« C’est un pays sympa à visiter, mais sans intérêt pour y travailler » : voilà le jugement lapidaire porté sur la France par Abdulrhaman, Syrien de 26 ans qui a émigré vers la Suède. Mi-narquois, mi-envieux, un article du Daily Telegraph souligne que la France n’est pas une destination privilégiée pour les centaines de milliers de migrants qui se pressent aux portes de l’Europe – spécialement les Syriens. Ils préfèrent les pays nordiques, nonobstant la froidure et le manque d’ensoleillement… Pourquoi ? A cause de la bureaucratie, du chômage, des logements insuffisants, autant de facteurs qui incitent les candidats à l’immigration ou au droit d’asile à aller voir ailleurs. La France s’efforcera de se montrer plus attrayante, Europe oblige…
En attendant, des décennies de socialisme affirmé ou subreptice portent là un fruit inattendu. Il va falloir remercier François Hollande – n’était son insistance pour attirer malgré tout le chaland et pour « européiser » la politique d’immigration.
Les Français eux-mêmes ne connaissent que trop les aspects les plus kafkaïennes de la bureaucratie pour ne pas croire ces accusations. Ainsi faut-il avoir une adresse en France pour pouvoir prétendre au droit d’asile – mais il faut être enregistré comme demandeur du droit d’asile pour obtenir une adresse. Hélas pour les Français, ce genre de problème risque d’être réglé plus vite pour les étrangers que pour les autochtones…
Bureaucratie tatillonne, chômage endémique, logements insalubres : bienvenue en France !
L’Allemagne, la Suède ou le Royaume-Uni sont bien plus alléchantes que la France, c’est entendu. Mais pour combien de temps ? Des « experts » des migrations actuelles voient celle-ci comme peu accueillante, en proie à une crise économique persistante. La paperasserie s’y ajoute à une situation déprimée du marché de l’emploi (que la France compte 10 % de chômeurs, on le sait aussi bien sur les côtes de Libye ou de Turquie que dans les officines statistiques françaises) et de toute façon, les demandeurs d’asile ne peuvent prétendre travailler et gagner leur vie pendant les neuf premiers mois de leur séjour en France – durée moyenne de l’examen d’un dossier.
Les conditions de séjour elles-mêmes sont rebutantes : on parle de logements insalubres qui obligent les réfugiés à trouver un toit chez la famille ou les amis, ou alors à se contenter de dormir dans la rue. Avec 30.000 lits disponibles pour les 60.000 demandeurs d’asile déjà présents sur le territoire, il est facile de conclure au trop-plein…
Sur les 4 millions de Syriens qui sont actuellement hors de leurs frontières seuls 7.000 ont trouvé asile en France. Les images frappantes des campements sauvages autour de Calais, où 3.000 « migrants » attendent pour forcer le passage jusqu’en Angleterre, content la même histoire. Nombre de camps ont été évacués de force lundi matin, laissant près de 400 Syriens sans toit errer dans les rues de Calais – mais toujours désireux de traverser la Manche.
La France multiplie les promesses pour attirer les réfugiés
La promesse de François Hollande d’accueillir 31.000 migrants du Proche-Orient peine elle aussi à être tenue. Sur le millier d’Irakiens et de Syriens qu’il s’était engagé à accueillir pour alléger le « fardeau » de l’Allemagne, seuls 600 ont été amenés en France ce mois-ci : il a fallu les convaincre de partir de Munich. A coups de nouvelles promesses : un professeur d’anglais, Sabah, actuellement abrité par un monastère à proximité de Paris, n’est venu qu’en ayant reçu l’assurance de pouvoir obtenir facilement des papiers, de bénéficier du regroupement familial et de se voir accorder un permis de séjour de dix ans.
Le statut de réfugié leur sera accordé en 15 jours au maximum – rien à voir avec le délai habituel de neuf mois. C’est en tout cas ce qu’a promis l’Office compétent. Et ce sur quoi compte Ahmad, 29 ans, qui avait de mauvais échos des Syriens déjà présents en France : il a déjà prévu de retourner en Allemagne si sa situation n’est pas vite réglée.
Il paraît que le manque d’attractivité de la France est un fort mauvais signe aussi bien par rapport à la situation économique que pour la « démocratie » tout court.
La France va-t-elle se reposer sur cet acquis du socialisme ? Sûrement pas. Attendons-nous à apprendre que les exigences administratives seront assouplies, que les places d’accueil seront augmentées comme par enchantement, et que les promesses du genre de celles faites à Munich à Sabah ou à Ahmad vont se multiplier…