Vertiges, vomissements… : d’étranges pathologies cérébrales frappent des diplomates canadiens et états-uniens en poste en Chine et à Cuba suite à des attaques aux sons. Catherine Werner, une fonctionnaire états-unienne sur laquelle ont été diagnostiquées des lésions cérébrales inexpliquées apparues à Canton, en Chine, semble victime des mêmes symptômes que ceux constatés sur plus d’une vingtaine de diplomates nord-américains travaillant à Cuba.
Selon la mère de Catherine Werner, Laura Hughes, qui souffre de symptômes similaires après avoir passé quelques temps avec sa fille, toutes deux se sont vu diagnostiquer « des problèmes de vision, d’équilibre et d’audition liés à une atteinte organique du cerveau ». Mme Hughes rapporte qu’elle et sa fille ont entendu des bruits étranges dans le logement de cette dernière. Elles ont trouvé des preuves d’effraction. Les diplomates atteints des mêmes troubles à La Havane ont témoigné avoir perçu ces mêmes sons étranges. Tout pousse les enquêteurs à estimer que les lésions sont provoquées par des agressions de nature « sonore ».
Des sons secs et des sons sourds, des vomissements de sang
« Nous entendions un son très sec dans la chambre de Catherine, et un son très sourd, comme une pulsation dans la salle de séjour », a expliqué Laura Hughes sur NBC. « Nos têtes battaient. On avait comme envie de vomir. Nous avions l’impression que nous allions être paralysées sur-le-champ, épuisées. » Mme Hughes a relevé aussi, outre les troubles ressentis par elle et sa fille, que deux chiens avaient été atteints. Ces animaux, adoptés après que Catherine Werner a découvert des preuves d’intrusion dans son appartement, se sont réfugiés dans des pièces où ils n’avaient pas l’habitude de séjourner. Ils étaient atteints de vomissements sanglants.
« Vous vomissez, vous êtes malade, tellement malade » a expliqué Mme Hughes, « votre tête explose, vous titubez, c’est une sensation effrayante, indescriptible ». Elle explique surtout que sa fille Catherine « n’est aujourd’hui plus que l’ombre d’elle-même ». Elle déplore enfin ne recevoir que très peu d’aide du département d’Etat, le ministère américain des Affaires étrangères. Un regret exprimé par toutes les autres victimes.
Le gouvernement chinois a répondu de façon très évasive. Pourtant, si Catherine Werner est le seul cas attesté et confirmé en Chine, d’autres fonctionnaires affirment avoir souffert de troubles du même type. Mark Lenzi, qui travaille au consulat américain de Canton, avait confié en juillet qu’il avait entendu des bruits similaires, entraînant déséquilibres, nausées et autres symptômes de commotion. Le Département d’Etat a évacué et rapatrié neuf personnels de Chine et fourni des soins à 250 autres qui redoutaient d’avoir été exposés à des attaques de même type.
Sons très sourds : le même mode d’attaques cérébrales à Cuba et en Chine
Laura Hughes, Catherine Werner en Chine et les diplomates ayant été exposés au même mode d’attaques cérébrales à Cuba sont examinés par des experts à Philadelphie, où sont menées les études les plus avancées. Les chercheurs ont publié en février un rapport, repris dans la revue médicale JAMA, qui conclut que les 26 personnes atteintes de souffrances cérébrales, contractées à Cuba, ne pouvaient en aucun cas relever de stress ou de facteurs psychologiques. Le texte met en cause un « mécanisme atypique », sans pouvoir l’expliquer.
Le régime communiste cubain affirme au contraire que l’origine des troubles est psychologique ou… politique. La télévision d’Etat cubaine concluait l’année dernière que les Américains devaient leur maladie aux bruits des criquets ou des cigales et étaient paranoïaques. Le ministère cubain des Affaires étrangères a qualifié la théorie de l’attaque de « science-fiction ».
Contrairement au Département d’Etat américain, le gouvernement canadien de Justin Trudeau n’a pas évacué d’autorité ses diplomates de Cuba et n’a pas demandé de comptes à La Havane. Pourtant une douzaine de fonctionnaires et leurs familles souffrent de symptômes semblables. Le Globe and Mail de Toronto a rapporté sous couvert d’anonymat qu’ils étaient consternés par la passivité de leur gouvernement, évoquant « un abandon », voire « un sacrifice ».
Le Canada ne veut pas défendre ses diplomates attaqués à Cuba
L’un d’eux a confié que « le Canada ne les défendra jamais contre Cuba en raison de la volonté d’Ottawa d’obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU ». Pire, le gouvernement canadien a dans un premier temps interdit à ses diplomates malades de se rendre à Philadelphie pour que l’équipe médicale puisse comparer leurs symptômes à ceux de leurs homologues états-uniens. Il leur a fallu des mois de démarches bureaucratiques pour pouvoir enfin s’y rendre et se voir dresser le même diagnostic.
Le gouvernement cubain est depuis longtemps impliqué dans des actions illégales contre les Américains, jusqu’à l’assassinat, mais Ottawa et La Havane entretiennent depuis longtemps une solide amitié. Fidel Castro, dictateur sanguinaire, fut porteur de cercueil honoraire aux funérailles de l’ancien Premier ministre libéral Pierre Trudeau, père de l’actuel Premier ministre Justin. Ni Ottawa, ni Washington n’ont présenté d’explication.