Le ministre danois de l’Immigration et de l’Intégration Inger Støjberg a déclaré le 9 septembre que son pays ne prendrait aucun réfugié cette année dans le cadre du système de quotas de l’ONU. Mme Støjberg a aussi demandé que ce régime de quotas de réinstallation soit assoupli de manière à ce que le Danemark puisse envisager de prendre un certain nombre de réfugiés chaque année, mais sans y être contraint. Depuis 1989, le Danemark s’était engagé à prendre chaque année 500 réfugiés choisis par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) en vue de leur réinstallation. Mais en novembre 2016, Inger Støjberg avait annoncé la suspension pour une durée indéterminée de ce programme, après avoir annoncé en août de la même année le report de l’accueil des réfugiés du quota de l’ONU pour 2016. Pour justifier son refus des quotas fixe de l’ONU, le ministre a expliqué qu’il était difficile de prévoir pour une année donnée le nombre d’immigrants qui se présenteraient à la frontière pour demander l’asile, et que le Danemark doit donc pouvoir faire fluctuer le nombre de réfugiés réinstallés par le HCR en fonction des demandes d’asile reçues par ailleurs. Il s’agit pour le gouvernement danois de faciliter l’intégration des personnes accueillies au Danemark en limitant leur nombre.
Depuis les élections de juin 2015, le Danemark a beaucoup serré la vis en matière d’immigration extra-européenne
Inger Støjberg, du Parti libéral du Danemark, est à l’origine d’une série de mesures restrictives prises depuis 2015 afin de freiner l’afflux de demandeurs d’asile, y compris une règle qui autorise la police à confisquer les avoirs des nouveaux arrivants pour cofinancer leur accueil, et une loi qui permet de refouler les demandeurs d’asile à la frontière si le nombre d’immigrants est trop élevé. Depuis les élections de juin 2015, le gouvernement de centre-droit dirigé par le premier ministre Lars Løkke Rasmussen, minoritaire, a besoin du soutien du Parti populaire danois, un mouvement à la fois eurosceptique et opposé à l’immigration de masse.
Ni les quotas de réinstallation des réfugiés de l’ONU, ni les quotas de relocalisation de l’UE
Dans le cadre du programme de réinstallation de l’Union européenne, lié à l’accord UE-Turquie par lequel Ankara s’est engagé à réadmettre sur son territoire les migrants arrivés illégalement en Grèce, le Danemark s’est toutefois engagé à prendre 345 réfugiés sur 20.000. Comme le Royaume-Uni et l’Irlande qui bénéficient de clauses spéciales dans les traités européens, le Danemark ne participe pas, en revanche, au programme de relocalisation des demandeurs d’asile arrivés illégalement en Italie et en Grèce. Copenhague n’est donc pas directement concernée par le conflit entre, d’un côté, Bruxelles, Berlin, Paris et Rome et, de l’autre côté, les capitales du Groupe de Visegrád qui s’écharpent sur la question de la relocalisation dans l’UE des immigrants illégaux. Cela permet au Danemark d’être moins critiqué pour les questions d’immigration que la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie et la Hongrie tout en conduisant des politiques non moins restrictives.