Mgr Bonnemain accepte que des prêtres ne soient pas contraints de signer son code de conduite pro-« LGBT »

Bonnemain code LGBT prêtres
 

Pas si simple d’imposer du « changement »… Mgr Joseph Bonnemain a établi récemment pour son diocèse de Coire (Suisse) un code de conduite sur la gestion du pouvoir (Verhaltenskodex), sous-titré « Prévention des abus spirituels et de l’exploitation sexuelle ». Etaient invités à le signer – pour ne pas dire sommés – tous les aumôniers, collaborateurs et employés du diocèse et des corporations ecclésiastiques. Mais voilà déjà un an et demi que 43 prêtres et diacres résistent à la décision de leur évêque, au motif que le code est ouvert à l’idéologie LGBT, ils sont restés fermes et fidèles à leurs déclarations : pas question de plier. Eh bien, Mgr Bonnemain a fini par baisser la garde, en acceptant leur position.

La volte-face de l’évêque, après une réaction initiale plutôt dure, prouve à la fois que l’enjeu, à savoir le glissement vers une morale sexuelle édulcorée et même favorable aux « LBGT » était loin d’être anodin, et qu’il est capital de se battre.

 

« La mise en œuvre des préoccupations LGBT qui contredisent le Magistère de l’Eglise catholique »

Quand le « Cercle sacerdotal de Coire » (Churer Priesterkreis) avait confié à l’évêque ses craintes et sa ferme résolution de ne pas signer un document dans lequel ils voyaient une tentative « d’implanter l’idéologie LGBT dans l’Eglise sous couvert de prévention des agressions sexuelles », Mgr Bonnemain n’avait pourtant pas mâché ses mots. Il était allé jusqu’à dire que les personnes qui se montreraient « résistantes » aux changements au sein du diocèse n’étaient pas « aptes à travailler dans l’Eglise ».

La menace était lourde, mais elle ne pouvait tenir – du moins pas encore. L’Eglise que certains voudraient voir « en marche » permanente contient encore d’heureux germes de résistance. Et Mgr Bonnemain se voit, in fine, contraint de les tolérer.

« La conduite de chacun d’eux [ces prêtres] est impeccable, a-t-il été obligé de reconnaître. Ils ont quelques difficultés sur certains points parce qu’ils pensent que ceux-ci ne sont pas conformes à l’enseignement de l’Eglise. Mais il n’y a pas de contradiction avec la doctrine. » On se demande bien pourquoi, alors, il ne les a pas forcés…

 

Le code de conduite suisse : « l’évêque n’aurait jamais dû signer ce document »

Ce petit livret où se promènent des dizaines de personnages dégingandés et une seule petite croix, une fois, au cou de l’un d’eux, fait moins l’effet d’un document produit par un diocèse catholique qu’un livret de prévention à destination d’organisations étatiques. Et pour cause. Publié le 5 avril 2022, il a été composé et écrit, sur la demande de l’évêque, par Karin Iten, une laïque qui a déclaré publiquement que la « pornographie légale » ne devait pas être « diabolisée » et pouvait être utilisée avec « modération », et Stefan Loppacher, ancien prêtre catholique qui vit désormais ouvertement une relation amoureuse avec une femme.

Le cadre est posé.

Pour ce qui est du contenu, ce code rappelle les normes de comportement sur la manière d’agir dans une position de pouvoir. La majorité relève « du simple bon sens et de la décence », comme l’a fait remarquer le « Cercle sacerdotal de Coire ». Mais il y a des points d’achoppement, immenses et graves, « qui contredisent le Magistère de l’Eglise catholique », ni plus ni moins.

 

43 prêtres et diacres effrayés des conséquences

De manière générale, les prêtres ne doivent « pas aborder activement les sujets liés à la sexualité et s’abstenir de toute question offensante sur la vie intime et le statut relationnel » lorsqu’ils s’engagent dans des conversations pastorales, affirme le code. On imagine les risques, non seulement dans la préparation au mariage mais aussi dans l’aide au discernement avant une entrée au séminaire ou dans un ordre religieux qui imposent le célibat.

Et quant aux clercs eux-mêmes, on pourrait se retrouver avec des prêtres ou des diacres vivant dans des situations immorales, restant en place et prêchant toujours – a priori – l’exigence de la doctrine catholique en la matière. De quoi y perdre son latin.

Plus grave encore, le code interdit aux prêtres de porter « des évaluations négatives radicales d’un comportement prétendument non biblique fondé sur l’orientation sexuelle ». Mais alors, comment proclamer l’enseignement de l’Eglise sur l’homosexualité tel qu’énoncé dans le Catéchisme qui enseigne que « les actes homosexuels sont intrinsèquement désordonnés », « contraires à la loi naturelle » et ne peuvent être approuvés « en aucun cas » ?

« Je m’abstiens de toute forme de discrimination basée sur l’orientation ou l’identité sexuelle », poursuit le code, qui fait même dire à ceux qui s’engagent à l’observer : « Je reconnais les droits sexuels comme des droits humains, en particulier le droit à l’auto-détermination sexuelle. »

Mgr Bonnemain a donc signé ce nouveau credo libertaire dans une Eglise qui refuse toujours de bénir les relations homosexuelles ! Rappelons qu’elle a encore la prudence de ne pas admettre au séminaire « les personnes qui pratiquent l’homosexualité, qui ont des tendances homosexuelles profondément ancrées ou qui soutiennent la soi-disant “culture homosexuelle” », comme le note la nouvelle Ratio Fundamentalis Institutionis Sacerdotalis approuvée par le pape en décembre 2016.

 

François se dit « très satisfait » de Mgr Bonnemain

Il est ainsi aisé de comprendre « les raisons de conscience » qui ont conduit les prêtres protestataires à refuser de signer ce code de conduite du diocèse de Coire « qui viole à plusieurs reprises l’enseignement et la discipline de l’Eglise catholique ». Et ça n’a pas échappé à un prêtre qui commente, sur le site cath.ch, la ligne de ce texte, en disant que l’actuel catéchisme est vieux de plusieurs décennies et que, le monde d’aujourd’hui étant différent, il faut bien songer à le voir évoluer

S’il a décidé de laisser les récalcitrants libres de ne pas signer, Mgr Bonnemain n’a pourtant pas changé un iota de ces lignes qui contredisent la Foi de ses pères. Le pape François aurait-il bougé le petit doigt ? C’est lui-même qui a imposé son nom au chapitre de la cathédrale quand il a fallu élire, en février 2021, le successeur de Mgr Vitus Huonder parti se retirer au sein d’une école de la FSSPX… Il avait alors évoqué un « bâtisseur de ponts ».

« Un bâtisseur de ponts » entre l’Eglise et de nouveaux horizons en matière de morale ? Il y a comme une sévère contradiction à ce type d’opérations pastorales, dans le sens où l’on tente de prévenir tous azimuts des abus sexuels en faisant la lumière partout où on peut, et où, dans le même temps, on se voile volontairement la face sur le comportement individuel des personnes en matière de sexualité, de quelque orientation qu’elle soit… La surexposition de certaines fautes se juxtapose à la relativisation de certaines autres et crée une incohérence à l’image du monde qui nous entoure.

 

Clémentine Jallais