Des députés conservateurs hostiles au Brexit aident à donner au Parlement britannique un droit de veto sur l’accord final avec l’UE

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« Nous pouvons stopper cette folie », avait déclaré un député travailliste après le vote des Britanniques en faveur du Brexit, en appelant le Parlement à outrepasser le vote populaire et « mettre fin au cauchemar ». Cette déclaration a été rappelée sur la radio LBC par Nigel Farage, l’homme à qui le Royaume-Uni doit le référendum sur le Brexit, après le vote d’hier à la Chambre des communes. Par ce vote, le Parlement de Westminster a introduit dans le projet de loi sur le retrait de l’UE un amendement qui lui accorde un vote contraignant sur l’accord final entre le Royaume-Uni et l’UE. De fait, le Parlement britannique s’est donné le droit de refuser le Brexit après la signature par le gouvernement britannique de l’accord sur les modalités de sortie.
 
Cet amendement avait été proposé par le député conservateur Dominic Grieve, ancien procureur général, et il avait le soutien des Travaillistes et des Libéraux-démocrates. S’il a pu être adopté (à 309 voix pour et 305 contre), c’est à cause du soutien de 11 députés conservateurs et de l’abstention de 4 autres. L’un deux, Stephen Hammond, était même vice-président du Parti conservateur, et Theresa May l’a démis de cette fonction aussitôt après son vote rebelle.
 

Onze députés conservateurs anti-Brexit ont voté avec l’opposition

 
Plusieurs concessions de dernière minute du gouvernement de Theresa May n’ont pas suffi à convaincre un nombre suffisant de rebelles. Il avait notamment promis un vote du Parlement britannique sur les conditions de l’accord avec l’UE avant la signature de cet accord, et non après comme ce devra désormais être le cas.
 
La colère grondait dans les rangs conservateurs après le vote des onze députés rebelles, d’autant plus que ce vote est survenu la veille de la participation de Theresa May à un Conseil européen et juste après le déblocage du processus de négociations, obtenu au prix d’importantes concessions de Londres face aux exigences de Bruxelles. Le négociateur du Parlement européen pour le Brexit, le fédéraliste libéral-libertaire Guy Verhofstadt, exultait sur Twitter après ce vote du Parlement britannique.
 

Le Parlement britannique a désormais un droit de veto contre la sortie de l’UE

 
Theresa May paye aujourd’hui le prix des élections anticipées convoquées en juin dernier, qui ont fait perdre aux Tories la majorité absolue à la Chambre des communes. Ce vote renforce aussi les soupçons de ceux qui, comme Nigel Farage, pensent qu’une majorité de députés sont prêts à tout pour que le Royaume-Uni reste dans l’UE. Prochaine étape : le vote la semaine prochaine d’une date butoir (le 29 mars 2019) pour le Brexit qui serait inscrite dans la loi. Là aussi, les députés Tories rebelles promettent de voter contre leur gouvernement.
 

Olivier Bault