Européennes : la fin de Juppé, victime d’un grand remplacement nommé Macron

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Le dernier sondage sur les Européennes publié par Paris Match montre le remplacement des partis traditionnels par la République en Marche, le RN et la France insoumise. La principale victime se nomme Juppé : c’est la fin d’une certaine superbe du centre droit.
 
On dit beaucoup de mal d’Emmanuel Macron. C’est la mode à Paris en ce moment. Qu’il a manqué sa rentrée. Et d’humilité. Qu’il se détraque. Que l’affaire Benalla n’est pas finie. Je me demande ce qu’il a pu faire (ou ne pas faire) à ses commanditaires pour que la presse lui découvre les défauts qu’on lui voyait comme le nez au milieu de la figure avant même qu’il ne soit élu. Moi qui ne l’aime pas depuis le début et qui n’ai jamais rien attendu de lui, je ne peux qu’être heureusement surprise par ce que j’appellerais ses avantages collatéraux, ses effets pervers positifs. L’un des plus agréables est le suivant : il nous a débarrassés du PS et du RPR (pardon, Les Républicains), de la droite, de la gauche et du centre. Et en particulier de l’étrange couple Juppé-Raffarin.
 

Européennes : fin et remplacement d’un système

 
C’est ce qu’on lit dans le dernier sondage Ifop-Fiducial sur les intentions de vote pour les Européennes. Quoi qu’en baisse de trois points, la liste pro-Europe soutenue par En marche et le Modem atteint 20 %, devant le RN à 17 % (lui aussi en baisse, de deux points), les Républicains, 15 %, et la France insoumise, 14 % (+ 3). Le bas du classement attire l’attention : 1 % pour les patriotes de Philippot, 3 % pour Génération.s, le mouvement de Benoît Hamon, 6 % pour le PS, 6,5 % pour Debout la France, de Dupont-Aignan, et 7,5 % pour EELV.
Où sont Juppé et Raffarin là-dedans ? Patientez jusqu’à la fin. Et constatons ensemble le grand remplacement du personnel politique qu’a permis Macron : Hamon pulvérisé, le PS éparpillé façon puzzle, les Républicains qui réduisent à la cuisson comme un veau aux hormones et Bayrou vassalisé. Laissez-moi me réjouir aussi que l’ensemble de la gauche socialiste ne dépasse pas 9 %. En déplorant que les droites nationales, qui totalisent 24,5 % des intentions de vote, n’aient pas su s’unir pour devenir, de loin, le premier parti de France. 
 

Juppé victime d’un poison nommé Macron

 
Où sont Juppé et Raffarin ? Dans une tout petite fraction : 4 %. Une liste de centre droit qu’on lancerait dans les jambes du malheureux Wauquiez avec le soutien des humanistes Juppé et Raffarin (c’est rigolo, ça sonne comme Bouvard et Pécuchet), plafonnerait à 4 %, soit un point de moins que nécessaire pour être élu et se faire rembourser sa campagne par l’Etat. Pas la peine d’insister. Ils n’iront pas. Et ils se sont couverts de pipi. Raffarin qui donnait à tout le monde de grands conseils d’humanisme ! 4 %. Et Juppé ! Le grand homme du centre droit ! L’identité heureuse ! Juppé le meilleur d’entre nous ! Le grand commis de l’Etat ! Droit dans ses bottes ! 4 % ! Il a l’air fin ! Les Français ont tranché. N’ont pas oublié la grève de 95. Ni les emplois fictifs ni l’appartement bien réel de la ville de Paris. Hier, il régnait sur les primaires, distribuait des mauvais points à Sarkozy, ses fidèles faisaient Paris-Bordeaux dans la nuit pour le supplier de remplacer Fillon. Aujourd’hui, victime d’un grand remplacement politique, il tombe à 4 %. Ce n’est plus qu’un pauvre alcoolique repris de justice, la barbe sale et le regard incompréhensif à l’accoutumée, au bras de son comparse Raffarin, Polichinelle sans fil. Deux guenilles reléguées dans un coin. Macron les a débranchés. Grâces lui soient rendues.
 

Pauline Mille