europe occidentale a augmenté de 6,6% en 2014, pour 42.500 milliards de dollars, et de 19% pour 3.000 milliards de dollars en Europe de l’Est.
A noter : 25% de la richesse de l’Europe occidentale sont détenus par les ménages millionnaires, contre 42% au niveau mondial.
La fièvre égalitariste joue son rôle ! Mais pas partout : au Royaume-Uni, le nombre de ménages millionnaires a augmenté de 7% en 2014 passant à 730.000 – dont 1.019 pèsent plus que 100 millions de dollars – et le patrimoine financier privé du pays a augmenté de 11,5% arrivant à 9.700 milliards de dollars.
La France, elle, a été reléguée à la 11e place du classement : 230.000 ménages millionnaires en 2014, contre 274.000 en 2013… Perdant 44.000 ménages ! Le fruit du hasard ou d’une politique volontariste égalitariste qui fait fuir nos concitoyens aisés, les poussant par exemple vers la Suisse ?! Cette dernière est, d’ailleurs, au passage, la championne mondiale de la concentration de millionnaires ou milliardaires par habitant, avec un pourcentage de 13,5% – devant Bahreïn et le Qatar. Bien que n’expliquant pas l’évolution du rang de notre pays, ce douloureux classement français est aussi dû au fait que l’immobilier n’est pas pris en compte et qu’il constitue au bas mot les deux tiers des « actifs » des Français…