Le socialisme donne de meilleurs résultats que le capitalisme, affirme la presse en Chine

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Un analyste économique de tout premier plan (à l’aune chinoise) vient de publier un éditorial dans le Global Times – contrôlé, comme l’ensemble de la presse en Chine, par les pouvoirs publics et donc par le parti communiste – pour chanter les vertus du « socialisme » marxiste par rapport au capitalisme. L’auteur omet soigneusement de mentionner l’influence décisive de l’ouverture des pays développés aux produits chinois et des transferts de capitaux et technologie de l’Occident vers la Chine – et l’effet de ruine des pays développés induit. « Le modèle socialiste chinois donne de meilleurs résultats que le capitalisme », affirme le titre de l’article de John Ross, le premier non-Chinois à avoir était engagé à plein temps dans un think tank majeur du pays, le Chongyang Institute for Financial Studies de l’université de Renmin. Il a été engagé à ce poste sur la foi de ses articles très favorables à la conduite de l’économie chinoise par le gouvernement central de Pékin. Il n’est pas inutile de rappeler que de mai 2000 à mai 2008, il a travaillé au cabinet du maire de la Greater London Authority où il était directeur de la politique économique et des affaires.
 
Son éditorial souligne que les quatre économies affichant la plus forte croissance depuis la mise en place du modèle néo-libéral du « Washington Consensus » suivent en réalité le modèle de développement de la Chine : la Chine elle-même, ainsi que le Vietnam (toujours communiste), et le Cambodge et le Laos qui s’inspirent fortement du modèle. « A l’inverse, les modèles de développement capitaliste, y compris le Consensus de Washington, ont produit des échecs », écrit John Ross. Manière de couper l’herbe sous les pieds des réformistes pro-capitalistes chinois qui, paraît-il, aimerait mieux voir ces informations passées sous silence.
 

Un économiste occidental au secours du socialisme chinois

 
Le modèle chinois, insiste l’auteur, est une création du Parti communiste chinois (gloire à lui…), très différente de la « stratégie économique dominante mise en avant par les institutions économiques internationales comme le FMI et la Banque mondiale et enseignée dans les facultés occidentales ». Les résultats de l’économie socialisée affichent de bien meilleurs résultats, assure John Ross, et cette supériorité prouve que le PC chinois « domine bien mieux la situation que les économistes occidentaux ».
 
Il souligne que 1993 à 2015 les quatre pays précités ont occupé les quatre premières places en termes de croissance du PIB par tête (en excluant des pays possédant moins de 5 millions d’habitants ou dont l’économie est dominée par la production pétrolière). La Chine, elle, caracole en tête depuis 1978, avec une croissance du PIB par tête six fois plus importante que dans le reste du monde. Ross explique que les autres pays qui l’ont progressivement rejointe en haut du tableau s’y trouvent depuis qu’ils appliquent le modèle chinois.
 
A la croissance s’ajoute selon lui « l’éradication de la pauvreté ». « Depuis 1980, la Chine a sorti de la pauvreté telle que définie par la Banque mondiale quelque 728 millions de personnes ; le Vietnam en a fait autant pour 30 millions de personnes, alors que dans le reste du monde seuls 120 millions de personnes au sein d’économies dominées par le consensus de Washington sont sortis de la pauvreté : « Sur la période, 83 % de la réduction de la pauvreté dans le monde a été constatés en Chine et 85 % dans des pays socialistes. »
 

Croissance : le socialisme vaut-il mieux que le capitalisme ?

 
C’est pour l’auteur la preuve que le socialisme fonctionne mieux au bénéfice des pauvres que le capitalisme qui, à l’évidence selon lui, n’est en aucun cas le moteur de la croissance économique et la réduction de la pauvreté. « Le modèle de développement socialiste chinois doit donc être considéré comme une énorme réussite au contraire du consensus de Washington, alors que le développement économique reste la question la plus fondamentale pour l’écrasante majorité de la population mondiale. » Cette proclamation d’un économiste occidental sonne comme un appel à exporter le socialisme façon « démocratie populaire » (ni populaire, ni démocratique) vers l’ensemble du globe. Et il y aura des lendemains qui chantent…
 
De fait, John Ross ne perd pas de temps pour l’affirmer : « Selon les dernières données de la Banque mondiale 84 % de la population mondiale vit dans des pays en voie de développement. Toute analyse objective visant à maximiser le potentiel de développement d’un pays devrait donc commencer par le modèle de développement socialiste de la Chine. »
 
Ce modèle se caractérise, rappelle-t-il, par le « rôle dominant du secteur public, des plans à grande échelle visant à éradiquer la pauvreté, une orientation politique socialiste qui réussissent à produire à la fois de la croissance économique et une réduction de la pauvreté ».
 

L’éradication de la pauvreté en Chine, une réussite communiste, selon John Ross

 
Ce plaidoyer pour le communisme accompagné d’un modèle de production visant le gain laisse beaucoup de choses dans l’ombre. Les salaires de misère accordés à une véritable armée de « sous-hommes » (et de sous-femmes) importés des campagnes vers les usines et contraints à des rythmes de travail infernaux… Les camps de travail qui ouvrent généreusement leurs portes aux criminels et aux délinquants, au nombre desquels il faut évidemment compter ceux qui pensent mal… Une uniformisation sans scrupule et la destruction, dans de nombreuses villes, des quartiers populaires au profit de nouvelles constructions… La création de toutes pièces de villes fantômes qui restent largement inoccupées… Les difficultés financières avec les récentes chutes boursières et les interrogations sur la « vraie » croissance chinoise dont certains se demandent si elle est réellement forte… Et l’absence de dépenses supposées liées au socialisme. La prise en charge des personnes âgées, les écoles, l’assurance santé sont très loin d’être au niveau de celles mises en place dans les pays occidentaux qui sont en réalité très largement socialistes. Et qui en souffrent du fait des charges pesant sur le travail par la gabegie propre à cette annexion de fonctions non régaliennes.
 
Il faut souligner aussi qu’il est plus facile de croître vite quand on part de quasi rien, que dans le cadre d’une économie qui s’est lentement développée au cours des siècles dans le respect de la liberté, une liberté aujourd’hui de plus en plus réduite à la fois par les coûteuses contraintes législatives, fiscales et, dans de nombreux pays d’Occident, environnementales.
 
A cela il faut ajouter que la Chine s’est développée en imposant une politique contraignante de contrôle de la population, avec la criminelle politique de l’enfant unique et son cortège d’avortements et de stérilisations forcés, remplacée aujourd’hui par une non moins contraignante politique des deux enfants qui tente de réparer les dégâts de la première. Car la Chine, qui voit sa population active diminuer, ne sait plus comment faire face à l’avenir après avoir profité de son « dividende démographique ».
 

Socialisme versus capitalisme : de meilleurs résultats ? Le faux exemple de la Chine

 
Il serait faux par ailleurs de mettre en concurrence le système chinois et le capitalisme très fortement teinté de socialisme de l’Occident, tant ils ont coopéré au cours des dernières décennies pour permettre à la Chine de devenir « l’usine du monde ». C’est avec l’accord et la complicité des pays développés que la Chine a pu, au moyen du dumping social et grâce à sa main-d’œuvre pléthorique et mal payée, emporter des marchés de construction et de fabrication qui ont mis des pays occidentaux, en Europe notamment, à genoux. La désindustrialisation de la France et d’autres pays est le résultat direct des délocalisations organisées par le consensus entre les dirigeants des économies communistes comme celle de la Chine et ceux de l’Occident par dessus la tête des forces vives des pays développés. Le mondialisme a favorisé en tous points le « socialisme » chinois, et cela continue en réalité à travers la multiplication des dispositions de libre-échange. Cela n’aurait pas non plus été possible sans le transfert de technologie dont la Chine a si largement bénéficié, là encore de manière tout à fait délibérée.
 
John Ross joue d’ailleurs sur une fausse dichotomie, une opposition apparente est savamment entretenue entre « socialisme » et « capitalisme », alors que les systèmes se ressemblent de plus en plus à la base et se rejoignent au sommet au profit d’une même classe dominante qui rêve de diriger toujours plus. Dans les faits on s’oriente vers un alignement du niveau de vie des classes laborieuses et moyennes dans le monde, ce qui ne se fera pas sans rétrécissement dans les pays riches, tel qu’il se produit en effet sous nos yeux.
 
Au temps du communisme soviétique, cette même opposition entre capitalisme occidental et socialisme marxiste faisait partie de la manière de « lire » la réalité du moment. On sait que tout au long de cette période, les leaders mondialistes dans leurs clubs, conseils et réunions discrètes s’entendaient fort bien pour promouvoir la marche en avant commune du bloc communiste et de l’Occident – et certainement pas au profit des peuples. Tout se passe aujourd’hui comme si cette logique discrète était toujours à l’œuvre, avec une poussée plus forte toutefois pour vanter les mérites du socialisme et d’un marxisme que les dirigeants chinois continuent de mettre en avant avec l’objectif de plus en plus clairement affirmé de l’imposer de manière visible ailleurs dans le monde.
 
Il est d’ailleurs un pays, nominalement capitaliste mais où ce socialisme de marché a déjà été imposé, et qui servira à montrer l’inanité des allégations de John Ross. Pays où la pression fiscale, qui révèle le taux de socialisation réelle de l’économie et de la société, atteint des records et où, naturellement, l’économie est en perte de vitesse. Pays où le chômage, malgré des promesses renouvelées qui n’engagent plus personne, ni ceux qui les font bien sûr, ni le peuple qui ne les reçoit plus, ne cesse de progresser. Pays où le niveau de vie stagne et où l’ascenseur social ne peut donc plus fonctionner, avec tous les risques de blocage de la société induits. Tu le connais lecteur ce monstre délicat : c’est notre France.
 

Anne Dolhein