C’est l’effet Charlie Hebdo. En prévention de la « désinformation », il faudrait un journal télévisé spécial, consacré aux plus jeunes. Un tout récent article, signé Nadia Daam et paru sur Slate.fr, nous expose pourquoi il est urgent de proposer aux enfants « des émissions qui expliquent et déconstruisent de manière adaptée les images et les informations dont ils sont de toute façon abreuvés tous les jours ». Ou, sous couvert d’éducation et de préservation, comment mieux les former à la sauce de l’État laïque, républicain et maître de ce qu’il faut croire et ne pas croire.
Un journal télévisé pour les plus « vulnérables »
Il y eut plusieurs essais par le passé, au début des années 2000, sans pérennité. Mais les attentats de Charlie Hebdo et les multiples incidents en milieu scolaire qu’ils ont suscités relancent le débat. Certains élèves ont osé défendre le tueur Coulibaly, d’autres ont avoué avoir étudié les thèses dites « conspirationnistes » sur les attentats parisiens. Un certain nombre ne se dit tout simplement pas Charlie… Ce qui ne doit pas être.
Notre ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem s’en est elle-même inquiétée, le 23 janvier dernier, en visite dans un collège de Seine-Marne : « Il faut se rendre compte de ce que les enfants retiennent en voyant les médias. L’imaginaire d’un enfant n’est pas suffisamment structuré (…) ça fait un magma d’information ». « Je suis préoccupée quand je vois à quel point de vulnérabilité ils en sont ».
Les enfants face à la « désinformation »
L’éducation républicaine et laïque ne suffit donc pas. L’éducation par les parents n’est pas assez solide – quand elle n’est pas néfaste ! Il faut s’occuper de ces enfants sous ou mal-informés. L’auteur de l’article se désole : « on a trop peu évoqué notre mission à nous, médias, en tant que relais de ces valeurs et surtout vecteur de l’information factuelle, sourcée, intelligible ». Et surtout absolument formatée.
Il faut la lire : « Il est sidérant que dans un pays où certains foyers peuvent disposer de plus de 300 chaînes de télévision, aucune d’elles n’ait pu, dès le 8 janvier, proposer de programme ad hoc pour expliquer les attentats dans un premier temps, déconstruire les thèses complotistes dans un second temps. Sidérant que les parents français n’aient pu disposer que de numéros exceptionnels (et gratuits), aussi bons soient-ils, pour parler des attentats à leurs enfants, pré-ados, et adolescents. Sidérant que l’on fasse semblant de découvrir qu’un gosse qui va aller sur Internet chercher des infos sur une question aussi essentielle qu’Israël, va tomber, dès la deuxième page de Google sur un lien pointant vers le site egaliteetreconcilation [le site d’Alain Soral] entre un article de L’Express et un du Guardian. »
« C’est l’absence de séquences informatives faites pour eux et facilement accessibles qui a formé le terreau de l’ignorance et de réactions insensées. »
Elle est sidérante.
Ce JT enfantin, « dès 6 ans peut-être, voire avant », Najat Vallaud-Belkacem en avait elle-même fait le souhait dans ce collège de Seine-et-Marne. Avant qu’il ne voie le jour, demeure l’urgente et nécessaire question des « contre-feux » sur l’Internet : il faut décidément préserver ces chères têtes blondes – et leurs parents par la même occasion – des images violentes, mais aussi des contenus dits « malsains », en particulier fascisants, xénophobes, homophobes, etc… « Charlie » est vraiment une leçon qui tombe ad hoc.