Dans “The Wanderer”, le cardinal Burke évoque Fatima, la consécration de la Russie et la « bataille décisive » à propos de la famille

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Dans le même entretien avec The Wanderer où le cardinal Burke évoque la nécessaire correction qu’il va falloir adresser au pape François à propos des Dubia concernant l’exhortation post-synodale Amoris laetitia, plusieurs questions reviennent sur Fatima, la consécration de la Russie et la « bataille décisive » dont sœur Lucie a dit au cardinal Caffarra qu’elle porterait sur la famille.
 
A l’occasion du centenaire des apparitions de Notre Dame aux bergers de Fatima, le journaliste Don Fier a explicitement évoqué cette lettre dont le cardinal Caffarra a confirmé l’authenticité de vive voix, demandant si de l’avis du cardinal Burke, nous sommes entrés dans cette période de l’histoire où se déroule cette « bataille décisive ». Et de poser la question de la réponse à apporter par le laïcat.
 
La réponse du cardinal Burke mérite d’être citée in extenso.
 

Pour “The Wanderer”, le cardinal Burke affirme que nous sommes au cœur de la bataille décisive pour la famille

 
« Oui, je crois fermement que nous sommes entrés dans cette période de l’histoire. Dans la société civile, voyant les attaques contre l’intégrité de la famille à travers de la “théorie du genre” omniprésente et du soi-disant mariage des personnes de même sexe, qui, notamment, ne peut pas être un vrai mariage. C’est le signe que la société se trouve aujourd’hui dans une situation véritablement apocalyptique.
 
« En outre, ces idées sont même entrées dans l’Eglise, comme en témoigne le synode des évêques sur le mariage et la famille qui s’est tenu en 2014 et 2015. Ce type d’idées était promu au synode au nom du soi-disant “changement” rendu nécessaire par les “signes des temps”.
 
« Ce changement, dit-on, ne s’est pas produit dans la doctrine, mais plutôt dans la pratique. L’idée mise en avant était que l’enseignement de l’Eglise à propos du mariage est un idéal, et que le synode se concentrait sur la pratique pastorale telle qu’elle s’adapte aux difficultés de notre temps, tout en laissant intact l’idéal.
 
« Cependant, il n’est pas possible d’avoir une pratique pastorale qui ne respecte pas la doctrine sous-jacente. La doctrine n’est pas un idéal, mais l’expression de la réalité, la réalité de la grâce d’être homme et femme, la grâce d’être appelé à l’union maritale, grâce que le couple se confère l’un à l’autre dans le sacrement du mariage, ce que font véritablement le mari et la femme en entrant dans le mariage.
 
« Au cours de la session 2014, je me rappelle un cardinal qui affirmait que cet enseignement sur le mariage est parfait en tant qu’idéal. Mais comme cela est tellement difficile à suivre en pratique, nous ne nous attendons pas à ce que les gens soient si héroïques qu’ils vivent en conformité avec ces demandes. Ma réponse fut celle-ci : “Nous attendons certainement cela d’eux, car chacun est appelé à vivre une vie chrétienne héroïque et à lutter contre la tendance au péché.” Et donc je pense vraiment que nous sommes au cœur de cette bataille décisive. C’est une des raisons pour lesquelles – à ma modeste façon – je fais ce que je peux pour défendre la vérité sur le mariage et la famille.
 
« Au Rome Life Forum en mai dernier, le cardinal Caffarra a raconté l’histoire des commencements de son service alors qu’il venait d’être nommé par le pape saint Jean-Paul II premier président de l’Institut pontifical Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille. Il a raconté qu’il y avait de nombreuses difficultés à surmonter en créant cet institut. Il a décidé d’écrire à sœur Lucie dans son monastère carmélite de Coimbra au Portugal, pour demander ses prières. C’est dans sa réponse que la sœur a déclarée que la bataille décisive concernera le mariage et la famille.
 
« Il est d’une importance cruciale que le laïcat connaisse l’enseignement sur le mariage et la famille, cet enseignement qui est si clairement exposé dans le Catéchisme de l’Eglise catholique. Lors de discussions avec d’autres laïcs, que ce soit au travail ou dans les affaires ou dans les universités, les laïcs doivent être prêts à réfuter les faux concepts qui sont aussi largement répandus. Ils doivent être prêts à dire : “Non, cela n’est pas vrai ! Ce n’est pas ce que l’Eglise enseigne.” Même ceux qui manquent d’éloquence ou qui n’ont pas de formation théologique ont le sens de la foi. Ces personnes peuvent répondre à des notions discutables en disant : “Non, ce que vous dites, je ne le crois pas. Ce n’est pas l’enseignement du Christ.” »
 

Le cardinal Burke revient sur la vision de l’enfer des enfants de Fatima

 
Le cardinal répond ensuite à une question sur l’enfer, rappelant l’enseignement traditionnel de l’Eglise à son sujet appuyé sur les paroles du Christ sur la réalité de ce lieu de souffrance éternelle et sur la possibilité de la damnation. « Si nous ne coopérons pas activement en essayant de répondre à la grâce de Dieu, nous courons le risque de la damnation éternelle », a rappelé le cardinal Burke.
 
Il a également répondu à une question sur la validité de la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, dont le cardinal a lui-même demandé lors du Rome Life Forum au mois de mai qu’elle soit faite et que les laïcs prient et œuvrent en ce sens. « Qu’entraîne la consécration que vous appelez de vos vœux : s’agit-il de quelque chose de plus que le simple fait pour le pape de nommer explicitement la Russie ? », demande Don Fier.
 
Réponse du cardinal Burke :
 
« C’est exactement cela ; c’est aussi simple que cela, c’est-à-dire : remplir la demande de Notre-Dame exactement comme elle l’a exprimée. Il n’y a pas de doute que le pape saint Jean-Paul II avait une conscience aiguë de la gravité de la situation, de la nécessité de consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie. Il avait l’intention de faire précisément cela le 25 mars 1984. Pour ma part, je crois qu’il l’aurait fait explicitement, sauf qu’à ce moment-là, on soutenait qu’en vue de promouvoir une relation plus amicale avec les pays du bloc de l’Est, le nom de la Russie ne devait pas être mentionné en particulier.
 
« Je crois que c’était l’intention du Saint-Père – qu’il a, en effet, consacré la Russie. Cependant, je crois également que, vu la situation où nous trouvons aujourd’hui, la consécration de la Russie doit être faite explicitement, exactement comme Notre-Dame l’a demandé (sans nullement nier l’intention de Jean-Paul II d’inclure la Russie lorsqu’il a consacré le monde à son Cœur Immaculé). Mon intention n’est pas d’adresser des accusations à l’égard de quiconque mais plutôt, en réponse au temps présent qui est si grave, de souligner l’urgence de réaliser la demande de Notre Dame exactement comme elle l’a demandé.
 
« Pour le redire : la consécration que j’ai demandée ne consiste nullement à remettre en question ce que sœur Lucie a dit à propos de l’accomplissement par saint Jean-Paul II de ce que Notre Dame a demandé. Il s’agit simplement de répondre à cette demande une nouvelle fois et de consacrer la Russie d’une manière explicite. En même temps, c’est le droit et le devoir des fidèles de demander au pape François de faire cette consécration.
 
« En réalité, je crois que pour ce qui est de la Russie, c’est un signe de respect et d’affection particuliers pour ce pays de la part de l’Eglise que de la consacrer explicitement au Cœur Immaculé de Marie. Certainement, au moment des apparitions, notre Bienheureuse Mère avait à l’esprit la diffusion du communisme athée. Celle-ci est liée à la diffusion du matérialisme et du relativisme qu’aujourd’hui on ne qualifie pas de communisme athée mais qui est tellement virulente au sein de notre société. Que la Russie soit consacrée aujourd’hui exprime également un respect de leur nation qui pourrait désormais conduire à une répudiation de la pensée athée. Ainsi la Russie pourrait revenir à son noble passé, où elle était l’une des nations au monde où la crainte de Dieu était la plus forte et où il y avait une immense dévotion à notre Bienheureuse Mère, spécialement en tant que moyen d’exprimer la foi en Dieu. »
 

La consécration de la Russie doit être faite de manière expresse

 
Pour le cardinal Burke, le temps est aujourd’hui arrivé pour que chacun s’exprime enfin ouvertement, notamment parmi les évêques et les cardinaux. Il a déclaré :
 
« A ce jour, un certain nombre de cardinaux et d’évêques ont communiqué avec moi de manière privée en exprimant leur soutien. Ils sont nombreux à ne pas avoir voulu prendre la parole publiquement et ils m’ont ouvertement affirmé que la raison en est qu’ils ne veulent pas endurer les attaques des mass media ni les attaques depuis l’intérieur même de l’Eglise. Nous sommes désormais dans une situation où celui qui défend ce que l’Eglise a toujours enseigné et pratiqué est accusé d’être un “ennemi du pape”. Il s’agit là d’une accusation terrible à l’encontre d’un frère cardinal ou évêque.
 
« Je crois qu’il est crucial que ceux qui sont restés silencieux – pour quelque raison que ce soit – se rendent compte que le temps est venu de parler. Sans quoi, nous verrions une situation comme celle qu’ont eu à affronter saint John Fisher et saint Thomas More au temps du roi Henri VIII. D’un côté, ils défendaient l’autorité du pontife romain qui refusait de permettre à Henri de divorcer de sa femme afin d’en épouser une autre. Au même moment, ils défendaient le mariage parce que ce que voulait faire Henri VIII, c’était en réalité de vivre avec une autre femme alors qu’il était véritablement marié avec son épouse. En termes pratiques, saint John Fisher et saint Thomas More étaient seuls à ce moment-là.
 
« Au cours du procès de saint Thomas More, on lui rappela que la plus grande partie des évêques et des abbés des monastères, et bien d’autres, soutenaient le roi. La réponse de saint Thomas fut qu’il avait l’Ecriture sainte, l’enseignement des conciles œcuméniques et de tous les grands saints pour témoins – et qu’il préférait rester avec eux. En ce qui me concerne, c’est l’exemple de ces deux grands saints que j’essaie de suivre. »
 
Un courage qui appelle la prière des catholiques fidèles !
 

Jeanne Smits