Collusion islam-maçonnerie contre les chrétiens d’Indonésie

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De la charia imposée dans le sultanat d’Aceh aux protestations contre Miss Monde, aux incendies d’églises et aux massacres, tout porte la marque d’un islam conquérant au pays de Soekarno. Les Chrétiens d’Indonésie persécutés sont menacés d’extinction. Avec la bénédiction du pouvoir formé par la maçonnerie.

Les chrétiens en terre d’Islam, ou prétendue telle, sont aujourd’hui menacés, et ce dans le monde entier. Des drames récents ont attirés l’attention, des massacres de chrétiens en Irak ou Syrie, ou au Nigéria ou en Centrafrique, opérés par des milices musulmanes. Il est aujourd’hui pourtant rarement question des Chrétiens d’Indonésie, vaste pays comportant la plus grande population musulmane du monde, plus de 220 millions de disciples de Mahomet. Ils subissent périodiquement des persécutions locales. Qu’en est-il maintenant ?
Le christianisme reste aujourd’hui la deuxième religion de l’Indonésie, avec 10% de la population, soit à peu près 25 millions de chrétiens. L’Islam regroupe un peu moins de 90% des habitants de l’archipel. Subsistent de petites minorités religieuses historiques, hindouiste à Bali, et seulement là, ou bouddhiste parmi les Chinois des grandes îles occidentales.
 

Un cadre idéologique national déiste inspiré par la maçonnerie

 
Le nationalisme indonésien, très réel, est élaboré intellectuellement dans les années 1920, en opposition au colonisateur néerlandais, autour de la figure dominante de Sukarno. Sukarno pense véritablement l’Indonésie, comme un Etat, et une Nation, unifiés, ce qui n’a à cette époque rien d’évident. Il définit une langue indonésienne, à partir de la langue véhiculaire traditionnelle précoloniale, le malais, mais un malais simplifié, dit indonésien. Il dote cette langue d’un alphabet latin, refusant les transcriptions alternatives en caractères indiens ou arabes, et d’une graphie distincte de celle du hollandais, transcrivant par exemple son propre nom Sukarno au lieu de Soekarno. Cette langue doit être celle de l’Etat, la seule enseignée et diffusée, remplaçant d’autorité au besoin les centaines, sinon les milliers de langues et dialectes locaux.
Ce nationalisme indonésien s’inscrit dans la lignée des « Lumières » européennes du XVIIIème siècle, pour ne pas dire franchement de la franc-maçonnerie originale, déiste et philanthropique. Il aspire à la promotion du progrès de l’humanité, basée sur l’adoration d’un Dieu unique, au-delà des religions, qui ne seraient que des traditions historiques superficielles peu pertinentes, divisant artificiellement les hommes, sur l’éducation et sur la solidarité. Si, compromis par l’occupation japonaise (1942-45), puis se perdant plus tard en des coalitions mouvantes complexes, Sukarno aurait en fait relativement peu gouverné personnellement, malgré une présence au pouvoir en théorie significative de 1949 à 1965, et ce avec des résultats très mitigés, sa pensée demeure fondamentale pour le nationalisme indonésien, qui reste très fort. Elle est synthétisée dans les Cinq Principes : croyance en Dieu, amour de l’humanité, nationalisme, démocratie, justice sociale.
Ce déisme est très éloigné de la foi chrétienne, faut-il le rappeler. Mais il n’a pas déclenché de persécutions violentes contre des Chrétiens, du moins en tant que Chrétiens, contrairement à ce qu’il a fait pour certains islamistes. En effet, cette « laïcité » fut contestée dès l’origine, les années 1920, par les cadres traditionnels javanais, avec des échos dans les grandes îles musulmanes voisines de Sumatra et Bornéo. Tous pensaient qu’une société où les musulmans sont majoritaires devrait être gouvernée selon le droit islamique, issu de l’Arabie du VIIème siècle et importé assez tardivement en Indonésie. La réplique des sukarnistes consista à rappeler que le contexte désertique et arabe ancien ne correspond en rien au climat équatorial humide et au passé prestigieux et complexe de l’Insulinde. Sukarno tint d’ailleurs à développer comme grande référence historique pour l’Indonésie en gestation puis construction, non les sultanats musulmans des XVIème et XVIIème siècles, mais le grand Etat hindouiste couvrant Java au XIVème siècle, et possédant des comptoirs sur d’autres îles, le Majapahit. Ainsi, s’il s’est gardé d’attaquer frontalement l’Islam, le pouvoir nationaliste indonésien s’est placé dans un cadre idéologique déiste et non musulman durant les premières décennies. Donc Djakarta menait à l’origine une politique religieuse neutre envers les Chrétiens et pleine de circonspection envers les musulmans réclamant la charia. Mais les choses ont un peu changé depuis 1998 (et non 1965, selon une fausse rupture couramment évoquée).
 

L’islam ultra majoritaire agresse le christianisme

 
En 1998, la crise politique succédant à la crise économique, le régime nationaliste indonésien a manqué de peu l’effondrement total, doublé d’un éclatement au moins partiel du pays. Finalement, seul le Timor Oriental, catholique et anciennement portugais est devenu indépendant : ni Aceh dans l’ouest de Sumatra, ni la Papouasie à l’est n’ont fait sécession. Mais l’Indonésie est devenue plus fragile. L’armée, acteur politique essentiel, permet la subsistance de plusieurs partis politiques qui alternent au pouvoir, ou se coalisent pour former le gouvernement. Ils se prévalent parfois des « valeurs islamiques », tout en conservant leur vieux fond nationaliste et déiste et en demeurant distincts des dizaines de partis islamistes, qui ont parfois leurs milices armées. Ces dernières comptent plusieurs milliers d’adhérents, peut-être jusqu’à 15.000-20.000, ce qui est beaucoup trop dans l’absolu, mais demeure relativement restreint à l’échelle des 250 millions d’Indonésiens. Les courants islamistes ont repris une nette vigueur depuis 1998. Ils rassemblent le tiers des électeurs au total. Ils demeurent toutefois très divisés, incapables de s’associer en cartels électoraux significatifs. Ils ont aussi, dans de multiples gouvernements provinciaux et municipalités, montré qu’ils étaient aussi peu incorruptibles que la classe politique nationaliste plus traditionnelle. Toutefois, les islamistes parviennent à faire passer tout ou partie de la charia dans les gouvernements locaux. C’est le cas par exemple dans le sultanat d’Aceh, où elle s’applique aussi aux non musulmans, surtout en matière sexuelle. A Java et pour ce qui regarde le gouvernement central, la revendication musulmane passe souvent par des ligues antipornocratie qui assimilent Occident, licence et christianisme et entendent promouvoir la charia par le biais du bon sens et des bonnes mœurs : c’est ainsi par exemple que l’élection de miss univers à Djakarta a suscité des manifestations puissantes. Ici le gouvernement nationaliste déiste doit louvoyer, car il doit tenir compte de son image internationale « progressiste » et du tourisme. Mais s’il lui arrive de s’opposer aux revendications musulmanes, il n’en soutient pas pour autant les Chrétiens.
Les milices islamiques sont parfois difficiles à distinguer des groupes de bandits purs et simples et peuvent s’affronter entre elles. Entre 2000 et 2006, des volontaires islamistes du Laskar Jihad ont massacré des milliers de chrétiens des Moluques du Sud, en menant une guerre sainte locale, tout comme, dans une moindre mesure, en Papouasie. Le Laskar Jihad serait en principe dissous. Les membres du groupe demeurent totalement impunis, et beaucoup d’entre eux militent certainement aujourd’hui dans des mouvements semblables. Le gouvernement et l’armée ont laissé faire durant plusieurs années. Même s’ils apprécient peu les islamistes, les notables conservateurs n’envisagent que timidement, voire pas du tout, de protéger les Chrétiens contre eux. Outre le fait que les déistes n’apprécient pas du tout le christianisme, plus éloigné d’eux que l’Islam, ils considèrent, pour des raisons philosophiques, que les chrétiens forment des minorités ethniques et religieuses dangereuses pour l’unité nationale. Ils aspirent à la disparition à long terme de toutes les minorités dans le creuset indonésien voulu par Sukarno.
 

Les chrétiens d’Indonésie menacés dans chaque région

 
Qui sont les chrétiens d’Indonésie ? Avant tout, des minoritaires ethniques. Ils sont en outre divisés entre catholiques et calvinistes. Les Protestants restent plus près de leurs coreligionnaires néerlandais du XIXème siècle que de ceux d’aujourd’hui, au mieux vaguement déistes pour la plupart. Sont entièrement chrétiens les Batak de Sumatra, les Minhahasais des Célèbes, les Sundanais, sur les divers îles de la Sonde, les Papous, qui peuplent la province la plus orientale de l’Indonésie, la Papouasie Occidentale. Sont partiellement chrétiens, les Chinois des grandes îles, les indigènes des Moluques du Sud, ou les Ngaju-Dayak de l’intérieur de Kalimantan (la partie indonésienne de Bornéo). Les Chinois sont encore partiellement bouddhistes, tandis que les populations des Moluques du Sud ou les Dayak sont aussi pour beaucoup musulmanes. Les Sundanais chrétiens, majoritaires à Florès, au Timor Occidental, tout comme les Sud-Moluquois sont plutôt catholiques, héritage des missionnaires portugais au début du XVIIème siècle. Les autres sont plutôt protestants, avec une forte minorité catholique chez les Papous. Les Papous pratiquent en outre couramment un syncrétisme de fait entre le christianisme et leur paganisme traditionnel.
Ces chrétientés sont menacées de submersion démographique par la politique de « transmigrasi » de l’Etat indonésien. Officiellement abandonnée entre 1998 et 2000, elle se poursuit de facto, et demeure importante. De quoi s’agit-il ? Des populations, malaises et musulmanes, des îles très densément peuplées centrales, en particulier Java et Madura, sont dispersés par millions sur les îles qui le sont moins. Par exemple Bornéo. Ceci ne veut pas dire qu’elles soient inhabitées. Elles le sont par des minorités chrétiennes souvent. Cette submersion démographique voulue pour unifier ethniquement l’Indonésie affecte aujourd’hui surtout les Iles de la Sonde, les Moluques du Sud, la Papouasie, qui compteraient toutes désormais 30 à 40% de musulmans, pour la grande majorité venus d’ailleurs, de Java ou Madura en particulier. Parfois les indigènes réagissent violemment. L’armée indonésienne a toléré l’expulsion des Madurais implantés à Bornéo par les Dayak musulmans, il y a une décennie. Par contre, elle défend très fermement les colons musulmans attaqués sur les îles chrétiennes. La lutte contre la guérilla papoue associe nationalisme indonésien conquérant, sur des terres absolument pas malaises, et haine islamique des chrétiens. A quoi s’ajoute un racisme très vif de populations jaunes contre des noirs de Nouvelle-Guinée. Les nationalistes, comme les islamistes, envisagent donc la submersion des Chrétiens d’ici une à deux décennies, et coopèrent largement sur cet objectif. Quant aux Chinois, chrétiens ou bouddhistes, toujours minoritaires partout, ils sont victimes régulièrement de pogroms, très peu réprimés par les autorités.
Ainsi, partout dans le monde, de l’Afrique à l’Océanie, les Chrétiens en terre d’islam sont donc toujours menacés. C’est désormais une vérité établie, indiscutable, liée à l’islam lui-même même si elle ne se confond pas avec lui, et certainement pas une aberrante surexcitation locale, unique dans le temps et l’espace, comme le chantent ad nauseam les médias désinformateurs.
 
Octave Thibault