La campagne officielle pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne est riche à millions grâce à ses généreux financiers. Il faut dire qu’elle bénéficie de donateurs qui ont les moyens, comme de grosses banques et de grandes entreprises qui ont pour particularité de n’être pas britanniques. La nouvelle a provoqué un scandale outre-Manche : on s’indigne de voir cette ingérence étrangère dans les affaires internes du pays. Mais n’est-ce pas tout ce qu’on reproche à l’UE ? La campagne du Brexit pourrait en tout cas s’en trouver renforcée.
Les chiffres officiels de la commission électorale montrent ainsi que Citigroup et Morgan Stanley ont chacun contribué 250.000 livres à la formation officielle Britain Stronger in Europe qui bénéficie déjà du soutien de David Cameron et de la puissance de l’Etat.
Les financiers étrangers donnent des millions à la campagne pour le maintien dans l’UE
Les fonds attribués aux deux parties en présence doivent être déclarés depuis le mois de février. Avant cette date, on sait qu’il y a eu d’autres dons importants en provenance d’entités étrangères. Ainsi deux autres banques américaines, Goldman Sachs et JP Morgan ont attribué chacune 500.000 livres à la campagne Britain Stronger in Europe avant le démarrage de la campagne officielle.
Airbus Industrie et Eurostar, deux sociétés françaises, ont chacune donné 7.500 livres.
En face, la campagne pour le Brexit, Leave, a reçu entre février et avril davantage de fonds que celle des europhiles, selon la commission électorale — plus de 8 millions de livres en dons et 6 millions en prêts, contre 7 millions et demi de livres de dons favorables au maintien pour Remain, et des prêts de moindre importance. Côté Brexit, il s’agit pour l’essentiel de dons personnels parfois très importants, auxquels s’ajoutent les levées de fonds auprès des particuliers. La campagne du maintien affiche le record pour les dons individuels. Le lord travailliste Lord Sainsbury a ainsi donné 3.756.803 livres à lui tout seul. Etre dignitaire socialiste n’implique pas que l’on soit pauvre, c’est bien connu.
Contre le Brexit, des banques et des entreprises étrangères prennent parti
Un ancien ministre travailliste partisan du Brexit, Lord Owen, a commenté l’affaire en indiquant que les dons des banques et des grosses sociétés prouvent que la campagne Vote leave est comme David face à Goliath : « L’UE travaille au service des intérêts de l’élite — le fameux 1 % — alors nous ne sommes pas surpris du tout de voir que la campagne pour nous maintenir au sein de l’Union est financée par de grosses banques comme Goldman Sachs et JP Morgan. Ces chiffres montrent une nouvelle fois que nous sommes dans un combat de David contre Goliath, mais c’est une bataille que nous sommes déterminés à gagner, pour le bien du peuple britannique. Et c’est lui qui paie le prix de la migration incontrôlée, à travers des salaires plus bas et la pression insoutenable que subissent les services publics tels les écoles et les hôpitaux. C’est maintenant l’heure de riposter — et de reprendre le contrôle des 350 millions de livres que nous envoyons a l’UE chaque semaine, afin de les consacrer à d’autres priorités. »
Cette critique tient-elle alors que la campagne du Brexit s’avère aujourd’hui la plus riche ? Bien sûr. Même si la presse britannique offre une assez large place au débat et que certains médias à grande circulation ont depuis toujours exprimé leur hostilité à l’intégration européenne, la campagne Remain bénéficie au-delà de sa force de frappe financière d’une propagande incessante de la part du gouvernement et des institutions, qui joue sur la peur et les augures de malheur.