Congélation embryonnaire : aux Etats-Unis, un bébé conçu 18 mois après sa mère vient de voir le jour…

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La folie reproductrice ne fait que commencer. Une petite Emma Wren, née le 25 novembre dernier, vient de faire les gros titres parce qu’elle a été conçue en… 1992. Sa mère, Tina Gibson, 26 ans, avait été conçue 18 mois plutôt. Ce pseudo « miracle » a été rendus possible par la congélation embryonnaire : la petite Emma est le résultat d’une fécondation in vitro : elle a été conservée 24 ans, un record, avant d’être donnée pour implantation.
 
Tina s’est mariée jeune, à 19 ans. Son mari Benjamin est atteint de fibrose kystique, une maladie mortelle qui lui laisse une espérance de vie d’une trentaine d’années et qui est liée à des problèmes de fertilité. – d’où ce choix de convoler tôt. Le couple avait décidé d’adopter avant même de se marier ; il avait même servi de famille d’accueil pour se préparer à cette éventualité. C’est alors que les jeunes mariés ont appris qu’ils pouvaient bénéficier d’un don d’embryon de la part du Centre national de donation d’embryons de Knoxville, Tennessee.
 

Emma Wren, bébé conçu 18 mois après sa mère, aurait pu être sa meilleure amie…

 
La décongélation est intervenue en mars de cette année et une procédure d’implantation identique à celle utilisée lors de la fécondation in vitro a eu lieu, aboutissant au bout de 40 semaines de gestation à un accouchement naturel et sans anesthésie.
 
Ayant appris au moment du transfert que l’embryon avait 24 ans, Tina avoue aujourd’hui s’être alors exclamé : « Vous savez, je n’ai que 25 ans… Elle et moi, nous aurions pu être meilleures amies. »
 
Bien sûr, l’affaire a permis de sauver la vie d’un tout petit d’homme condamné à l’enceinte concentrationnaire, comme le disait le Pr Jérôme Lejeune. Le centre de Knoxville a 700 adoptions à son actif : plus que n’importe quel autre centre de ce type.
 

La congélation embryonnaire aux Etats-Unis concerne entre 700.000 et 1.000.000 de tout-petits d’homme

 
Mais l’affaire de Tina et Benjamin, très croyants, montre aussi l’envers du décor : ainsi, ils ont compulsé des dizaines de profils pour trouver les détails des parents biologiques des embryons au moment de leur conception : poids, taille, âge, couleur de peau… En éliminant les géniteurs trop grands, ils ont réduit leur choix à 10, puis à trois embryons qui devaient satisfaire à des critères de durée de conservation identique et de stade de développement similaire.
 
Conservée grâce à une technique déjà dépassée de cryo-conservation par congélation lente, la petite Emma Wren est, selon les responsables du centre national de donation, la preuve vivante que les embryons dont le développement est arrêté par le grand froid pourraient bien avoir une « durée de conservation infinie ».
 

Le bébé a plusieurs frères et sœurs, embryons congelés…

 
A ce jour, on estime le nombre d’embryons surnuméraires congelés à la suite d’une fécondation in vitro à quelque part entre 700.000 et un million. Une population dont la vie est suspendue dans le temps et sur le développement et la santé de laquelle on n’a que peu de recul.
 
Pour ce qui est des Gibson, Tina a déjà fait savoir que si pour l’heure, elle n’est pas pressée de revivre un accouchement (surtout sans péridurale), elle pourrait envisager une nouvelle grossesse : « Je suis sûre que j’aurai le virus des bébés d’ici à un an et que j’aurai envie de le faire. » « Emma a des frères et sœurs, il y a un tas d’embryons qui ont son ADN », a renchéri Benjamin : « Nous serions ravis de les avoir aussi. »
 

Jeanne Smits