Si Theresa May tombe sur la question du Brexit, cela pourrait donner aux partisans de l’UE l’occasion d’organiser un deuxième référendum – conformément au plan des amis de George Soros – mais cela pourrait aussi au contraire amener au pouvoir un leader conservateur partisan d’une vraie rupture avec l’UE. C’est quitte ou double pour Juncker, Barnier, Macron, Merkel et consorts, et le risque d’un Brexit dur est pris au sérieux à Paris comme à Berlin, comme le montrent les nouvelles instructions reçues par le négociateur de la Commission européenne Michel Barnier pour faire preuve d’un peu plus de flexibilité dans les discussions avec Theresa May. Cela, c’est la carotte jetée au dernier moment pour éviter la rupture définitive. Le bâton, c’était samedi la grande manifestation londonienne cofinancée par Bruxelles en faveur d’un deuxième référendum.
Theresa May cherche à convaincre que sa stratégie de négociation du Brexit est la bonne
De son côté, Theresa May se démène depuis le week-end, après le constat d’échec des négociations au dernier sommet européen, pour convaincre les parlementaires de son parti et les membres de son gouvernement que sa stratégie de négociation est la bonne, qu’un accord est déjà négocié à 95 % et que la seule pierre d’achoppement, c’est la question de la frontière en Irlande. Après avoir téléphoné à ses ministres dimanche, puis s’être adressée à la Chambre des communes lundi, elle devait encore réunir son cabinet mardi et, peut-être, se rendre mercredi à la réunion des parlementaires de son parti, dont certains – sous couvert d’anonymat – lui ont même suggéré d’amener la corde pour se pendre, une manière imagée de lui signifier que si elle ne parvient pas à convaincre, c’en est fini pour elle.
Les derniers jours de Theresa May : plus que deux lettres de députés pour organiser un vote de défiance
Pendant ce temps, David Davis et Boris Johnson, les deux ministres démissionnaires de juillet, publient dans la presse leurs propositions pour une nouvelle approche, plus dure, des négociations avec l’UE, préparant ainsi leur candidature à la tête du Parti conservateur face à Theresa May.
La concession de trop, c’est quand Theresa May a proposé, après l’échec du sommet de la semaine dernière, une prolongation supplémentaire de la période de transition prévue après la date de sortie de l’UE en mars 2019. Son plan consistant à maintenir le Royaume-Uni dans l’union douanière, présenté aux députés lundi, n’est pas de nature à satisfaire les partisans d’un vrai Brexit qui déclarent avoir déjà 46 lettres de députés Tories demandant un vote de défiance. Encore deux, et un tel vote devra être organisé au Parlement.
Comment Theresa May est volontairement tombée dans le piège tendu par Bruxelles
Le problème avec Theresa May, c’est qu’elle ne voulait pas le Brexit avant le référendum de 2016, et, faute d’être convaincue elle-même, elle n’a pas su rester collée à la vision du Royaume-Uni post-Brexit exposée dans son discours de Lancaster de janvier 2017. Elle a cédé sans trop de résistance à l’exigence de Bruxelles qui était de négocier étape par étape : d’abord la facture du divorce, puis la liberté de mouvement, puis la frontière irlandaise et enfin un accord commercial. C’était un piège tendu par Bruxelles, Berlin et Paris qui, instrumentalisant la question irlandaise, proposaient rien de moins que la partition du Royaume-Uni !
Tombera ? Tombera pas ? Le sort de Theresa May devrait se jouer dans les prochains jours ou les prochaines semaines, et la bataille pour ou contre le Brexit se déroulera alors entre Britanniques.