Fung Ka-keung, professeur à Hong Kong, censuré par Facebook pour une image commémorant le massacre de Tiananmen

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Fung Ka-keung

 
A force de vouloir plaire à la Chine communiste, on finit par scandaliser le reste du monde. Facebook et son sinophile fondateur Mark Zuckerberg, qui tente de reprendre pied à tout prix dans l’empire rouge, ont dû s’excuser pour avoir « par erreur » interdit l’utilisation d’une image temporaire de profil commémorant le massacre par l’armée chinoise des manifestants de la place Tiananmen, le 4 juin 1989. Facebook permet l’insertion de ce type de bannière pour soutenir une cause chère à l’utilisateur du réseau social. L’image en question est accompagnée d’un texte appelant à rendre justice aux manifestants de Tiananmen et à mettre fin à la « dictature » en Chine communiste.
 

Pour Facebook, l’image de Fung Ka-keung « déprécie (…) une entité légale »

 
Fung Ka-keung, l’abonné censuré, qui n’est autre que le président du syndicat des professeurs de Hong Kong, a déclaré au Hong Kong Free Press avoir proposé l’image pour validation vendredi 26 mai à 17 h 00 et qu’il avait reçu notification du refus vingt-quatre heures après. Prétexte invoqué par les censeurs de la multinationale de la socialisation en ligne : la bannière ne répondait pas aux exigences et principes de Facebook, entrant dans la catégorie qui « déprécie, menace ou attaque une personne particulière, une entité légale, une nationalité ou un groupe ». Avant de recevoir le rectificatif validant finalement cette première image, Fung Ka-keung avait soumis une autre proposition, plus neutre, montrant une bougie accompagnée de la simple mention : « N’oubliez pas le 4 juin ». Il espérait que cette prudente sobriété adoucirait les Anastasie du « numérique sympa ». Il reste dans l’attente d’une réponse à l’heure où nous publions ces lignes.
 
Bien sûr, l’incident a suscité des commentaires. La censure initiale de Facebook était-elle motivée par des intérêts politiques ? Vingt-quatre heures après le prononcé de sa sentence, le réseau social quasi-planétaire – Chine communiste exceptée – publiait des excuses : « Nous avons rejeté ce montage photo par erreur. Nous présentons nos excuses pour cet incident et avons informé l’abonné concerné que son image était finalement validée ». Mais Fung demande davantage : « Facebook doit fournir une explication, car il n’a toujours pas validé l’autre image et fait montre d’une exceptionnelle lenteur pour l’examiner. Les gens s’inquiètent d’une motivation politique de la décision initiale. » Lundi matin, plus de mille abonnés avaient adopté la première image proposée par Fung.
 

Les images du massacre de Tiananmen systématiquement censurées par la Chine

 
Vingt-huit ans après la violente répression qui s’était abattue sur les manifestations estudiantines du centre de Pékin, le sujet reste tabou dans la Chine de Xi Jinping. Le régime censure les livres évoquant les événements et bloque les recherches en ligne à partir des mots-clés s’y rapportant. Rappelons que la répression aurait causé la mort de quelque mille manifestants sur Tiananmen, selon des observateurs indépendants.
 
Facebook est bloqué sur l’internet chinois depuis 2009. Son sémillant PDG Mark Zuckerberg s’est récemment découvert un amour immodéré pour l’empire du Milieu, apprenant le mandarin, fréquentant les patrons et dirigeants du pays et décrivant à qui veut l’entendre ses joggings extatiques dans les jardins de Pékin lorsqu’il s’y rend. Mais plus d’un milliard d’internautes potentiels valent-ils mieux que la mémoire d’un millier de jeunes martyrs tués pour avoir contesté la tyrannie des potentats rouges ?
 

Matthieu Lenoir