Jacob Rees-Mogg, leader des députés conservateurs pro-Brexit, se demande si le gouvernement de Theresa May veut vraiment quitter l’UE

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Pour la première fois, le député conservateur Jacob Rees-Mogg a exprimé de réels doutes sur la volonté du gouvernement de Theresa May de faire sortir le Royaume-Uni de l’UE. Le leader de l’influent European Research Group qui rassemble une soixantaine de députés Tories partisans d’un vrai Brexit, sans union douanière d’aucune sorte avec l’UE, a reproché au passage à l’actuel premier ministre du Royaume-Uni son « extrême faiblesse » sur le sujet. Pour Rees-Mogg, Theresa May est en train de préparer l’échec du Brexit plutôt que son succès. Il se référait notamment à la proposition de maintenir le Royaume-Uni dans l’union douanière pour une période qui reste à déterminer mais qui ira au-delà de la période de transition censée prendre fin en 2021. Cette proposition a été adoptée la semaine dernière par le « cabinet de guerre » de Mme May malgré les objections du ministre des Affaires étrangères Boris Johnson et du ministre de l’Environnement Michael Gove. Les deux hommes, contrairement à Theresa May, avaient fait campagne pour le Brexit avant le référendum de 2016.
 

Le Royaume-Uni coincé ad vitam æternam dans l’union douanière de l’UE ?

 
Cette nouvelle proposition de stratégie de négociation pour le gouvernement britannique marque donc un succès de Mme May au sein de son cabinet après le rejet au début du mois de sa proposition précédente sur un « nouveau partenariat douanier » qui aurait, lui, eu un caractère permanent. Le problème pour Jacob Rees-Mogg, c’est que la nouvelle proposition de rester dans l’Union douanière pour une période à définir ne va pas inciter les négociateurs de l’UE à plus de flexibilité dans les négociations, et c’est donc un piège qui pourrait contraindre les Britanniques à rester soumis indéfiniment aux règles du Marché unique européen et à la juridiction de la Cour de Justice de l’UE. Ce qui de toute évidence, viderait le Brexit de son sens alors que Soros et consorts font campagne pour un deuxième référendum sur la question de la sortie du Royaume-Uni de l’UE.
 
Rees-Mogg reproche aussi au Premier ministre le fait qu’elle ait accepté le principe de la « facture » du Brexit sans réelles contreparties. Pourtant, fait remarquer ce partisan du Brexit, la question de la contribution que devra encore verser le Royaume-Uni au budget de l’UE pourrait être un atout majeur entre les mains de Mme May dans les négociations avec Bruxelles.
 

Scissions dans le gouvernement de Theresa May sur fond de Brexit

 
Au sein même du gouvernement britannique, les scissions vont bon train. Le Telegraph révélait pas plus tard qu’hier le contenu d’une lettre envoyée par le ministre de l’Environnement Michael Gove aux autres membres du cabinet. Dans cette lettre, le ministre pro-Brexit accuse le chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances et du Trésor) Philip Hammond, pro-UE, d’avoir sciemment provoqué un vote défavorable de la Chambre des Lords sur la loi relative à la sortie de l’UE en refusant la création d’une autorité indépendante qui aurait le pouvoir, après le Brexit, de sanctionner le gouvernement et les collectivités locales sur les questions de recyclage et de pollution. La Chambre des Lords a infligé ainsi une quinzième défaite au gouvernement de Theresa May sur la question du Brexit, en votant un amendement en vertu duquel le Royaume-Uni devrait continuer à appliquer les règles environnementales européennes.
 
Une autre question, c’est de savoir pourquoi diable M. Gove veut-il, pour les questions environnementales, remplacer la Commission européenne par une autorité indépendante après le Brexit ? L’un des buts majeurs de la sortie de l’UE n’était-il pas de rétablir la démocratie en se soustrayant à l’arbitraire des autorités « indépendantes » (des électeurs) dans le style de la Commission européenne ?
 

Olivier Bault