Comment on entrave l’initiative citoyenne de la Roumanie contre le « mariage » homosexuel

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Le référendum d’initiative populaire pour la modification de la constitution en vue d’affirmer des droits de la famille et d’interdire le « mariage » homosexuel tarde à s’organiser en Roumanie, alors même que l’initiative citoyenne qui le demande a largement atteint les objectifs imposés par la loi. Si le pouvoir justifie le retard pris par des motivations internes, les initiateurs du projet sont quant à eux persuadés que l’Union européenne fait pression sur le pays pour empêcher un scrutin dont l’issue défavorable aux « droits LGBT » est connue d’avance. Pour Bogdan Stanciu, cofondateur de la Coalition pour la famille, il y a de véritables manœuvres d’entraves en cours. Il s’en est ouvert à la revue espagnole Actuall.
 
On comprend son irritation. Il a fallu à peine un mois et demi en début d’année pour que l’initiative recueille plus de 3 millions de signatures, représentant 20 % de la population de Roumanie : c’est bien plus que le minimum de signatures exigé pour l’organisation d’un référendum d’initiative citoyenne. La rapidité et l’ampleur de l’opération laisse prévoir que la famille gagnera haut de la main, comme en Croatie et en Slovénie, si la population roumaine est enfin appelée à s’exprimer sur la question.
 

L’initiative citoyenne contre le « mariage » homosexuel au point mort

 
Les partis politiques roumains sont d’accord pour dire qu’il est urgent d’attendre ; au moins jusqu’à 2018, date à laquelle la constitution du pays doit subir une révision générale. La Coalition pour la famille, elle, souhaitait que la votation puisse faire au moment des élections parlementaires, à la fois pour assurer une bonne participation, et parce qu’il y aurait d’importantes économies à la clé : 25 millions d’euros.
 
« De manière non officielle, nous savons qu’il existe d’énormes pressions depuis l’extérieur, de Bruxelles et de Washington, afin que le référendum n’ait pas lieu. Au moins pour l’instant. Dans le nouvel ordre où nous vivons aujourd’hui, le référendum est un cauchemar pour les élites. Après la Croatie, la Slovénie, la Slovaquie, la Hongrie, et surtout depuis le Brexit, l’idée de laisser les nations décider pour elle-même ne convient pas à certains », explique Bogdan Stanciu.
 

La Roumanie voterait pour le mariage traditionnel

 
Pour l’instant, c’est la Cour constitutionnelle roumaine qui a sans motif et sans explication retardé de 55 jours au-delà de la limite légale la publication de sa décision concernant le référendum. Rien n’a donc pu être transmis au Parlement, on n’a pas pu voter sur le projet de révision et le peuple ne peut donc être consulté. Car « malheureusement, personne ne peut demander des comptes à la Cour constitutionnelle bien que tout cela ait constitué, évidemment, un abus », souligne le militant pro-famille.
 
En Roumanie, les gens de son espèce sont moins exposés aux insultes et aux menaces que les pro-famille d’autres pays comme l’Irlande. Il y a peu de partisans publics des droits LGBT, explique Stanciu : « Nous autres, en revanche, nous avons les témoignages de gens respectés, des médecins, des politiques, des sportifs de haut niveau. De ce point de vue là, tout va bien. Les Roumains n’ont pas honte d’affirmer leur foi en la famille et leur opposition à des idéologies étrangères. »
 

L’entrave au référendum vient aussi de l’UE

 
Pourquoi se mobiliser alors ? Stanciu invoque l’exemple des voisins croates et slovènes, mais surtout, il rappelle que tous les Etats qui entourent la Roumanie ont modifié leur constitution pour permettre le « mariage » gay. « Il y a dans cette affaire tout un jeu géopolitique », constate-t-il. D’où l’urgence de ce référendum par lequel la Roumanie veut prouver que l’Europe « n’est pas homogène et qu’elle rejette l’uniformité ».
 
« Si nous tenons compte de ce que l’objectif déclaré des leaders de Bruxelles est la formation d’un méga-Etat européen, avec une direction unique, nous serions très naïfs en imaginant un seul instant que les actions de citoyens comme nous plaisent à ses élites », a-t-il conclu.
 

Anne Dolhein