Le jeune homme qui a perdu la vie après avoir été fauché par une camionnette lancée délibérément par son conducteur dans la foule de chalands d’un marché de Noël à Nantes va « sauver des vies », annonce l’ensemble de la presse. « Six personnes vont pouvoir vivre » grâce au don d’organes qu’il avait d’avance accepté et dont le principe a été avalisé par ses parents. Et la France s’émeut de cette « générosité » : personne ne pose de questions sur le comment de la chose.
Virgile Porcher est la seule victime qui ait « succombé à ses blessures », explique-t-on, parmi les dix personnes blessées. En fait, il n’a pas succombé à ses blessures : c’est du don d’organes qu’il doit mourir. Ce qui a été annoncé, c’est sa « mort cérébrale ». La définition de la mort a bien changé depuis que le médecin constatait l’arrêt de la circulation et de la respiration, observant même un délai de prudence devant le grand mystère de la séparation de l’âme et du corps.
Mourir d’un don d’organes
Le changement est venu avec les nouvelles techniques de transplantation d’organes. A mesure que cette nouvelle « science » progressait – une industrie qui représente des milliards à travers le monde – différents comités d’éthique, assemblées savantes et autres commissions d’experts ont changé la définition de la mort pour permettre d’avoir accès à des organes vitaux irrigués et oxygénés. Impossibles à récupérer sur un cadavre. C’est à cœur battant qu’il faut opérer.
Depuis ce changement fondamental, de multiples définitions de la « mort cérébrale » ont fleuri à travers le monde, plus ou moins laxistes, qui permettent de prendre cœur, poumons, foie et autres pièces détachées sur un « mort » ventilé (mais ce sont ses poumons qui expulsent l’air après en avoir extrait l’oxygène), dont le corps est chaud et le cœur bat. En France les tests sur le cerveau sont peut-être un peu plus sévères qu’ailleurs avant de prononcer la « mort » clinique ou cérébrale.
Cette définition pose de nombreux problèmes. Certes, ce qui est constaté est l’absence de toute activité du cerveau, et donc – suppose-t-on – la disparition de toute conscience, de toute souffrance. Mais le siège de l’âme est-il donc le cerveau ? La vie humaine se réduit-elle à l’activité des zones supérieures du cortex ? Est-il juste de donner comme heure du décès la réalisation du deuxième angioscanner ou électroencéphalogramme plat, ce qui relève finalement d’une convention humaine ? La mort n’est plus une réalité qui s’impose, c’est un état constaté d’après un ensemble de règles changeantes. Et bien commodes. On connaît trop les cas où une « mort » constatée était tout sauf cela : Angèle Liéby, interviewée ici pour reinformation.tv, en apporte une preuve… vivante.
Le drame de Nantes instrumentalisé ?
Une fois les organes prélevés, il va de soi que la mort circulatoire et respiratoire survient du fait même du prélèvement. Absolument certaine, pour le coup.
En saluant déjà la mémoire de Virgile Porcher, en le présentant comme un héros, un saint des temps modernes dont l’altruisme jusque dans la mort en fait un exemple pour nous tous, les médias contribuent à anesthésier le bon sens et les consciences. Même François Hollande s’y est mis. Il a salué, depuis Saint-Pierre-et-Miquelon, le geste – bien involontaire pourtant – du jeune homme : « Même dans la douleur, même dans l’épreuve, il doit y avoir une valeur qui nous dépasse de fraternité, d’humanité comme ce jeune en a été capable, alors qu’il a été fauché, il n’avait pas 25 ans. »
La nouvelle « icône » de la fraternité maçonnique, souligne encore la presse, a été fauché sous les yeux de son « compagnon ». Danseur de country professionnel, il vivait manifestement en couple avec cet autre jeune homme qui partage désormais le deuil de la famille de Virgile. On peut s’incliner devant la tristesse de ses proches sans s’interdire de souligner que notre monde est devenu déboussolé, qui bouleverse à la fois le sens du martyre et celui du bien de l’homme.