Comment la concurrence de la Chine a dégradé la santé des Américains blancs modestes

concurrence Chine dégrade santé Américains blancs modestes
 
Soudain, les « pauvres blancs » et autres délaissés de la mondialisation et du libre-échange intéressent les journalistes washingtoniens. A l’évidence secoué par l’élection de Donald Trump, le Washington Post s’étendait ainsi le 23 novembre sur les conséquences sanitaires de la concurrence chinoise parmi les Américains blancs adultes non diplômés. Chez eux l’envolée des suicides, des surdoses d’opiacés, de l’obésité est nettement corrélée avec l’ouverture des frontières des Etats-Unis aux produits chinois.
 
Ces Américains blancs non diplômés, la quarantaine – qui en partie ont fait le succès de Trump au  désespoir de l’oligarchie mondialiste – ont vu leur taux de mortalité repartir à la hausse après des décennies d’amélioration.
 

Suicides, surdoses en hausse depuis la libération du commerce en 2000

 
Deux économistes, Justin Pierce, du bureau des gouverneurs de la Réserve fédérale, et Peter Schott, professeur à Yale, ont publié cette semaine une nouvelle analyse. Ils ont découvert une corrélation certaine entre la libération des échanges avec la Chine et l’envolée des taux de suicide et de surdoses mortelles de drogue. Un phénomène observé depuis 2000, quand le président Bill Clinton et les élus républicains du Congrès ont autorisé une hausse massive des importations.
 
Pierce et Schott estiment que la concurrence avec les entreprises chinoises, qui a entraîné de très nombreuses fermetures d’usines aux Etats-Unis, a laissé sur le carreau d’innombrables salariés américains lesquels n’ont ensuite jamais réussi à retrouver un niveau de vie équivalent. Ils sont tombés dans la dépression et l’addiction. Les adultes blancs, en particulier, ont profondément souffert de ce tournant politique.
 
Schott, s’empresse de noter le Washington Post, reste « très favorable au libre-échange ». Mais il fait partie de ces gens qui estiment « qu’il faut être honnête sur ses conséquences car il ne bénéficie pas à tous de façon égale ». Il était temps de le découvrir car les chiffres sont criants.
 

La concurrence de la Chine a pris les emplois des Américains blancs modestes

 
Nos deux analystes estiment que la hausse des importations chinoises a entraîné, depuis 2000, une hausse de 0,42 pour 100.000 du taux de suicide dans les zones désindustrialisées, où l’activité économique était vulnérable à la concurrence. La hausse du taux de décès par surdose de drogue s’établit à 1,27 pour 100.000 et par alcoolisme à 0,23/100.000. Seuls les crises cardiaques ont reculé dans ces zones (- 2,69) : on y est moins sujet à la maison qu’en travaillant en usine.
 
La chute de l’emploi dans l’industrie américaine est flagrante à partir de 2000.  Le nombre de postes était stable autour de 17 millions de 1965 à 2000. A partir de cette année-là, il plonge de 17,3 millions  à moins de 12 millions en 2009 pour se stabiliser à 12,3 millions en 2015. D’autres économistes, de l’Université de Chicago, estiment que l’envolée des importations chinoises a entraîné le licenciement de 2 à 2,4 millions d’Américains. La crise de 2008 a accentué le phénomène.
 

Surmortalité des Américains blancs modestes à cause d’une santé dégradée

 
Donald Trump a promis de renégocier les accords commerciaux et a menacé, durant sa campagne, de frapper les produits chinois de lourdes taxes. La Chine vient de dépasser la barre du million de brevets déposés en un an, loin devant les États-Unis (526.000).
 
Pressentant l’interprétation « politiquement incorrecte » de ces données socio-économiques, le Washington Post, qui a fait campagne pour Hillary Clinton, s’empresse de rappeler que Schott estime que le libre-échange  « a eu des effets bénéfiques pour l’économie en général et donc a pu améliorer la santé globale des Américains ». Selon  lui, ils ont pu économiser sur les biens importés et donc dépenser plus pour leur santé. « Fermer la porte au commerce extérieur – je ne vois pas ça comme la meilleur réponse possible », estime Schott, car « cela nuirait à tout le monde ». L’économiste préfère demander aux politiques de « faire mieux pour que tous profitent de la mondialisation ». Plutôt des chômeurs dociles car indemnisés que des salariés émancipés par leur travail : la doxa du socialisme new look.
 
On ne sait pas que la loi Smoot-Hawley de 1930, qui frappait les importations et a été abolie en 2000, eût empêché les Etats-Unis d’améliorer leur niveau de vie global. Rétablir des barrières pourrait en revanche limiter les ambitions mondialistes de la Silicon Valley et de Wall Street. Or tous les Américains n’y travaillent pas.
 

Matthieu Lenoir