86% des Français jugent « mauvaise » la politique économique du gouvernement ! C’est peu dire que l’équipe de Manuel Valls ne convainc pas nos compatriotes, qu’ils soient de droite (95%) ou de gauche (71%). Certes, ce sondage, réalisé les 4 et 5 décembre derniers par l’institut d’études Odoxa pour Les Echos et Radio Classique, n’a vu interroger que 999 personnes. Mais il suffit d’aller s’accouder deux minutes au zinc du coin pour se convaincre que, dans ce cas précis, les chiffres ne sont pas bidonnés.
Dès lors, on peut juger pour le moins paradoxal qu’Emmanuel Macron, notre ministre de l’Economie, et donc à ce titre directement responsable de cette politique, soit jugé « bon ministre » par 62% des mêmes sondés (70% à gauche, 56% à droite). Ils sont même 55% à gauche et 61% à droite, soit une moyenne de 58% à considérer d’un œil favorable son projet de loi sur la croissance et l’activité, censé alléger les contraintes multiples qui entravent l’activité en France.
 

Un jugement économique paradoxal

 
Pour Gaël Sliman, le président de l’institut Odoxa, ce paradoxe s’explique par l’absence de résultats du gouvernement : « Le problème de l’impopularité actuelle de l’exécutif et de la politique économique qu’il conduit s’explique bien par l’absence de bons résultats – chômage en hausse et croissance en berne – et nullement par une remise en question de l’orientation de la politique suivie. »
 
Au point qu’il suffise d’écrire « croissance » sur un projet de loi pour que les Français, sans réfléchir plus avant, y soient favorables ? Ce n’est guère encourageant. Mais, comme l’observe encore notre sondeur, « en période de crise et d’angoisse profonde des Français, l’audace paie bien davantage que la crainte de choquer son propre camp ». L’audace est pourtant, en l’occurrence, bien modeste…
 

Les Français oublieux d’une mauvaise politique

 
Qu’importe ! Nos compatriotes sont manifestement dans l’affectif et l’irrationnel. Il suffit qu’une poignée de beaux parleurs leur promettent des lendemains qui chantent pour qu’ils s’enthousiasment, sans garder mémoire d’un présent pourtant minable.
 
Et pourtant, si l’on en croit nos voisins, notre réputation économique est on ne peut plus misérable. Du Royaume-Uni à l’Allemagne, en passant par quelques autres, chacun y va de son couplet moqueur, et de ses conseils.
 
Apparemment, les investisseurs sont, eux aussi, d’incorrigibles optimistes. Selon l’enquête mensuelle de l’agence allemande Sentix, leur indice de confiance est remonté à – 2,5 en décembre (après – 11,9 le mois dernier).
 
Mais, comme rien n’est parfait, il faut préciser que leur regard porte de l’autre côté du Rhin. Evidemment…