Face à une dette monumentale, la Chine annonce une rigueur budgétaire qui menace les liquidités

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Avec un niveau d’endettement qui représente 250% du PIB et un déficit budgétaire en 2014 de 10% selon le FMI, la Chine a tant vécu au-dessus de ses moyens qu’elle se trouve aujourd’hui contrainte à une rigueur budgétaire qui risque de provoquer des réactions en domino chez ses partenaires économiques, notamment en Europe. Le président de la Chine – communiste, ne jamais l’oublier – entend employer les grands moyens, en faisant des coupes claires dans la dépense publique et en imposant une politique fiscale plus serrée. L’« austérité » nouvelle doit permettre de récupérer 5,5% du PIB cette année : le choc fiscal annonce une contraction sans précédent, selon The Telegraph.
 
 Le Politburo chinois impose aux gouvernements locaux une rigueur semblable à celle subie par la Grèce sous la houlette de l’Union européenne, observe Ambrose Evans-Pritchard.
 
Le premier résultat de ce revirement, après des années de développement à crédit, se constate dans la chute des matières premières qui affecte – soit dit en passant – le monde entier.
 
Il s’agit pour la Chine d’assainir une situation qui ne peut durer : voici des années qu’une bonne part de ses revenus, notamment au niveau des gouvernements locaux, provient de la vente de terres par définition non renouvelables. Cette source de revenus est en chute libre en outre (- 21% au 4e trimestre de 2014) dans un contexte de baisse des ventes du foncier et de l’immobilier auxquels le système fiscal chinois est fortement adossé.
 

Chine : la bulle immobilière aggrave le problème de la dette

 
On parle d’une « dimension épique » de la bulle immobilière qui menace actuellement d’éclater en Chine. L’investissement dans ce domaine, selon une étude de la Fed américaine, représente désormais 15% du PIB, contre 4% en 1998. Et aujourd’hui, les prix chutent (- 3,1% en janvier 2015 par rapport à janvier 2014) et le volume des ventes s’effondre partout, entre 7 et 22% selon les catégories des villes considérées. 75% du patrimoine des Chinois (surtout les 10% qui possèdent 60% des revenus) est dans l’immobilier… Y compris dans de l’immobilier vide, dans des villes fantômes où personne ne s’installe.
 
Dans ce contexte, le Parti communiste chinois n’entend plus stimuler l’économie : le crédit et les liquidités injectées dans l’économie ne sont plus compensés par une croissance forte. Selon Diana Choyleva, de Lombard Street Research, « la plus grande part des emprunts actuels sert à financer les dettes actuelles ». Les liquidités ne serviront pas à financer l’activité mais à desserrer la tension interbancaire, précise-t-elle.
 

La rigueur budgétaire et le manque de liquidités en Chine, une menace pour le monde

 
Et si la Banque centrale chinoise semble vouloir diminuer ses taux, il ne s’agit pas non plus d’un vrai « stimulus » : le coût du crédit reste élevé alors que les profits des entreprises ont chuté de 9% au 4e trimestre de 2014 et les prix « départ usine » affichent une telle baisse (- 4,3% en janvier) que la déflation n’est pas à exclure.
 
D’ailleurs la Chine n’achète plus d’obligations globales : sa Banque centrale est « vendeuse nette », cherchant à tempérer la sortie de capitaux dans un contexte où elle perd peu à peu les liquidités accumulées pendant son boom économique. A-t-elle un autre choix que de dévaluer le yuan ? En entrant dans la guerre des monnaies qui implique déjà de nombreuses banques centrales, elle peut donner un coup fatal à ce qui reste d’équilibre global.
 
Avec une population vieillissante, qui dépense moins, au bout d’années de politique de contrôle de la démographie, l’avenir de la Chine est sombre, et il est inextricablement lié à celui d’un monde rendu interdépendant par une politique mondiale menée d’une main de fer depuis des décennies.