David Cameron : « la zone euro menace de sombrer dans une troisième récession »

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Le Premier ministre britannique l’a déclaré sans détours, lundi, dans les colonnes du quotidien The Guardian : la crise couve toujours. Plus particulièrement pour la zone euro qui menace de sombrer dans une troisième récession. Mais si les Européens sont spécialement fragilisés par la monnaie unique, ils ne sont pas les seuls : le monde ne va pas bien. « Les voyants sont au rouge sur le tableau de bord de l’économie mondiale », déclare, au lendemain du G20, l’actuel locataire du 10 Downing Street.
 
David Cameron voit de multiples raisons extra-économiques à cette situation – qui vont de la crise ukrainienne à la guerre civile syrienne, en passant par l’épidémie du virus Ebola – mais qui, toutes, participent à constituer, pour le Royaume-Uni, un « dangereux contexte d’instabilité et d’incertitudes ».
 

Les effets d’une troisième récession de la zone euro

 
Certes, avec une croissance prévue du PIB de 3,5% pour 2014, le Royaume ne se porte pas trop mal. Mais les prévisions pour 2015 sont déjà à 2,9%, sans perspective immédiate de remontée, bien au contraire, l’année suivante.
 
Alors que, du fait d’une situation mondiale délétère, la zone euro « menace de sombrer dans une troisième récession » (avec, précise-t-il, « un taux de chômage élevé, une croissance en baisse, et un risque bien réel d’une chute des prix »), le Premier ministre entend bien faire face, autant que possible, à ce « risque sérieux » qui pèse sur la reprise britannique. « Nous ne pouvons pas nous isoler complètement mais nous devons faire tout ce que nous pouvons pour nous protéger d’un ralentissement mondial », assure-t-il.
 

David Cameron sous la menace des élections générales

 
Pour David Cameron, l’enjeu est éminemment politique. Dans six mois, il remettra en effet son mandat en jeu à l’occasion des élections générales. Or, la menace que constitue la progression des eurosceptiques de l’UKIP est là pour lui prouver qu’il ne tient pas, loin de là, toutes les cartes en main. Même si le taux de chômage s’est stabilisé dernièrement à 6 %, ce qui constitue son meilleur taux depuis six ans. Et même s’il peut se défendre, face à Nigel Farage, le chef de file des adversaires de Bruxelles, d’avoir obtenu d’étaler le paiement de la rallonge exceptionnelle (de 2,1 milliards d’euros tout de même) au budget de l’Union européenne jusqu’à la fin de l’été prochain, après les fameuses élections, il sait que cela ne suffira pas face aux difficultés de l’heure présente.
 
La situation est d’autant plus délicate pour David Cameron que les critiques ne lui sont pas épargnées dans le reste de l’Europe. L’opposition d’Angela Merkel au Premier ministre britannique, par exemple, est de plus en plus frontale. Inquiet de l’agacement croissant que provoque chez ses compatriotes le poids de Bruxelles, le chancelier allemand tente en effet, par tous les moyens, de contrer toute politique qui pourrait venir entretenir ce ressentiment anti-européen à Berlin.