Belgique : la police de Molenbeek part en arrêt-maladie collectif

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La police de la zone ouest de Bruxelles, qui comprend notamment le quartier de Molenbeek, rendu célèbre pour avoir abrité nombre de terroristes islamistes opérant en France et en Belgique, en a plus qu’assez de ses conditions de travail. Jeudi soir, l’équipe de nuit, forte de 25 hommes, s’est collectivement déclarée malade. Ce vendredi, tous les officiers et agents qui devaient prendre le service du matin ont fait de même. Il ne fait pas de doute que cet « arrêt maladie » collectif est en réalité une grève. Mais elle correspond à une réalité physique. Julie Mampuy, porte-parole de la police, a ainsi souligné que la pression insupportable du travail était invoquée pour justifier ce refus concerté.
 
Les tâches des policiers qui ont cessé le travail ont été assurées par les officiers et agents de l’ensemble des quartiers de Bruxelles, en coopération avec la brigade de répression du banditisme et la brigade de sécurité de la circulation, ce qui laisse tout de même sept équipes sur le terrain, selon les responsables de la police.
 
Molenbeek, quartier largement islamique dans la capitale belge qui compte de nombreuses enclaves ethniques et religieuses, est une zone où le travail du maintien de l’ordre est particulièrement lourd. Les policiers sont fréquemment soumis à des obligations d’heures supplémentaires pour assurer la sécurité dans ce secteur de leur zone d’intervention.
 

Arrêt-maladie collectif pour protester contre la surcharge de travail

 
Johan De Becker, le chef de corps des policiers défaillants a fait savoir sa colère : « De telles actions sont inacceptables. Ils ont trouvé une lacune dans leur statut en se déclarant malades. D’ailleurs leur action n’est pas soutenue par les syndicats », a-t-il déclaré.
 
Mais un policier syndicaliste habitué du secteur, Kris Verstraeten, s’est tout de même montré compréhensif : « C’est l’action spontanée des personnes qui sont à bout de forces du fait de leur charge de travail. Sur un total de 24 inspecteurs-chefs, il en manque 11 ; et sur les 140 inspecteurs, 32 ne sont pas au travail ».
 
Et même De Becker reconnaît le problème posé par le manque de personnel dans une zone où la charge de travail est aggravée par la nécessité de lutter contre la « radicalisation ». Le ministre de l’intérieur, Jan Jambon, a promis de dépêcher 50 agents fédéraux vers Molenbeek ; sur place on attend toujours. Si son porte-parole a indiqué que leur mobilisation est bien prévue, il a reconnu que ces personnes ne sont pas toujours « disponibles ». Et de dédouaner le ministère en soulignant que les zones locales relèvent de la responsabilité des autorités locales.
 

A Molenbeek en Belgique, la police est fatiguée du travail « anti-radicalisation »

 
Ainsi le maire de Molenbeek, Françoise Schepmans, qui a le malheur de présider à un repaire d’islamistes, n’a-t-elle à se débrouiller, alors que les forces de police affectées à sa commune ont été fixées en fonction de données démographiques qui remontent à 2001. Le ministre de l’intérieur n’a aucune intention d’y rémédier… Voilà une inquiétante forme de déni face à une situation dont il est difficile de prétendre qu’elle n’a pas évolué depuis le début du siècle. Mais il est vrai que la concentration de populations musulmanes fait partie de ces choses qu’il faut faire semblant de ne pas voir.
 

Anne Dolhein