DRAME HISTORIQUE
Dans un recoin de ce monde ♥♥♥♥

 
Dans un recoin de ce monde est un drame historique nippon, sous la forme d’un dessin animé. Il est inspiré d’un manga très célèbre au Japon. Il est composé comme un roman historique, dans ce que ce genre peut avoir de meilleur : il aborde la grande l’Histoire à travers la petite, celle de personnages qui n’ont pas joué de rôle majeur dans les événements mais les ont connus ; et si ces personnages sont fictifs, ils sont parfaitement crédibles, et s’insèrent de la manière la plus fluide dans la trame historique générale.
 
Dans un recoin de ce monde évoque particulièrement le Japon autour de la Mer Intérieure, et très précisément les petites capitales régionales que sont Hiroshima et Kure, des années 1920 aux lendemains de la deuxième guerre mondiale. Le film a pour personnage principal une enfant des campagnes proches de Hiroshima. Enfant, puis adolescente dans les années 1930, elle aide ses parents dans leurs travaux des champs, tout en étudiant à l’école, jusqu’au niveau du collège. Rêveuse, elle possède un grand don pour le dessin. Au début des années 1940, elle est mariée, sans qu’on lui demande vraiment son avis, à un prétendant inconnu. Le prétendant est un officier de la marine nippone, en poste administratif à l’arsenal de Kure –équivalent de Brest ou Toulon pour le Japon d’alors ; il appartient à une famille honorable, et plus riche que la sienne ; aussi ses parents ont décidé logiquement d’accepter la demande. Cet officier l’avait trouvée jolie en la croisant dans la rue. Sans dramatisation anachronique, est bien rendue la gêne de devoir s’offrir à un inconnu, même prévenant. Rien d’indécent n’est montré à l’écran. L’intégration dans la belle-famille permet de montrer un milieu social différent, plus élevé, sans être pour autant franchement riche, celui des ingénieurs navals ; l’héroïne s’entend mal avec sa belle-sœur, épouse de bijoutier, au caractère peu facile. Malgré des moments difficiles, psychologiquement, puis matériellement – à partir de 1943, les contraintes de la guerre se font sentir -, l’héroïne réussit, par sa bonté d’âme spontanée, à s’intégrer.
 

Dans un recoin de ce monde, le plaisir rare d’un film parfaitement réussi !

 
Nous ne raconterons pas davantage le film. Mais cette chronique familiale passionne. Le dessein et les couleurs sont absolument superbes ! Le plaisir pour les yeux est de tous les instants ou presque. Les éléments techniques du décor de l’époque, des objets de la maison, des voitures, des avions, et même des grands navires de guerre nippons stationnant à Kure, comme le supercuirassé Yamato, sont parfaitement rendus. Les civils japonais ont terriblement souffert en 1944-45 des bombardements américains systématiques qui ont incendié les villes, et de la faim. Le drame de Hiroshima n’est indiqué que de manière indirecte, l’héroïne étant alors à Kure, mais de ce fait s’inscrit d’autant plus dans ce terrible climat général.
 
Dans un recoin de ce monde offre le plaisir rare d’un film parfaitement réussi !
 

Hector JOVIEN

 
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