Dubia : la mort du cardinal Caffarra et la mission qu’il laisse aux catholiques

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Parmi les quatre cardinaux auteurs des Dubia adressés au pape François à propos de son exhortation Amoris laetitia et les points de doctrine que celle-ci obscurcit, voire contredit, deux sont morts récemment de manière inattendue. Après le cardinal Meisner, disparu en juillet, le cardinal Carlo Caffarra s’est éteint dans la nuit du 5 au 6 septembre. Certes malade, il était loin d’être inactif et devait célébrer la messe à Saint-Pierre lors du prochain pèlerinage pour marquer le 10e anniversaire du Motu proprio Summorum pontificum. Le cardinal Brandmüller, troisième signataire, est âgé – il a 88 ans –, plus en retrait que ses confrères, et le cardinal Burke porte désormais l’essentiel de cette lourde charge de veille sur l’intégrité de la doctrine catholique. Faut-il en conclure que la mission que se sont donnée les quatre cardinaux s’étiole et perd de l’importance ? Ou s’agit-il plutôt d’un legs que les catholiques doivent prendre davantage au sérieux ?
 
Une chose est certaine, quelques mois avant de mourir, par une lettre qui est devenue une sorte de testament, le cardinal Carlo Caffarra suppliait le pape François de mettre fin à la « confusion et à la désorientation » qui règnent dans l’Eglise depuis la publication d’Amoris laetitia en avril 2016. Envoyée le 25 avril, rendue publique en juin, la lettre n’a jamais reçu de réponse, alors que par elle les quatre cardinaux sollicitaient une audience avec le Saint-Père – le pape « du dialogue ».
 

Deux cardinaux des « Dubia » sont morts : Meisner et Caffarra

 
La lettre parlait clairement d’« interprétations publiquement données de certains passages objectivement ambigus de l’exhortation post synodale qui ne divergent pas, mais sont contraires au magistère permanent de l’Eglise ». Et ce, précisait la lettre, malgré les déclarations répétées du préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi (il s’agissait encore du cardinal Müller) selon lesquelles la doctrine de l’Eglise n’a pas changé. Le cardinal Caffarra évoquait « des évêques, des cardinaux et même des conférences épiscopales » qui ont livré ces interprétations erronées, ajoutant qu’il lui était « douloureux » de constater ainsi l’effet de l’Exhortation sur l’Eglise.
 
« Il ne s’agit pas seulement de l’accès à la Sainte Eucharistie de ceux qui vivent objectivement et publiquement dans un état de péché grave, et ont l’intention d’y demeurer, mais d’une conception de la conscience morale contraire à la tradition de l’Eglise », écrivait-il.
 
On ne peut pas dire que cette confusion ait été levée. Ni que le cardinal Caffarra soit parti avec l’idée d’avoir achevé sa tâche ici-bas. Maike Hickson de OnePeterFive, qui l’a bien connu, note que si le cardinal Meisner est mort le jour où il a parlé au téléphone avec le cardinal Müller à propos de la déposition de ce dernier comme préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Caffarra est mort au lendemain du jour où l’on a appris que le philosophe Josef Seifert, son ancien ami, avait été démis de la chaire Dietrich von Hildebrand à l’académie internationale de philosophie à Grenade en Espagne à cause de ses prises de position critiques sur Amoris laetitia. C’est grâce à Mme Hickson que les deux hommes avaient pu reprendre contact très récemment, le cardinal Caffarra l’ayant remerciée en rappelant la haute estime que lui-même et feu le pape Jean-Paul II avaient pour ce professeur.
 

Une mission pour les catholiques : proclamer la vérité sur le mariage

 
Le cardinal Caffarra avait adressé un courriel au Pr Seifert le 30 août dernier pour lui dire : « Très cher Josef, je suis très heureux que nous ayons pu reprendre contact. Je prie le Seigneur de t’accorder encore de nombreuses années pour travailler pour le bien de l’Eglise. Quand pouvons-nous nous voir ? Je t’embrasse. Carlo Card. Caffarra. »
 
Dans un courriel adressé à Maike Hickson elle-même, le cardinal félicitait la journaliste pour un article dénonçant une attaque du vaticaniste Austen Ivereigh s’en prenant aux « convertis » qui défendent l’enseignement moral traditionnel de l’Eglise : « Chère Maike, votre article à propos d’Austen Ivereigh est tout simplement merveilleux. »
 

« Si nous ne parlons pas ouvertement et publiquement… »

 
On peut dire que le cardinal Caffarra a dû supporter de nombreuses « douleurs » à cause de ce qui se passe dans l’Eglise.
 
Il ne sera pas mort pourtant sans avoir eu le temps de confirmer, de vive voix, la teneur de la lettre que lui avait envoyée sœur Lucie de Fatima sur la dernière bataille de Satan qui serait livrée autour de la famille et du mariage. Je l’ai entendu rendre ce témoignage lors du dernier Rome Life Forum à Rome en mai.
 
En cette même occasion, il avait déclaré, lors d’une conférence sur la confrontation entre Dieu et Satan, notamment à propos de l’avortement et de « l’anoblissement » d’une relation homosexuelle : « Nous ne sommes plus des témoins, mais des déserteurs, si nous ne parlons pas ouvertement et publiquement. »
 

Jeanne Smits