Bernie Sanders au Vatican : ira, ira pas ?

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En campagne, Sanders n’hésite pas à récupérer François. Sur le panonceau, une citation du pape tirée de l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium du 24 novembre 2013.

 
L’imbroglio de l’invitation au Vatican de Bernie Sanders, sénateur du Vermont et candidat à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de novembre prochain, vient de connaître de surprenants développements qui ne manquent pas de piquant.
 

Un blogue “officieux” du Vatican doute de la venue de Sanders

 
Dans un article du 11 avril dont nous avons pris connaissance après la rédaction de notre premier article mis en ligne le même jour, un blogue “officieux” du Saint-Siège, Il Sismografo dirigé par Luis Badilla, exprime des doutes sur la présence de Bernie Sanders à ce colloque du Vatican : «  Il n’y a aucune confirmation officielle que, finalement, Bernie Sanders […] prendra part à la réunion de l’Académie pontificale des sciences sociales au Vatican, où il devrait intervenir sur le thème “Éthique et économie”, vendredi 15 avril prochain. Le sénateur, suite à la polémique, pourrait surseoir à sa visite et remettre tout cela à moment plus approprié […] Cela a suscité une certaine polémique de la part de certains qui ont interprété ce fait comme une sorte d’ingérence (du Vatican) dans la campagne présidentielle étatsunienne, surtout à quelques jours de l’importante primaire dans l’État de New York. Pour amplifier l’affaire [enfatizzare la questione] on a aussi écrit que Sanders aurait été invité par le Saint Père, ce qui est faux comme l’a précisé à plusieurs reprises le directeur de la Salle de presse [du Vatican], le Père Federico Lombardi ».
 

Aux États-Unis, on rappelle l’Église à ses propres principes…

 
Breitbart News Network, site étatsunien conservateur, a repris immédiatement la balle au bond, ajoutant, pour faire bonne mesure que l’invitant, Marcelo Sanchez Sorondo, recteur de l’Académie pontificale pours les sciences sociales, était « un évêque progressiste argentin connu pour son soutien public au Parti démocrate [des États-Unis] ». Enfonçant le clou, Breitbart rappelle, à juste titre, que « le Vatican a toujours insisté sur le fait que les institutions catholiques ne devaient jamais offrir de plateforme à des orateurs qui mènent des campagnes publiques en faveur de positions morales contraires à l’enseignement de l’Église, et tout particulièrement sur la question de l’avortement. Des voix, au Vatican, ont également critiqué cette invitation comme étant totalement déplacée en plein cœur d’une année électorale aux États-Unis et seulement quatre jours avant la primaire de [l’État de] New York, compte tenu de l’intention déclarée de l’Église de demeurer hors de la politique partisane ».
 

Un colloque modeste mais marqué à gauche

 
Reprenant une qualification de Sanders lui-même, son directeur de la communication, Michael Briggs, a cru pouvoir déclarer que le colloque auquel le sénateur du Vermont pourrait – ou ne pourrait pas… – participer était une « réunion très importante qui se tiendra au Vatican ». En fait, il s’agit d’un modeste colloque universitaire auquel participeront une trentaine de personnes et à huis clos… Il est aussi intéressant de noter que l’universitaire Jeffrey Sachs, professeur d’économie à la Columbia University de la ville de New York, qui participera à ce colloque comme l’un des invités principaux, est également un homme de gauche et même très à gauche… Il soutient officiellement la candidature de Sanders et n’a pas de mots assez forts pour vilipender Hillary Clinton, cette « candidate de Wall Street […] et du complexe militaro-industriel », peut-on lire dans Newsweek du 11 avril…
 

Pour Bernie Sanders, se rendre à Rome, relève d’un calcul politique

 
Quant à Sanders, l’annulation de son invitation serait politiquement une catastrophe. Il compte sur ce “lustre” romain pour battre Hillary Clinton dans l’État de New York, alors que les sondages la donnent en tête. Sachant que New York, le Rhode Island et le Connecticut, où des primaires vont se tenir ces deux prochaines semaines, sont trois des cinq États les plus catholiques aux États-Unis, on comprend tout l’intérêt de ce passage à Rome. L’entourage de Sanders affirme que ce voyage ne relève « d’aucun calcul politique ». On n’est évidemment pas obligé de le croire…
 

Adam Villiers