DOCUMENTAIRE :
 
La Sagrada Familia est l’église la plus célèbre de l’architecte catalan Gaudi, en construction depuis les années 1880. Ces travaux interrompus seulement par les Républicains durant la Guerre Civile (1936-1939), qui ont saccagé le chantier, donnent à l’entreprise, le format et l’inspiration gothique de l’édifice aidant, comme un parfum de chantier médiéval, à l’âge de la foi de l’Europe.
 
Les plans originaux de Gaudi ont été brûlés par les anticléricaux en 1936 ; les architectes successifs s’inspirent de restes de maquettes et de vues générales, et réinventent, respectant toutefois une fidélité générale. La Sagrada Familia, en son style unique inspiré d’arbres, sinon d’os humains sur certains portails, ressemble malgré tout à une cathédrale, suivant une voie originale à peu près unique, évitant un historicisme stérile –le néogothique identique à Berlin, Paris, Londres, Montréal, New York, Sydney-, ou des expériences au mieux incompréhensibles –églises en cube de béton, ou circularité maçonnique à la cathédrale d’Evry.
L’œuvre a été poursuivie et par la volonté franquiste de renouer avec la Chrétienté, et par celle des autonomistes catalans après 1975 de poursuivre le chantier du monument le plus connu mondialement de Barcelone.
 
Le pape Benoît XVI a fait le déplacement pour consacrer la nef. Les travaux ont malgré tout nettement progressé durant ces dernières décennies. Au rythme actuel, l’édifice pourrait être achevé en 2030. Du fait des coûts, des interruptions sont nonobstant à craindre. Les nombreux entretiens révèlent l’état d’esprit des architectes, des artisans. Certains sont encore guidés par une foi catholique, chez d’autres les idées religieuses s’avèrent plus confuses, voire, rarement, pénibles de conformisme ambiant –tel cet architecte anglophone rêvant d’un hall de rencontre de toutes les religions, sagesses et philosophies, au lieu d’une église. Malgré toutes les interrogations de notre époque, il faut saluer la poursuite de la construction de cette église. Certains choix sont à juste titre discutés, comme des sculptures de Christ nu pour un portail, mais globalement le projet de Gaudi reste respecté, et se poursuit encore aujourd’hui une œuvre fascinante.
 
Le film n’ennuie jamais. Il sait varier les angles d’approche, physiquement, ou des intervenants, d’un monument d’une beauté particulière mais réelle. Le spectateur suit une aventure unique, à la fois ancienne et encore d’actualité. Un beau film à voir.
 
 
Hector Jovien