Dieudonné contre Charlie

Dieudonne contre Charlie
 
Mercredi, l’humoriste Dieudonné a été interpellé à 7 heures à son domicile, en Eure-et-Loir, et placé en garde-à-vue, après avoir déclaré sur Facebook qu’il se sentait « Charlie Coulibaly ». Même retirée depuis, la blague ne passe pas, et lui vaudra d’être jugé prochainement en correctionnelle pour « apologie du terrorisme ». Il n’est pas de bon ton de se prononcer désormais contre Charlie.
 
Le parquet de Paris a donc décidé, à l’issue de sa garde à vue, et au terme de l’enquête qui a été ouverte à son encontre, de le convoquer pour « une audience ultérieure » – qui pourrait, selon l’un de ses avocats, se situer à la date du 4 février.
 
Car, depuis novembre dernier, l’apologie du terrorisme est plus durement réprimée en France, l’article 421-2-5 du code pénal sanctionnant « le fait de provoquer directement à des actes de terrorisme ou de faire publiquement l’apologie de ces actes » de cinq ans de prison et de 75.000 euros d’amende. Au minimum… les peines pouvant être augmentées « lorsque les faits ont été commis en utilisant un service de communication au public en ligne ».
 

Contre Charlie, Dieudonné en prend pour son grade

 
« Nous sommes dans le pays de la liberté d’expression ? (…) Le gouvernement vient d’en fournir la démonstration », a… ironisé un autre avocat de l’humoriste.
 
Mais Dieudonné n’est pas seul en cause : 54 procédures ont en effet été ouvertes, selon la Chancellerie, pour motif similaire depuis la semaine dernière. Si cinq condamnations seulement ont été prononcées à l’heure actuelle, d’autres pourraient suivre prochainement. D’autant que les personnes incriminées sont très diverses ; on y trouve indifféremment de mineurs, des illuminés, des ivrognes, des chrétiens et des musulmans…
 

La plus grande fermeté

 
Pour l’heure, il est vrai que les condamnations portent essentiellement à l’encontre de personnes ayant applaudi, publiquement mais virtuellement, aux actes sanglants de la semaine passée.
 
Quoi qu’il en soit, on ignore comment la justice distinguera la blague bébête du véritable provocateur, l’excité du terroriste. Peu importe, Christine Taubira a demandé à ses parquets d’être sans faiblesse. Il est loin le temps – et la réforme… – où les peines devaient être revues à la baisse !