Quatre millions de citoyens de l’UE pourront rester au Royaume-Uni après le Brexit, sans contrepartie

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Le ministre de l’Intérieur britannique, Sajid Javid, a annoncé le régime auquel seraient soumis après le Brexit les citoyens des pays de l’UE résidant au Royaume-Uni. Et ce régime très favorable, annoncé sans contrepartie de la part de l’UE et avant même d’avoir obtenu des avancées dans les négociations avec Bruxelles, ne fait pas que des heureux parmi les souverainistes outre-Manche.
 
C’est ainsi que l’on sait d’ores et déjà que les candidats à un permis de résidence au Royaume-Uni auront seulement à répondre à quelques questions en ligne ou via une application de smartphone et à payer 65 £, soit moins que ne doit débourser un Britannique quand il souhaite obtenir un passeport. Les réponses données par les citoyens de l’UE seront comparées aux bases de données britanniques, le but étant, selon le ministre de tout faire pour donner une réponse positive rapide à un maximum de demandes. Le casier judiciaire britannique des candidats sera vérifié, pour s’assurer qu’ils n’ont rien commis de grave, mais les autorités britanniques n’auront pas accès au passé judiciaire des citoyens de l’UE dans leur pays d’origine. On ne peut donc exclure que des permis de résidence soient accordés à des délinquants et des criminels. Un tel accès était pourtant une revendication de Londres dans les négociations en cours, mais sur ce dossier comme sur d’autres, le gouvernement de Theresa May semble abdiquer sans avoir obtenu de contreparties, se privant ainsi d’arguments pour obtenir des concessions de la part des 27.
 

Des formalités réduites au minimum pour tous les citoyens de pays de l’UE résidant au Royaume-Uni au 31 décembre 2020

 
Cela lui vaut donc de nouvelles critiques de la part des partisans du Brexit, d’autant plus que le nombre d’étrangers qui pourraient ainsi obtenir le droit de rester définitivement et de travailler au Royaume-Uni serait non pas de 3 millions comme on le pensait jusqu’ici, mais de près de 4 millions d’après l’annonce faite par le ministre Sajid Javid, qui a reconnu que les autorités britanniques ne connaissaient pas le chiffre exact mais prévoyaient qu’il y aurait entre 3,2 et 3,8 millions de demandes de permis de résidence permanente. Il faut dire que ces permis seront offerts à tous les citoyens de pays de l’UE qui, au 31 décembre 2020, pourront justifier d’au moins cinq ans de résidence au Royaume-Uni. Les autres auront droit à un permis de résidence préliminaire qui deviendra permanent une fois qu’ils auront atteint ce seuil des cinq ans de résidences. Seront également éligibles, au titre du regroupement familial, les frères et sœurs, les parents et grands-parents, les enfants, ainsi que les partenaires non mariés et non pacsés, du moment qu’il pourra être justifié d’au moins deux ans de vie commune. L’annonce de ce ministre de l’Intérieur, né dans une famille musulmane d’origine pakistanaise, est vraiment très favorable aux immigrés européens présents au Royaume-Uni, mais est-ce vraiment ce pour quoi les électeurs britanniques ont voté lors du référendum sur la sortie de l’UE ?
 

Plusieurs leaders Tories demandent que les promesses du ministre de l’Intérieur soient conditionnées aux résultats des négociations sur le Brexit

 
Plusieurs leaders Tories ont critiqué les promesses du ministre de Theresa May. C’est notamment le cas d’Iain Duncan Smith, ancien chef du Parti conservateur, et de David Jones, ancien secrétaire d’État aux affaires européennes de Mme May, pour qui le régime annoncé est trop généreux et doit surtout pouvoir être annulé en fonction de ce qui sera proposé par l’UE pour les citoyens britanniques résidant sur le continent. Or, d’après le Telegraph, le nouveau système de demandes de permis de résidence annoncé par le Home Office devrait être mis en place dès cette année. Et pendant ce temps, à en croire les statistiques publiées par le Telegraph, l’immigration se poursuit à un rythme soutenu, même si la part des nouveaux immigrés originaires de l’UE est en baisse : 90.000 d’octobre 2016 à septembre 2017, contre 165.000 d’octobre 2015 à septembre 2016 (immigrants hors-UE : 205.000 en 2016-17 contre 165.000 en 2015-16).
 

Olivier Bault