Le déficit des Etats-Unis s’est creusé en 2018, mais l’administration Trump en est-elle responsable ?

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La Maison Blanche vient de faire l’annonce officielle du bilan budgétaire pour l’année fiscale 2018 qui s’est achevée le 30 septembre dernier : les chiffres sont inquiétants, puisqu’ils révèlent une augmentation du déficit de 779 milliards de dollars au cours de l’année. Ce différentiel entre les rentrées fiscales et les dépenses publiques est en augmentation de 17 % par rapport à l’année précédente, soit 113 milliards de dollars supplémentaires malgré une augmentation des recettes. Les Etats-Unis bénéficient certes d’une belle croissance économique mais c’est la troisième année consécutive de hausse du déficit, et d’une tendance dont rien n’annonce l’inversion à court terme. L’administration Trump est-elle responsable ?
 
Selon la Maison Blanche, cette augmentation de la dette nationale à travers les dépenses fédérales est due à la hausse des dépenses dans le domaine des allocations diverses : sécurité sociale, assurance maladie pour les plus pauvres (Medicare et Medicaid en particulier), et – cercle vicieux – à la hausse du coût des intérêts du service de la dette.
 

Le déficit des Etats-Unis s’est creusé de 780 milliards en 2018 malgré la croissance

 
Cette hausse du coût des intérêts est certes notable : on constate une augmentation de 25 % par rapport à l’année fiscale 2017, de 263 milliards l’an dernier à 325 milliards de dollars en 2018. D’ici à 2020, selon le Bureau du budget du Congrès (CBO), il faut prévoir une nouvelle hausse de quelque 50 %, portant la facture à 500 milliards ou presque.
 
On n’invoque plus la belle santé économique des États-Unis pour annoncer une amélioration de son déficit. Au mieux, on peut espérer un repli des déficits annuels – à condition que l’administration Trump consente à travailler sur une réduction des dépenses.
 
Mais cette vision modérément optimiste présentée par l’Office of Management and Budget (OMB) n’est pas du tout partagée par le CBO, organe non partisan du Congrès. Il prévoit quant à lui un déficit de 1.000 milliards pour l’année fiscale 2020, et même près du double, 1.900 milliards de dollars à l’horizon 2028.
 

L’administration Trump au moins partiellement responsable

 
Est-ce la faute à Trump ? Comme l’observe The New American, s’il est question de « dépenses irresponsables et non nécessaires » évoquées par l’OMB, il faut préciser que le Congrès a les mains largement liées par les promesses, engagements et programmes en cours votés par les précédents Congrès. Ainsi, sur les 4.200 milliards de dollars dépensés par le gouvernement fédéral en 2010 et 2018, 6 % ont servi au remboursement des intérêts de la dette, 65 % aux allocations obligatoires évoquées plus haut, laissant moins de 30 % pour toutes les autres dépenses de l’Etat, il s’agisse de la défense, de l’éducation, de la justice, etc.
 
En pleine campagne électorale de mi-mandat, l’administration Trump hésite à revenir sur ces dépenses sociales, et de toute façon, le CBO estime que la vraie crise n’interviendra pas avant 10 ans, date à laquelle « les intérêts, les recettes et les dépenses devraient atteindre leur point le plus haut des temps modernes tandis que les fonds d’affectation spéciale de la sécurité sociale et de Medicare atteindront leur point de rupture ». 10 ans, c’est une éternité pour des élus dont « au moins la moitié actuellement en activité seront soit à la retraite, morts ou derrière les barreaux », commente le site antisocialiste.
 
L’administration Trump n’est donc pas entièrement responsable de la situation mais ne fait pas non plus ce qu’il faut pour en sortir, comptant sur une croissance continue mais insuffisante. Mais que se passera-t-il lorsque les investisseurs se méfieront des obligations américaines ? Il ne restera plus que la Fed pour racheter les créances pourries au Trésor…
 

Anne Dolhein