DRAME The Humbling ♠


 
The Humbling, soit le rabaissement, est l’adaptation d’un roman du célèbre écrivain Philip Roth. L’auteur, très reconnu, réceptionnaire de nombreux prix de l’autre côté de l’Atlantique et même en France, possède un indéniable talent, tempéré par une très vilaine tendance à parsemer son récit de pages obscènes, un peu à la manière de Houellebecq pour la génération suivante en littérature francophone. Ici, hélas, la chose n’est pas annoncée dans la bande-annonce ou le dossier de presse et le réalisateur se montre fidèle à l’esprit de l’auteur dans ce qu’il peut avoir de pire.
 
Pourtant le film n’est pas sans qualité. La trame reprend le thème du drame de l’acteur vieillissant, autrefois célèbre, soit à peu près celui de Birdman, avec l’interprétation d’un très grand acteur comme Al-Pacino. Il y a un jeu sur le fait que le jeune et talentueux espoir du cinéma américain des années 1970 est évidemment pareillement en fin de carrière. Son interprétation reste irréprochable. Les intonations donnent le meilleur de la langue anglaise, avec des citations fréquentes des meilleures répliques de Shakespeare, immense génie, ou, à l’occasion, de Tennessee Williams, dramaturge beaucoup plus discutable. Dans ce scénario, un acteur sur les planches ne supporte plus le trop visible mépris de son public qui, en une scène très forte, l’ignore totalement, plongé dans ses tablettes électroniques. Il tente de se suicider à plusieurs reprises. Très éprouvé, il séjourne en asile psychiatrique de luxe, puis tente de reprendre une vie normale, chose des plus difficiles pour un homme totalement seul. Il y avait là un sujet.
 

The Humbling bascule pour le pire

 
Toutefois le film bascule, pour le pire, lorsque débarque dans sa vaste demeure vide une improbable admiratrice oubliée, fille d’anciens amis, très amoureuse de lui et nonobstant lesbienne. Peut-être n’est-ce qu’invention d’esprit malade, chose bien possible chez un libéré conditionnel, en contact obligatoire régulier via Skype avec son médecin-aliéniste. Le monde saphique, longuement décrit, éveillera peu de sympathie chez le spectateur attaché aux bonnes mœurs. Il y a là une moquerie masculine grivoise appuyée bien plus qu’un soutien enthousiaste à cette « minorité sexuelle ». Ceci ne console néanmoins pas le spectateur, contraint de tout subir. Ainsi les conversations et les scènes les plus douteuses, rêves d’un esprit malade, insupportables et obnubilant tout le reste sont-elles multipliées. The Humbling est donc tout sauf recommandable.