Afrique : Jusper Machogu, cet agriculteur attaqué parce qu’il veut du pétrole et dénie la nocivité du changement climatique

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Il y a un « récit » du changement climatique, auquel il ne faut pas déroger – surtout lorsqu’on vient des pays pauvres, affirmés par ledit récit comme étant les plus vulnérables… Un courageux fermier, en Afrique, vient d’en faire les frais. Parce qu’il commençait à avoir une petite notoriété sur les réseaux sociaux, pour sa vision sceptique de l’alarmisme climatique et sa défense des combustibles fossiles pour le développement, le jeune agriculteur kenyan Jusper Machogu a été l’objet d’un long article à charge de la part de la BBC.

Un article vide d’arguments, triste de sarcasmes, qui ne parvient à fustiger que « la théorie du complot ». Un article scandaleux où un riche occidental à l’abri se permet de juger et de condamner sans vergogne un homme du Sud qui se met en travers d’un discours imposé, pour sa survie et celle des autres. Le colonialisme vert des Occidentaux peut vraiment tout se permettre.

 

Le changement climatique : une « peur environnementale excentrique » (Jusper Machogu)

Il n’a pourtant que 25.000 abonnés, le compte X de Jusper Machogu. Mais c’est déjà beaucoup trop pour Marco Silva qui a intitulé son article, paru le 17 juin dernier : « Comment un agriculteur kenyan est devenu un champion du déni du changement climatique. »

Parce qu’effectivement, Machogu n’est pas d’accord avec la logorrhée ambiante. Il a osé dire que le changement climatique était « en grande partie naturel », qu’il n’y avait pas de « crise climatique ». Pire, il a osé avancer que l’idée d’un changement climatique provoqué par l’homme n’était pas seulement « une arnaque » ou un « canular », mais aussi un stratagème des pays occidentaux pour « maintenir l’Afrique dans la pauvreté ». C’est souvent ce qui arrive lorsqu’on cherche à comprendre les oukazes de la politique environnementaliste imposée au continent africain…

Machogu a donc lancé sa propre campagne, baptisée « Combustibles fossiles pour l’Afrique », affirmant que le continent devrait exploiter ses vastes réserves de pétrole, de gaz et de charbon. Il plaide en faveur de la mécanisation et de la modernisation de l’agriculture, louant avec enthousiasme les engrais synthétiques, les tracteurs et autres technologies stimulant la production rendues possibles par les combustibles fossiles et leurs dérivés.

« Les attaques contre ma campagne sont insensées. Je veux des combustibles fossiles pour l’Afrique. Je veux des engrais à base de combustibles fossiles pour que ma mère soit libérée de la corvée de fumier. Je veux que ma mère ait de l’eau courante. Je veux que ma mère ait un jour un réfrigérateur. Je veux que ma mère ait accès à une machine simple et que les autres aient des tracteurs pour mettre fin au travail pénible en Afrique. Je veux une énergie fiable et polyvalente pour mon peuple afin qu’il puisse ajouter de la valeur à divers produits et s’industrialiser. Je veux que mon peuple ait ce qu’a l’Occident : la prospérité ! », a-t-il lancé.

 

Le pétrole est nécessaire pour développer l’Afrique des agriculteurs

Il y a sûrement « un manque de compréhension », a suggéré Joyce Kimutai, une climatologue du Kenya citée par la BBC… Amusant comme, lorsque vous contestez que le changement climatique soit produit par l’homme et qu’il faille changer tous nos modèles de développement, vous êtes toujours, soit un âne bâté, soit un grand idéologue d’extrême droite. Jusper Machogu a droit au premier choix – quelque part, c’est déjà raciste.

Pire, la BBC suggère qu’il se fait manipuler, par de vrais idéologues cette fois-ci, venus d’Occident, et que l’essentiel de sa popularité vient de là. « La plupart des utilisateurs qui interagissent avec son compte sont en réalité basés aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et au Canada. Beaucoup de ces utilisateurs promeuvent également des théories du complot en ligne – non seulement sur le changement climatique, mais aussi sur les vaccins, le Covid-19 ou la guerre en Ukraine » : quand on est un complotiste, c’est jusqu’au bout.

Cerise sur le gâteau, « depuis qu’il a commencé à publier des théories démystifiées sur le changement climatique, il a reçu des milliers de dollars de dons – dont certains provenaient de particuliers de pays occidentaux liés aux intérêts des combustibles fossiles », écrit, sans crainte du ridicule, Marco Silva. Avec 9.000 $ de dons perçus en l’espace de deux ans, ils déclarent tenir en plus d’un parfait bêta, un grand véreux…

 

Le vrai champion de la désinformation, c’est bien la BBC

Et répondre sur le fond ? Que nenni. L’article de la BBC se contente d’une énième affirmation du Groupe d’experts inter-gouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) disant que « les scientifiques ont prouvé que la Terre se réchauffe à cause des gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère lorsque nous brûlons des combustibles fossiles, comme le pétrole, le gaz ou le charbon ». Et disant que l’Afrique est « l’un des continents les plus vulnérables » au changement climatique et à ses effets, notamment des vagues de chaleur plus intenses et plus fréquentes, des sécheresses prolongées et des inondations dévastatrices.

Faux et archi-faux, rétorquent les climato-sceptiques. « Les données suggèrent fortement que ce sont les agriculteurs pauvres plutôt que les journalistes instruits qui ont raison sur le changement climatique », écrit Linnea Lueken du Heartland Institute sur l’excellent site ClimateRealism : oui, un climat plus chaud est bon pour la vie. « Il n’existe aucune preuve que le changement climatique aggrave la situation de l’humanité. En fait, les gens vivent plus longtemps, la production de la nourriture augmente, la terre devient plus verte et moins de personnes meurent à cause de conditions météorologiques extrêmes et de températures non optimales », assure-t-elle. Et l’Afrique n’est en rien plus « victime » qu’un autre continent.

Et donc, oui, « un plus grand développement et une plus grande utilisation des combustibles fossiles bénéficieraient aux nations africaines pauvres, à condition qu’elles puissent récolter les bénéfices des produits et de la sécurité énergétique qu’offrent les combustibles fossiles, au lieu de voir les combustibles fossiles africains exploités par des gouvernements corrompus, ou expédiés vers les pays occidentaux avides d’énergie », continue Linnea Lueken : les pratiques agricoles dites « durables » sont « des jeux amusants lorsque votre vie n’en dépend pas ».

 

« La théorie du complot pourrait saper l’action climatique »

Faut-il rappeler, avec ClimateRealism, qu’en pleine période de réchauffement climatique définie comme telle par le GIEC, la production céréalière africaine a augmenté de 131 %, le rendement a augmenté de 48 %, et sept records de production ont été atteints entre 2011 et 2021 ? Tout cela parce que les engrais synthétiques modernes et les équipements alimentés par des combustibles fossiles ont contribué à augmenter la production alimentaire… Aujourd’hui, ils voudraient précisément casser cette dynamique, sous prétexte de peur.

L’agriculteur africain n’est pas une victime du changement climatique, c’est une victime du discours climatique, un relais exploité pour asseoir une idéologie : le célèbre psychologue Jordan Peterson a justement évoqué, en retweetant l’un des articles de Machogu, « l’Africain pauvre, opprimé et inutile » tel que l’imaginent les « utopistes mondialistes ».

Quand l’un d’entre eux se réveille, c’est une menace qu’il faut faire taire. Pour Peterson, Jusper Machogu est justement le « véritable Africain » qui dénonce la pression occidentale faisant de ces Etats des vassaux permanents dépendants de l’aide étrangère : pour le Sud, l’exemplarité écologiste rime avec pauvreté.

Le colonialisme vert mondialiste bat son plein.

 

Clémentine Jallais