Ni Brexit dur, ni Brexit mou, mais un Brexit à l’aveuglette après le rejet définitif par l’UE du « plan de Chequers » de Theresa May

Brexit Chequers May
 
Au Conseil européen de Salzbourg, en Autriche, le « plan de Chequers » a été définitivement enterré jeudi par les pays de l’UE qui se sont alignés sur les positions déjà exprimées par Michel Barnier, le négociateur de la Commission européenne. Pour les 27, le plan de Theresa May ne peut pas fonctionner. Le Premier ministre britannique pensait pouvoir quitter l’Union européenne tout en restant dedans, ce qui avait provoqué en juillet la démission de deux poids lourds de son gouvernement : le ministre pour la Sortie de l’UE David Davis et le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson. Aujourd’hui, alors que son leadership du parti conservateur est remis en cause par les partisans d’un vrai Brexit, elle est rentrée affaiblie et humiliée du sommet européen. Certains parmi les 27 lui proposent d’organiser un deuxième référendum. Le Premier ministre maltais assure qu’il y a une quasi-unanimité sur ce sujet, et Juncker et Tusk abondent dans le même sens, mais Theresa May promet qu’elle ne poussera pas la trahison jusque-là. Cela reste encore à voir…
 

L’hypothèse d’un deuxième référendum sur le Brexit après l’échec du plan Chequers de Theresa May

 
L’organisation d’un deuxième référendum fait en effet partie de la stratégie des opposants au Brexit, et l’attitude aussi bien de Theresa May que de l’UE semble vouloir y conduire depuis le début. Certains eurocrates et certains gouvernements des 27 semblent avoir été renforcés dans leur conviction sur la possibilité d’éviter le Brexit par les assurances données par les Britanniques partisans de répéter le référendum, ce qui ne les incite pas à négocier un accord profitable aux deux parties. Le Daily Mail rappelle opportunément que l’UE a une longue histoire de référendums ignorés ou répétés pour obtenir le bon résultat.
 
A défaut d’un nouveau référendum, il y a aura un Brexit à l’aveuglette, suggère le Telegraph, puisqu’à l’approche de la date fatidique pour la sortie de l’UE, l’option qui devient la plus probable est celle d’un accord partiel portant uniquement sur certaines modalités du divorce, la question de la frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord restant centrale et non résolue à ce jour.
 

L’UE divisée entre ceux qui veulent un accord et ceux qui veulent punir les Britanniques

 
Les dirigeants des 27 ne parlent toutefois pas à l’unisson, entre un Emmanuel Macron qui affirme que les Britanniques ont voté pour la sortie de l’UE parce qu’ils avaient été trompés par des menteurs et un Viktor Orbán qui estime que l’UE est divisée entre ceux qui veulent un accord et ceux qui ne pensent qu’à punir les Britanniques pour leur choix, il y a une divergence très claire de vues et d’approches. Ce serait Macron et Merkel qui auraient, selon la presse britannique, poussé Michel Barnier à ne rien céder et c’est leur camp qui a eu le dessus à Salzbourg, même si Orbán a estimé que ceux qui souhaitent donner la priorité à une bonne coopération entre l’UE et le Royaume-Uni étaient en train de devenir majoritaires.
 

Theresa May s’accroche encore à son plan de Chequers dont personne ne veut

 
Le lendemain du rejet officiel par les 27 de ses propositions, le Premier ministre britannique semblait s’accrocher encore à son plan, tandis qu’à Londres les partisans et les opposants au Brexit s’accordaient au contraire à dire que ce plan est bien mort et enterré. La date fatidique du 29 mars 2019 approche, et l’on n’a toujours pas avancé. Ne serait-il pas grand temps de changer les équipes chargées des négociations pour Londres et pour Bruxelles ?
 

Olivier Bault