Les répliques du tremblement de terre causé par la décision du président sud-africain Cyril Ramaphosa de constitutionnaliser l’expropriation de terres sans compensation se multiplient. Prise avant même les conclusions d’une commission parlementaire, cette décision, parce qu’elle vise les fermiers blancs, illustre un racisme irréfragable, comparable à la sanglante « réforme agraire » du voisin septentrional qui a transformé l’opulente Rhodésie du Sud en un Zimbabwe famélique sous les regards sardoniques des « antiracistes » occidentaux. Cette fois-ci, et bien que les assassinats de fermiers blancs se multiplient déjà en Afrique du Sud, la secousse atteint les marchés financiers. L’Afrique du Sud est sur la voie du Zimbabwe et du Venezuela.
Pour la BBC, l’annonce de Ramaphosa vise à satisfaire les demandes « de ces populations fatiguées d’attendre les réformes promises quand la domination politique blanche a pris fin en 1994 ». L’audiovisuel public britannique, réputé pour son multiculturalisme à sens unique, explique que les « Blancs, qui ne forment que 9% de la population, possèdent 72% des terres privées », reprenant les chiffres gouvernementaux qui omettent d’établir le rapport avec l’ensemble des terres, propriété publique incluse.
Trancher en faveur de ceux qui prônent l’expropriation sans compensation des fermiers blancs
L’ANC avait promis de redistribuer les terres, mais sous le principe de l’échange librement consenti. Pas de quoi révolutionner la propriété agricole. La mise en cause l’article 25 de la Constitution qui garantit la propriété foncière vise à trancher en faveur de ceux qui exigent de passer à l’expropriation sans compensation des fermiers blancs par la puissance publique. Une puissance publique racialement correcte s’entend, illustrant une nouvelle fois l’adage selon lequel l’antiracisme est un racisme en sens contraire. La réforme de l’article 25 est en commission parlementaire.
Les images télévisées des auditions ont été édifiantes. « Vingt-quatre ans de démocratie libérale ont augmenté la pauvreté », a écumé une femme représentant l’Association des sans-abris. Un autre intervenant a été plus direct : « Nous allons nous emparer des terres, même si ça doit nous ramener à la préhistoire. Ce pays doit être africain. Nous sommes africains ». La terre ramenée à une race.
Les fermiers blancs cultivent la terre d’Afrique du Sud depuis 300 ans
A l’inverse, un membre du parti Freedom Front Plus a fait valoir que ses compatriotes fermiers blancs afrikaners cultivent les terres de la province du Cap occidental depuis plus de 300 ans : « Quand mes ancêtres sont arrivés, ils n’ont trouvé personnes d’autre que quelques Khoi et San. Ils ont obtenu ce dont nous avons hérité ni par le vol, ni par le génocide, mais par des moyens honnêtes ». Le plus gros de la population noire sud-africaine, et la plus radicale, a pour origine une immigration de masse depuis le Nord, postérieure à l’arrivée des Blancs. Plusieurs agriculteurs ont fait savoir qu’ils défendraient leurs terres par les armes. Leurs opposants promettent de se les approprier de la même manière.
L’argumentaire des partisans de l’expropriation est le suivant. En 1913, pour assurer la propriété foncière face à une immigration noire massive venue du Nord, le Native Land Act limita les possibilités, pour les Noirs, d’acheter ou de louer des terres, entraînant un certain nombre de transferts des Noirs vers les Blancs. Après la suppression des lois de « développement séparé » (apartheid) en 1994, le régime de l’ANC promit de « rendre » 30% des terres aux Noirs les ayant possédées. A ce jour, 10 % des terres ont ainsi été « redistribuées ». Mais la part du budget public consacré à la réforme agraire est retombée à 0,4 %.
L’annonce de Ramaphosa contre les fermiers blancs précipitée par l’activisme des extrémistes de l’EFF
L’annonce de Ramaphosa contre les fermiers blancs a été précipitée par l’activisme d’un nouveau parti radical d’opposition noire, l’Economic Freedom Fighter (EFF). Son chef de guerre, Julius Malema, mène la vie dure sur la question agricole à la vieille ANC, malgré le marxisme doctrinaire de cette dernière. L’expropriation (des Blancs) sans compensation est « le premier pilier non-négociable de notre programme », fulmine Malema. Quand Cyril Ramaphosa prit la tête de l’ANC en décembre dernier, il évoquait l’expropriation-compensation sous la seule condition qu’elle n’ait pas de conséquences économiques négatives.
Sous la pression de l’EFF et de la faction dure de l’ANC, celle de son prédécesseur Jacob Zuma qui entonnait des chants appelant au génocide des Blancs, Ramaphosa a donc franchi le pas. « L’objectif est de permettre un développement accru, une augmentation de la production agricole et la sécurité alimentaire », a-t-il lancé. Exproprier des centaines d’agriculteurs compétents, experts de leurs terres depuis plus de dix générations, capables d’investir et de développer leur production, pour sortir la majorité des Sud-Africains de la pauvreté ? La catastrophe zimbabwéenne se profile.
Le Zimbabwe a exproprié et assassiné les fermiers blancs : l’économie s’est effondrée
Rappel. Le Zimbabwe obtint son indépendance en 1980 sous les applaudissements de la gauche anticolonialiste occidentale et des Soviétiques. En 2000, année des premières expropriations, 4.000 agriculteurs, principalement blancs, possédaient encore 70 % des terres. Entre 2000 et 2009, période d’expropriations massives et d’assassinats de fermiers blancs, le revenu agricole de l’ancienne Rhodésie-du-Sud, pays de hauts plateaux fertiles, s’effondre. Les exportations chutent tandis que les importations bondissent. Le Zimbabwe devient un pays d’émigration… vers l’Afrique du Sud. Autre exemple qui devrait faire réfléchir M. Ramaphosa, celui du Venezuela, où Chavez a imposé la redistribution des terres : le pays qui jadis produisait 70 % de sa consommation alimentaire en importe désormais 70 %.
« Nous ne permettrons pas les vols de terres ou l’anarchie », a tenté de rassurer le président sud-africain, oubliant que l’expropriation sans compensation par la puissance publique est un vol par l’Etat. En sept mois, le cours du rand est passé de 0,0865, en janvier, à 0,063 US dollar le 13 août. Une chute de 27 %.